La Presse Pontissalienne 128 - Juin 2010

DOSSIER DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 128 - Juin 2010

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PONTARLIER Un héritage empoisonné

Jusqu’à 8 millions d’euros pour la décharge des Étraches Voilà la somme qu’il faudrait débourser pour extraire tous les déchets de l’ancienne décharge industrielle des Étraches. Mais le potentiel polluant du site ne justifierait pas un tel investissement. D’autres solutions, moins coûteuses, sont possibles.

L es résultats de l’étude préa- lable à la réhabilitation de l’ancienne décharge indus- trielle des Étraches ont été annoncés le 27mai au conseil de la Communauté de Communes du Larmont. Rien d’alarmant même si la réhabilitation s’impose ne serait-ce que par principe de précaution.Tout est parti de Pas- cal Pourchet l’agriculteur exploi- tant les terrains au pied de l’ancienne décharge. Constatant que ses quinze bêtes mises en pâture à cet endroit l’an dernier tombaient “mystérieusement” malades (deux d’entre elles sont mortes),il fait procéder à des ana- lyses par un laboratoire suisse. Les résultats révèlent entre autre

te situé entre la route des Alliés et le ruisseau des Entreportes. L’inventaire du contenu révèle la présence de ferrailles en tout genre, briques, bois, verre, plas- tiques, débris végétaux… Des odeurs d’hydrocarbures sont éga- lement ressenties lors des fouilles. L’analyse des jus et des eaux sou- terraines indique un impact prin- cipalement en hydrocarbures totaux, solvants chlorés et H.A.P. (hydrocarbures aromatiques poly- cycliques). Depuis l’utilisation des énergies fossiles, les H.A.P. proviennent surtout des émis- sions domestiques et industrielles. Le ruisseau qui passe en contre- bas du talus ne semble pas impac- té. Des traces de cadmiumen très

“des traces d’arsenic, de mercure et de plomb” dixit Pascal Pour- chet. Il interpelle aussitôt laC.C.L. sur le problème. La décision est prise de lancer une étude sur l’ancienne déchar- ge industrielle utilisée de 1961 à 1973 à l’échelle du bassin pon- tissalien. L’agence Tauw a été retenue pour réaliser ce travail. La mission comprenait deux points essentiels. D’abord savoir ce que représente cette déchar- ge pour en évaluer ensuite son potentiel polluant grâce à des sondages, analyses des jus, des eaux souterraines et superfi- cielles. 72 000m 3 de déchets sont entre- posés sur un talus en forte pen-

faible concentration et de H.A.P. ont été relevées.Les fouilles effec- tuées en bordure du ruisseau ont permis de vérifier que la nappe alluvialene baignepas les déchets. En période de crue, les eaux peu- vent déborder du ruisseau sur le pied de la décharge. “Il n’y a pas de gaz souligne Patrick Genre, président de la C.C.L. Cette décharge présente un potentiel polluant réel. Sa configuration est complexe à gérer à cause de la pente.” Plusieurs scénarios de réhabilitation sont possibles. L’évacuation complète revien- drait à 8 millions d’euros. “Cette solution ultime ne semble pas opportune.” Le cabinet d’étude préconise plusieurs interventions comme élargir l’espace entre le ruisseau et la base du talus de déchets. L’autre solution consis- terait àmettre en place une cou- verture adaptée et imperméable par géomembrane complétée par un système de drainage des eaux de ruissellement et d’une couche de terre végétale. Pour que cet- te enveloppe tienne, il faudra adoucir la pente des talus. Le

les analyses en instaurant notam- ment un suivi des eaux souter- raines et de surface. Des ana- lyses de terre sont également envisagées pour affiner le dia- gnostic. L’opération fera l’objet d’une nouvelle soumission. F.C.

coût approximatif varierait entre 500 000 et 1million d’euros, avec des possibilités de subvention de l’Ademe et du Conseil général. “Il n’y a pas de danger immédiat même s’il y a urgence à trouver des solutions.” Le président de la C.C.L. souhaite pousser plus loin

Commentaire Pascal Pourchet

toujours dans l’expectative A près avoir pris connaissance des résultats de lʼétude, lʼagriculteur reconnaît que tout a été fait logiquement dans une approche de prévention de la santé publique. “Lʼétude portait sur lʼimpact possible sur le ruisseau et la nappe phréatique. Je suis dʼaccord sur le fait quʼil nʼy ait pas de danger immédiat lié à lʼeau. Mais rien nʼa été analysé sur les terres et lʼherbe qui comprenaient de lʼarsenic et du mer- cure dʼaprès les études que jʼavais demandés à un labora- toire suisse” sʼétonne-t-il. Le propriétaire du terrain au pied de la décharge nʼest donc pas plus rassuré quʼauparavant. Refusant de remettre des bêtes en pâture tant quʼil ne saura pas de quoi il en retourne, il a sollicité la C.C.L. pour obtenir des compensations. “À défaut dʼavoir pu échanger des terres, la C.C.L. mʼa proposé de mettre mes bêtes en pension. Jʼai accepté sous réserve de conserver les primes. Je nʼai toujours pas de réponse” poursuit Pascal Pourchet qui a trouvé lui-même lʼautre agriculteur acceptant de lui prendre quin- ze bêtes. Aujourdʼhui, celui qui est à lʼorigine de toute lʼaffaire se sent oublié. Un peu comme cette décharge qui nʼa peut-être pas fini de lui empoisonner lʼexistence.

