La Presse Pontissalienne 125 - Mars 2010

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LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 125 - Mars 2010

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COÛT DU TRAVAIL Perte de compétitivité La Suisse, nouveau pays low-cost ? Les pays low-cost sont les pays à bas coût de production. On parle souvent de la Tunisie, de la Chine ou de l’Inde. On soupçonnerait moins nos voisins suisses. Et pourtant… Calcul.

A vec la mondialisation, les entreprises industrielles françaises sont de plus en plus confrontées à une concurren- ce venue d’ailleurs, due notamment au coût particulièrement bas de la main-d’œuvre installée dans des pays lointains. On parle souvent des pays du Maghreb, Tunisie en tête, des pays de l’Est comme la Pologne et bien sûr des nouveaux géants asiatiques que

sont l’Inde ou plus encore la Chine. Là-bas, les salaires y sont largement inférieurs. En France, le coût horaire du travail s’élève à 22 euros par salarié. Alors que le même travail fait par un ouvrier polonais coûtera à l’entreprise 6 euros, au Maroc 4,50 euros et en Chine 2 euros à peine. Dix fois moins qu’en France… Impos- sible de lutter. Pour les industriels francs-comtois, et notam-

ment les entreprises de la filière horlogère, ces pays à bas coût de main-d’œuvre ne sont pas les seuls concurrents. Un autre pays compétitif, beaucoup plus proche, est devenu un vrai concur- rent sur le plan du coût horaire de travail et ce, malgré des salaires plus élevés qu’en France : la Suisse. Le Groupement Français des Indus- tries Transformatrices des métaux en Feuilles (G.I.M.E.F.) a réalisé une étude sur la question. “En plus de la concurrence chinoise qui en hor- logerie comme dans d’autres domaines a récu- péré l’ensemble du marché des composants hor- logers et des montres de moins de 1 000 euros, nous avons perdu près de 30 % de notre compé- titivité par rapport à nos voisins et collègues suisses” indique cette étude, que des industriels ont remises à Xavier Bertrand lors de son pas- sage dans notre région le 4 février dernier. La faute à qui selon ce groupement d’industriels présidé par le Bisontin Olivier Bourgeois ? Aux charges. Ils ont sorti leurs calculettes. Le différentiel Suisse-France concernant les charges patronales et de 17 à 18 % du salaire brut (assurance, prévoyance, retraite de base, chômage, invalidité…). Sur les charges salariales, le différentiel est de 15 %. Pour appuyer son rai- sonnement, le G.I.M.E.F. prend deux exemples concrets : celui d’un salaire brut suisse à 65 000 euros annuels et le même salaire en Fran- ce. Côté suisse, le coût global de ce salaire pour l’entreprise sera de 76 500 euros et le salaire net

perçu par le travailleur de 55 000 euros. Pour le même salaire brut en France, le coût global pour l’entreprise sera de 90 000 euros et le salaire net perçu par le travailleur de 51 350 euros… “Une heure de travail en Suisse est moins chère qu’une heure de travail en France de près de 15 %” résu- me le groupement. À l’appui de leur constat, les industriels énu- mèrent quelques mesures prises en Suisse pen- dant la période de crise pour aider les entre- prises helvètes : période de chômage prolongée de 12 mois en plus des 12 mois précédents, pas de paiement des impôts en 2008 avec possibili- té de repousser le règlement à l’année suivan- te, règlement du chômage partiel à 100 % effec- tué le 15 du mois suivant à l’entreprise, ou encore règlement du chômage plein à 80 % fait direc- tement au personnel via la cais- se de chômage.

Une heure de travail en Suisse coûte à l’entreprise 15 % de moins qu’en France !

“Nous avons perdu près de 30 % de notre compétitivité.”

Le G.I.M.E.F. déplore que de telles mesures n’aient pas été adoptées en France pour sou- tenir les entreprises en ces temps particulièrement diffi- ciles, période que la mondiali- sation des échanges rend enco- re plus compliquée pour l’industrie française. J.-F.H.

