La Presse Pontissalienne 129 - Juillet 2010

LA PAGE DU FRONTALIER

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La Presse Pontissalienne n° 129 - Juillet 2010

ENSEIGNEMENT École le mercredi matin

Les écoliers suisses ne sont pas au même régime

Contrairement à la centralisation française, le fédéralisme laisse beaucoup de liberté aux cantons et aux communes dans l’organisation du temps scolaire.

L a France comme la Suis- se n’ont pas encore adop- té lemodèle scolaire alle- mand qui concentre les enseignements fondamentaux lematin et libère les après-midi pour les activités sportives et culturelles. Sur ce point, pas de différence notable. Les écoliers suisses ont seule- ment six semaines de vacances en été contre huit en France. Sur le canton de Neuchâtel, l’année scolaire qui s’étendd’août àaoût intègre 39 semaines d’école et 13 semaines de vacances. “Le système français est très centra- lisé comparé à son homologue suisse qui laisse encore beaucoup d’autonomie communale dans l’organisation. Un enseignant suisse est recruté directement par la commune. S’il change de commune, il perd ses avantages et repart de zéro.Une vision plus centralisée favoriserait davan- tage la mobilité des enseignants qui hésitent à se déplacer” , obser- ve Pascal Cosandier, l’adjoint au chef du service de l’enseignement obligatoire au canton de Neu- châtel. Mais les choses commencent aus- si à évoluer chez nos voisins. En mai 2006,le peuple suisse aaccep- té à une très large majorité la révision des articles constitu- tionnels sur l’éducation. Le can- tondeNeuchâtel aadopté l’accord Harmos qui découlait de cette votation en juin 2008. “C’est une petite révolution. Cet accord vise à harmoniser un certain nombre de pratiques au niveau fédéral.” Le premier projet qui rentrera en vigueur à la rentrée 2011 va rendre l’école obligatoire à par- tir de 4 ans. Actuellement, les parents ont lapossibilité d’inscrire leurs enfants à 4 ou 5 ans. La conséquence de ce rajeunisse- ment se traduira par l’ouverture de 27 nouvelles classes enfan- tines (maternelles) sur le canton

de Neuchâtel. La durée de la scolarité obliga- toire sera partout de 11 années. “Ce sera infiniment plus facile de déménager d’un canton à l’autre grâce àHarmos.” L’accord stipule l’apprentissage d’une seconde langue à partir

Harmoniser un certain nombre de pratiques.

de 8 ans. Une séance hebdoma- daire de 45 minutes la premiè- re année et 2 séances pour les enfants de 9 et 10 ans. “La pre- mière langue enseignée doit être une langue de proximité, en l’occurrence l’allemand pour les cantons romands.” Le concordat Harmos rabaissera aussi à 10 ans contre 12 ans aujourd’hui l’initiation à une seconde langue étrangère. L’aménagement du temps sco- laire est géré à part. Ce qui n’empêche pas qu’il fasse aussi l’objet de changement. “On s’oriente vers l’adoption des horaires blocs qui permettrait une ouverture commune des classes enfantines et primaires. Ces mesures vont dans le sens d’une simplification des horaires familiaux d’autant plus que les écoles rurales pâtissent d’un manque de structures d’accueil parascolaires.” Les écoliers du canton de Neu- châtel ne vont plus à l’école le samedi matin depuis des lustres. Par contre, ils travaillent lemer- credi matin. Harmos intégrera aussi une spécificité romande, à savoir l’équité des moyens d’enseignement. “On pourra ain- si appliquer le plan d’étude romand qui définira des objec- tifs pédagogiques identiques sur tous les cantons” termine le spé- cialiste. F.C.

Les petits écoliers suisses n’ont que six semaines de vacances l’été et ils travaillent le mercredi matin.