Recouverte en partie par la végétation, l’ancienne décharge industrielle représente un volume de 72 000 m3 de déchets.

PROJET

Station d’épuration de Doubs Bientôt un bâtiment pour stocker les boues nauséabondes La communauté de communes du Larmont est en passe d’arrêter le choix yd’un site où elle construira un bâtiment pour stocker les boues de la station d’épuration avant de les épandre. Sûr, il sera éloigné des habitations.

L es trois serres sont toujours en place. Faute d’avoir pu les vendre, la communauté de communes du Larmont les utilise pour stocker du matériel au moins provisoirement. La collectivité conserve donc ces bâti- ments vitrés prévus initialement pour sécher les boues de la station d’épuration de Doubs avant leur évacuation. Un procédé efficace qui a nécessité un investissement de 927 000 euros mais qui n’aura fonctionné que neuf mois, de janvier à septembre 2005. Les serres ont été stoppées tant les odeurs pes- tilentielles qui s’en dégageaient étaient devenues insupportables pour les habi- tants de Doubs qui vivent à proximi- té de la station. À cause de la gêne occasionnée, la com- munauté de communes du Larmont a fait machine arrière sur ce procédé. Elle a même obtenu 700 000 euros de dédommagement de la part de l’entreprise France Assainissement qui est actuellement mise en cause pour les mêmes raisons d’odeurs fétides

à Saint-Vit. Faute de pouvoir stocker les boues sur place, elles sont évacuées quotidiennement pour être compos- tées pour moitié sur deux sites implan- tés à proximité de Dijon et Vesoul. Le reste est épandu d’août à octobre sur le plateau de Saône (1 219 hectares autorisés). La station d’épuration de Doubs qui collecte les eaux usées de son terri-

cole qui coûte 20 euros la tonne plu- tôt que du compostage” dit-on à la com- munauté de communes. En théorie, la C.L.L. est autorisée à épandre la totalité des rejets de la station de Doubs. Mais pour cela, il faut qu’elle se dote d’un nouveau lieu de stocka- ge des boues sur son territoire. “Le lieu sera défini dans l’année. Un cabi- net d’étude travaille actuellement sur le sujet” explique Gilles Jeannin, direc- teur général des services. Pas ques- tion dans l’immédiat de dévoiler l’endroit où pourrait être construit le futur bâtiment “agricole” qui accueille- rait les rejets puants. Ce qui est sûr, c’est qu’après avoir été échaudée une première fois, la communauté de com- munes du Larmont ne l’installera pas à proximité des habitations. La commission de protection des eaux est toujours réservée sur le choix des collectivités d’épandre les boues des stations urbaines. “Ces boues contien- nent des éléments plus oumoins toxiques issus des industries. Ils peuvent inter-

toire génère chaque année 4 500 tonnes de boues. 14millions d’euros ont été investis dans cet- te infrastructure conçue pour 60 000 équivalents habitants. La C.C.L. ne veut pas rester sur l’échec des serres. Car l’évacuation des boues vers les aires de compostage lui coûte cher : 75 euros la tonne. “Aujourd’hui, nous avons tout intérêt à aller vers de la valorisation agri-

La communauté de communes du Larmont a perçu 700 000 euros de dédommagement pour ces serres.

“Le lieu sera défini dans l’année.”

père la C.P.E. L’équipement de Doubs serait perfor- mant. “Nous avons des analyses quo- tidiennes et nous sommes alertés immé- diatement en cas de pollution” note Gilles Jeannin. Son impact serait limi- té sur l’environnement, sachant que, quelle que soit la station, elle ne rejet- te jamais de l’eau claire dans la natu- re. T.C.

férer entre eux, devenant ainsi encore plus dangereux pour les êtres vivants et les consommateurs à travers la chaî- ne alimentaire. Il n’existe aucune preu- ve formelle de la totale innocuité des éléments ainsi disséminés dans les sols exploités par l’agriculture” rappelle cet organisme de défense de l’environnement. Cependant, chaque cas est particulier, “tout dépend de la qualité des contrôles de la station” tem-

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