La Presse Pontissalienne 125 - Mars 2010

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 125 - Mars 2010

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MONTPERREUX Gare aux conséquences Yves Fouquart, l’homme qui vous réchauffe l’atmosphère Ce scientifique spécialiste du réchauffement climatique vit depuis cinq ans à Montperreux. L’occasion de faire le point sur un sujet “brûlant” d’actualité.

Le spécialiste du échauffement climatique apprécie tout particulière- ment les ambiances enneigées du Haut-Doubs. Pour combien

de temps encore ?

constate Yves Fouquart qui n’éprouve aucun mal du pays. Physicien de formation, il a par- ticipé après sa thèse à une confé- rence internationale sur le cli- mat en 1975. Un véritable déclic. “J’ai tout de suite pris conscien- ce que le sujet était d’une impor- tance sociétale capitale. On obser- vait déjà à cette époque des signes à travers les premières courbes présentant l’évolution de la concentration du gaz carbonique dans l’atmosphère loin de tou- te source de pollution. Ce phé- nomène d’effet de serre ne ferait qu’augmenter le réchauffement de la planète. C’est comme si on ajoutait un pull de plus autour de la planète. Face à cette situa- tion, très peu de changements concrets ont été constatés, si ce n’est la prise de conscience de la population” pense le scienti-

fique. Le réchauffement climatique suit toujours la même progres- sion, pas forcément de façon linéaire mais fluctue dans une tendance ascendante. “Voilà pourquoi j’ai bossé toute ma car- rière sur ces problématiques et je reconnais que j’ai pris mon pied.” Parallèle- ment à

re. “C’est sûr qu’il fera nettement plus chaud qu’aujourd’hui. On évoque l’hypothèse probable d’une augmentation globale de 3 °C de la température à l’échelle de laTerre. C’est l’équivalent inver- se d’une glaciation.” Le réchauf- fement est inéluctable. Tout l’enjeu consiste à savoir com- ment s’y préparer et gérer les conséquences. “La finalité du sommet de Copenhague visait à inciter au ralentissement de la consommation énergétique pour nous laisser du temps d’adaptation. Il faudra gérer à l’échelle planétaire de vastes flux migratoires, préserver les res- sources d’eau potable, lutter contre l’appauvrissement des sols. Le vrai enjeu est géopoli- tique” affirme-t-il. F.C.

dant 6 ans à ce comité. Puis on m’a sollicité au G.I.E.C. pour rédiger un rapport sur les aéro- sols. Il s’agissait de synthétiser l’état de la recherche sur ce thè- me.” Fondé en 1988, le G.I.E.C. mobilise un groupe d’experts intergouvernemental qui tra- vaille sur l’évolution du climat et qui a pour mission d’évaluer scientifiquement et objective- ment les risques liés aux chan- gements climatiques d’origine humaine. “Les conclusions du G.I.E.C. ne plaisent pas du tout au monde ultralibéral. Person- ne ne peut aujourd’hui contes- ter l’évolution climatique qui se poursuivra jusqu’à l’épuisement des ressources de charbon et de pétrole.” Impossible de savoir avec pré- cision quand et comment les changements vont se produi-

O riginaire de Lille où il a effectué toute sa carrière à l’Université des Sciences et Technologies, Yves Fouquart a toujours pratiqué les sports de montagne : ski, randonnée, alpinisme. Passion à l’origine de nombreux séjours dans les Alpes et à l’étranger. “Pour nos 20 ans de mariage, on s’était offert mon épouse et moi un voyage en Laponie” dit-il. Attiré par les paysages nordiques, le couple décide ensuite d’effectuer la Grande Traversée du Jura à skis. L’expérience se prolonge- ra par d’autres vacances hiver- nales dans le Haut-Jura. Pous- sés par la curiosité, Yves Fouquart et son épouse déci-

dent un beau jour de visiter la vallée de Joux et poursuivent leur périple jusqu’à Mouthe et Malbuisson. “On est tombé sous le charme. La neige, la proximité des Alpes, la mentalité des habi- tants du Haut-Doubs corres- pondent assez bien à notre façon de vivre, à nos loisirs.” L’ancien professeur d’université appré- cie par exemple l’esprit sympa- thique qui règne autour du ski de fond, loin de l’anonymat des grandes stations alpines. À l’heure de la retraite, le couple choisit de s’établir sur les hau- teurs de Montperreux avec vue imprenable sur le lac. “À Lille, les hivers sont plutôt ternes. Ici, on en prend plein les yeux” ,

Le vrai enjeu est géopolitique.

l’enseignement, Yves Fouquart s’est beaucoup impliqué dans les activités internationales. En 1985, il entre au comité scien- tifique du pro- grammemondial de recherche sur le climat. “J’ai participé pen-

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