IMMOBILIER Tendance L’immobilier pontissalien

n’attire par nos voisins

O n savait les Suisses intéressés à l’idée d’investir dans une rési- dence secondaire en France. On les savait en revanche moins friands à l’idée de poser définitivement leurs valises de ce côté de la frontière. Notre voisin est du genre chauvin mais lors- qu’il s’agit de son porte-monnaie, il réfléchirait à deux fois. Exemple àMor- teau où des habitants de La Chaux- de-Fonds ou du Locle ont acheté des appartements neufs pour réduire de 40 % leurs impôts. Les voilà devenus… Français. Phénomène marginal et nouveau, il fait le “buzz” depuis qu’un courtier en immobilier mortuacien a passé début janvier une publicité dans le quotidien suisse “L’Impartial” vantant les inté- rêts de changer de pays. Texte de l’annonce : “Devenez propriétaire sans apport, à Morteau ! À 12 kilomètres de La Chaux-de-Fonds, économisez 40 % sur votre taxation fiscale ! Économisez votre loyer + 40 % sur la taxation fiscale + une meilleure couverture san- té = votre mensualité de prêt. Payez votre appartement sur 20 ans.” La publicité attire mais franchir le pas (ou la frontière) demeure délicat. Le pari semble fonctionner à en croire le courtier puisque sur 16 appartements neufs mis en vente, dix auraient trou- vé preneurs. L’herbe serait-elle plus verte chez le voisin ? “Oui” , annonce

L’évasion fiscale n’est pas un mal français. Des Suisses du canton de Neuchâtel ont choisi d’emménager à Morteau pour réduire de 40 % leurs impôts. Rien de tel à Pontarlier. Pourquoi ? La réaction d’un agent immobilier pontissalien Pierre Meunier : “Une publicité mensongère”

Dans le bassin de Pontarlier, nos voisins suisses investissent peu dans l’immobilier.

Michel Cretin, qui travaille pour l’agence de promotion immobilière “Prévoir et Investir”. Depuis 2006, le nombre de Suisses, actifs et retraités, n’a cessé d’augmenter dans le Doubs. Le consulat suisse y compte 12 034 immatriculés aujour- d’hui (inclus les binationaux) contre 2 315 en 1999 et 2 470 en 2006. Le courtier français espère limiter les effets de la crise en accrochant une nou- velle clientèle. Voilà une arrivée qui ne devrait pas faire chuter le prix de l’immobilier dans le secteur qui a aug- menté de 9 % en six ans ! Pontarlier n’est pas - encore - touché pas ce micro- phénomène. Première raison : quasi- ment pas de publicité pour vanter les mérites de la capitale du Haut-Doubs. Deuxième point : seuls les Suisses du canton de Neuchâtel auraient à y gagner. Troisième point : aucun investisseur pontissalien ne propose le service après- vente duMortuacien (financement, aide

dans les papiers admi- nistratifs…). Qua- trième point : les agents immobiliers français se sont ren- du compte que les dif- ficultés administra- tives combinées à la frilosité de changer de pays ne permettaient pas de conclure les affaires. Trop de réti- cences, trop de peur, en somme. Bref, ce n’est pas l’arrivée des Suisses

R esponsable depuis 1972 de lʼagence immobilière “Meunier Immobilier” située à Pontarlier, Pierre Meunier se montre pragma- tique face à la portée de cette publi- cité : “Je pense qu’ils vont se faire tordre le cou…Vous savez, j’ai près de 35 ans de métier et suis un des plus anciens agents immobiliers du Doubs. Les Suisses, je les connais. On a déjà tra- vaillé avec : s’ils ne vous posent pas un lapin, vous tombez face à des escrocs” , dit-il avant de nous retourner cette ques- tion : “Et vous, vous iriez habiter en Suisse ?”

Quand beaucoup font de la langue de bois, Pierre Meunier nʼa pas peur de dénoncer certaines pratiques : “Ça fera comme avec la loi De Robien : on retrou- vera un nombre important de loge- ments vides. Je trouve cette publicité mensongère car un Suisse économi- sera 40 % d’impôts et un autre que 5 %. Une chose est certaine : c’est la crise de l’immobilier en ce moment et je n’ai pas peur de le dire ! À Pontar- lier, peu de Suisses achètent pour venir habiter ici. En revanche, ce sont plu- tôt les binationaux qui pourraient être intéressés.”

à Pontarlier qui dopera un marché jugé “en recul” selon les agences immobi- lières pontissaliennes contactées. Si le marché est “en recul” … il n’en va pas de même des prix du neuf, toujours for- tement élevés comparés au reste du département. E.Ch.

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