La Presse Pontissalienne 129 - Juillet 2010

ÉCONOMIE

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La Presse Pontissalienne n° 129 - Juillet 2010

ORNANS

9 millions d’euros dans le musée Et si le musée Courbet perdait la moitié de ses tableaux ?

À un moment où il investit 9 millions d’euros dans le musée Courbet, le Conseil général du Doubs veut que l’Institut Courbet laisse à résidence une partie des tableaux dont il est propriétaires. Désaccord en vue.

prochaines semaines. À la demande du Conseil général, la C.R.C. a contrô- lé l’Institut Courbet grassement sub- ventionné par le Département (jus- qu’à 400 000 euros par an). Le document en préparation pourrait fournir des arguments de premier choix à Claude Jeannerot pour négocier la future convention de mise à disposition des œuvres. Le président a d’ailleurs déci- dé de suspendre le versement des sub- ventions à l’Institut tant que la Chambre des Comptes n’a pas rendu ses conclusions. Si l’Institut Courbet s’est constitué le patrimoine pictural dont il dispose, c’est aussi grâce à l’aide financière de la collectivité. À ce seul titre, il n’est pas improbable que le Département exige que le musée puisse jouir com- me il l’entend d’au moins une partie des œuvres qui appartiennent à l’Institut Courbet. T.C.

sommes là pour défendre l’aura de Courbet et le développement de l’art. Quand je fais une exposition à Barce- lone ou à Saint-Domingue, elle contri- bue aussi à la notoriété du musée Cour- bet d’Ornans. Une fois encore, je suis d’accord pour que nous prêtions des œuvres, mais je suis opposé à ce que nous les laissions en dépôt” ajoute M. Fernier. La position que semble prendre l’Institut Courbet indigne Jean-Louis Simon qui a pris ses distances vis-à-vis de cet organisme suite au contentieux judi- ciaire qui l’a opposé à lui et qui lui a pourtant donné raison. “Cette position fragilise le musée Courbet d’Ornans qui ne va peut-être fonctionner qu’avec la moitié des œuvres” déclare celui qui est aussi président du comité d’éthique. Un élément pourrait mettre tout le monde d’accord : il s’agit du rapport de la Chambre régionale des Comptes qui devrait être rendu public dans les

L es travaux se poursuivent.Dans un an, le nouveau musée Cour- bet ouvrira ses portes à Ornans. Mais alors combien de tableaux signés du maître seront accrochés au mur de ce prestigieux écrin culturel de 9millions d’euros dédié au peintre, réa- lisé par le Conseil général du Doubs ? A priori , elles devraient toutes être là, les 53 toiles de Gustave Courbet, visibles actuellement pour une partie d’entre elles à la Saline Royale d’Arc-et-Senans dans le cadre de l’exposition “Courbet, Proudhon l’art et le peuple”. Le Dépar- tement est propriétaire de 25 tableaux, l’Institut Courbet en possède autant, la Ville d’Ornans en a deux dont “le Château de Chillon”, une œuvre majeu- re, tandis que la commune de Saules en détient un.

Cette position gêne le Conseil général qui a fait de Courbet un élément majeur de sa politique culturelle. Or, unmusée Courbet, coûteux, dans lequel il man- querait lamoitié des tableaux dumaître, au motif que ceux-ci voyagent d’une exposition à l’autre pourrait bien fai- re grincer des dents les contribuables du Doubs. “Il y a quatre ans, nous avons fait une exposition au Japon qui a duré cinq mois. Tous les jours, nous faisions face à des critiques du public qui s’étonnait du peu d’œuvres présentées à Ornans” prévient Jean-Louis Simon, secrétaire de l’Institut Courbet, démis de ses fonctions de façon cavalière, réhabilité à ce poste par décision de justice, qui vient de créer l’association “Chez Courbet”. Pour donner au musée Courbet sa consistance et par là même se mettre à l’abri de critiques éventuelles, Clau- de Jeannerot, le président du Conseil général souhaite qu’une convention de mise à disposition desœuvres soit signée entre la collectivité et l’Institut. “Cela me semble impératif par rapport à l’esprit du projet. Je serais attaché à ce que les 10 œuvres majeures que possè- de l’Institut soient mises en toute prio- rité à disposition du musée, et ne puis- sent pas faire l’objet d’une quelconque autre utilisation. Je suis certain que l’Institut fera cet effort” estime Claude Jeannerot. Jean-Jacques Fernier, le vice-président

de l’Institut Courbet,marque un temps de réticence à cette idée. “Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas de terrain d’entente avec le Conseil général. Tout cela doit être défini et se faire dans une politique d’amitié au bénéfice de l’art en Franche-Comté” dit-il d’emblée. Un accord, oui,mais pas à n’importe quelles conditions. “Chacun doit rester dans ses obligations. Il est normal que nous prêtions des œuvres, mais nous ne les laisserons pas en dépôt.” Au-delà de la nuance sémantique, il semblerait que le dépôt implique une notion de durée importante pendant laquelle l’Institut ne pourrait pas jouir pleinement de l’utilisation des œuvres de Courbet. “Moi je milite pour une chose : nous

Si le public est d’ores et déjà assuré de découvrir les toiles qui appartien- nent au Conseil général lorsqu’il se rendra au musée, la présence des tableaux que possède l’Institut Courbet risque d’être plus aléatoire. Cet organisme créé pour ani- mer le musée a bien l’intention de continuer à faire tourner ses œuvres à travers lemon- de quand bon lui semble au gré des sollicitations.

“Cette position fragilise le musée Courbet.”

Le musée départe- mental Courbet ouvrira ses portes dans un an.

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