DÉBAT Le 3 juin dernier au Club-44 Est-ce Allègre le nul, ou les autres ? En conférence à La Chaux-de-Fonds le 3 juin, le scientifique a continué sa croi- sade anti-écolo. Selon lui, il ne faut pas se soucier du climat mais de la faim dans le monde en donnant la pilule aux femmes musulmanes. Bizarre… C laude Allègre est un scienti- fique reconnu. Pour le coup, on se demande où est passé le sens de la rationalisation de Allègre qui a tenu en haleine durant deux heures un large auditoire com- posé de chefs d’entreprise, cadres, éco- logistes… entre nord et sud.” Nous l’avons inter- rogé en fin de conférence sur la rai- son qui l’a poussé à refuser le débat avec un mathématicien sur la chaîne de télévision Arte : “C’est un nul, ça fait 15 ans que je le connais, je n’avais pas envie de parler avec lui.”

l’ancien ministre de l’Éducation natio- nale ! En bon scientifique qu’il est, l’ex-géophysicien devrait pouvoir prou- ver par A + B comment il arrive à dire que les études sur le réchauffement climatique, menées par le G.I.E.C. (groupement d’experts intergouver- nemental sur l’évolution du climat) sont “débiles.” Or, à la fin de son expo- sé auquel nous avons assisté début juin lors d’une conférence donnée au Club-44 à La Chaux-de-Fonds, Clau- de Allègre ne résout aucune équation sinon d’affirmer - toujours seul contre tous - que les écolos sont des “hurlu- berlus” œuvrant pour “la destruction

Attendu sur le thème de l’écologie après la sortie de son livre “L’Imposture climatique : Ou La fausse écologie”, il a vite changé de sujet. “Je suis cho- qué, heurté par le fait qu’on crée la panique sur la planète à partir de modèles informatiques dépourvus de toute fiabilité sur le climat. On n’arrive pas à prévoir la météo à 4 jours, com- ment prétendre la prévoir dans 10 ans ?” s’interroge-t-il d’une voix for- te. Personne à La Chaux-de-Fonds ne le coupe. “Il faut se méfier de l’idée selon laquelle la règle de la majorité est bon- ne” insiste-t-il. Sans doute a-t-il rai- sonmais l’homme s’emporte lorsqu’une jeune femme - vraisemblablement éco- logiste - lui lance que ses propos sont “simplistes” , ses positions “aberrantes, notamment sur l’utilisation de la voi- ture” (qu’Allègre défend). Le géophy- sicien sort de ses gonds : “Vous les éco- logistes, vous n’avez rien inventé (énervé). La voiture est un élément de liberté. Si vous voulez marcher à pied, allez-y ! Il faut penser croissance et non décroissance sinon on va droit dans le mur.” Encore une fois, Allègre vire dans le flou, voire dans le pathé- tique lorsqu’il évoque la démographie, futur grand problème des années à venir. “Il faut apprendre à lire et écri- re aux femmes musulmanes pour que celles-ci prennent la pilule, qu’elles fassent moins d’enfants, qu’elles tra- vaillent” poursuit l’ex-ministre. L’eau ? “Son manque va accroître les tensions

Allègre a bien signé quelques auto- graphes sans avoir convaincu l’ensemble de l’auditoire. Une note à adresser à l’ancien ministre de l’Éducation : médiocre. Finalement, on arrive à se demander qui est le nul : les autres ou bien Allègre ? E.Ch.

de notre monde” , que Nicolas Hulot est “un imbécile” , qu’Al Gore “se fout de la gueule du monde” et que le G.I.E.C. “est un sys- tème mafieux.” Pire, il nous donne des chiffres approxima- tifs laissant sur notre faim… La faim justement, “c’est le problème que doit résoudre l’homme en favorisant le déve- loppement des O.G.M. Si l’Europe refuse l’O.G.M., les nano- technologies, le nucléaire, alors on retournera aux cavernes !” , prétend

“Il faut penser croissance et non décroissance.”

Invité par le Club-44 de La Chaux- de-Fonds pour donner une conférence sur le climat, l’ex-ministre a de nouveau jeté un pavé dans la mare. Il a divisé l’assistance.

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