La Presse Pontissalienne 128 - Juin 2010

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 128 - Juin 2010 POLLUTION : la face cachée du Haut-Doubs 15

En vingt ans, il faut le reconnaître, beaucoup de choses se sont améliorées. Les décharges sauvages sont en voie d’extinction, les anciennes décharges publiques à ciel ouvert ont été réhabilitées, nettoyées ou sont en passe de l’être. L’investissement des collectivités dans des réseaux d’assainissement performants porte ses fruits. Tout cela va dans le bon sens.Pourtant, il reste encore dans le Haut-Doubs un certain nombre de poches de pollution qui ne sont pas résorbées. C’est le cas par exemple du tunnel de Jougne où sont stockés des déchets, du gouffre de Jardel au fond duquel se décomposent du matériel militaire, du collecteur d’eaux usées du lac Saint-Point qui sature dès qu’il pleut un peu fort. La pollution de la Loue, dont le Haut-Doubs est un important bassin-versant, interpelle aussi sur l’état de santé environnemental de ce territoire pas aussi vert que cela. À propos du Haut-Doubs Du manque de civisme à la pollution des cours d’eau CONSTAT

Des bords de routes qui sont de vrais dépotoirs, une rivière, le Doubs, dont la qualité de l’eau ne vaut pas beaucoup mieux que celle de la Loue, la ligne jaune est franchie. Il y a urgence à agir.

Président de la Commission de Protection des Eaux, Michel Lassus estime qu’une prise de conscience s’opère en faveur de l’environnement. Mais il faut aller plus loin.

Ajoutons à la liste les sacs poubelle, les mégots de cigarette, les papiers, les bouteilles en plastique, des ferrailles… Allez hop, à la nature, ce sera pour le nettoyage de printemps ! Il ne s’agit pas de culpabiliser les fautifs, mais de faire appel à la responsabilité de cha- cun. “Parfois, j’ai l’impression que l’on fait un pas en avant et deux en arrière” estime Michel Lassus, président de la Commission de Protection des Eaux

nombreux dossiers pour demander par exemple l’enlèvement des déchets dans le tunnel de Jougne. “Sur ce sujet en particulier, il nous a fallus des années de procès et d’énergie pour faire avan- cer les choses. La situation devrait enfin se résoudre.” (voir plis loin). L’association ne lâche rien si la cause en vaut la pei- ne. Elle a aussi dans son collimateur les agriculteurs qui ne respectent pas tou- jours selon elle les périodes d’épandage, et le développement des porcheries qu’elle suit de près. “Franchement, sur beaucoup d’affaires, si nous n’avions jamais mis les pieds dans le plat, bien des situations resteraient inchangées et tout cela avec la bénédiction du pou- voir” poursuit Michel Lassus qui se félicite au passage que Patrick Genre, le maire de Pontarlier, décide de

résoudre le problème de la décharge des Étraches. Les élus ne sont plus indifférents aux questions environnementales, en tout cas de moins en moins. “Il y a une pri- se en compte des problèmes. Cela va dans le bon sens. Mais les collectivités ont souvent d’autres priorités” regret- te le président de la C.P.E. Il arrive parfois que l’obligation d’agir s’impose par la force des choses comme c’est le cas en ce moment dans la Loue. “Qu’il s’agisse de cette rivière, du Doubs ou du Dessoubre, nos cours d’eau sont dans un sale état.” Des poissons qui meurent, qui devien- nent impropres à la consommation, la ligne jaune est-elle franchie ? En tout cas le signal d’alarme est tiré. Il est temps d’agir à tous les niveaux. T.C.

L e Haut-Doubs est-il pollué ? “Oui” diront certains, “non” répondront d’autres, “en tout cas pas plus qu’une autre région.” Finalement, la pollu- tion est laissée à l’appréciation de cha- cun en fonction de sa sensibilité à l’environnement et de sa culture. Jus- qu’au début des années quatre-vingt, personne ne s’offusquait d’aller jeter ses poubelles domestiques dans les décharges à ciel ouvert. Des pratiques impensables aujourd’hui. Preuve que les choses évoluent lentement, mais la pollution n’a pas disparu pour autant. Ce mot qualifie tout. L’automobiliste négligeant qui balance sans gène son paquet de cigarettes vide par la fenêtre

pour éviter qu’il n’encombre plus long- temps l’habitacle de sa voiture est une forme de pollution. L’eau des rivières qui se dégrade dangereusement com- me c’est le cas de la Loue en est une autre. Elle est plus grave encore et plus sournoise, car moins visible. Mais ses effets sont dévastateurs sur l’écosystème. Parce qu’il y a toujours pire, la tenta- tion est forte de relativiser la portée sur l’environnement de petits actes d’incivisme comme jeter des cannettes de bières dans les parcs publics par flemme de les porter au conteneur à verre, ou de se débarrasser un peu vite dans un fossé de l’emballage du plat à emporter qu’on vient d’engloutir.

dont le siège est à Besançon. Cette asso- ciation est un peu le gendarme de l’environnement. Les collectivités et des pol- lueurs la redoutent car elle dégaine dès qu’elle estime qu’il y a attein- te à l’environnement. Dans le Haut-Doubs, la Commission de Pro- tection des Eaux est intervenue sur de

“Un pas en avant et deux en arrière.”

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