La Presse Pontissalienne 125 - Mars 2010

MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS

La Presse Pontissalienne n° 125 - Mars 2010

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ROUTE

Facture salée Le Conseil général veut maîtriser les dépenses de déneigement Le Département n’a pas l’intention de solliciter davantage les entre- prises privées de déneigement qui coûtent cher à la collectivité.

Certaines routes du Haut-Doubs devraient être mieux déneigées la saison prochaine.

L’ hiver se termine et le Conseil général s’apprête à lancer les appels d’offres pour attribuer les futurs mar- chés de déneigement aux entre- prises privées. La nouveauté cet- te année est que la durée des marchés qui était jusque-là de deux ans devrait être étendue à quatre ans. L’information n’est pas officielle, mais cette pers- pective ravit déjà les privés inté- ressés par cette mission de ser- vice public. “C’est une bonne nouvelle. Si tel est le cas, ça va nous permettre de mieux prévoir nos investissements. Car dans la situation actuelle, c’est risqué d’investir dans dumatériel lourd sachant que l’on peut perdre le marché au bout de deux ans” observe une entreprise duHaut- Doubs qui réalise 15 % de son chiffre d’affaires grâce au dénei- gement. Mais la sécurité dumar- ché ne signifie pas pour ces socié- tés qu’elles sortiront davantage sur les routes du Doubs. L’organisation des opérations de déneigement ne va pas fonda- mentalement changer. Le Dépar- tement continuera de faire tour- ner en priorité ses équipes

techniques avant de faire appel aux chasse-neige privés qui n’interviennent que sur ordre de la collectivité. “Nous avons sou- vent des remarques de privés. Ils veulent sortir plus pour être rému- nérés plus” note la direction du service des routes et des infra- structures qui précise que sur 145 circuits de déneigement orga- nisés dans le Doubs, 86 sont don- nés à des sociétés privées char- gées uniquement réseau routier secondaire. Sortir plus pour gagner plus, n’est pas un argument recevable pour le Conseil général qui essaie de maîtriser les dépenses liées au déneigement. En 2008-2009, la viabilité hivernale a coûté 7,9 millions d’euros à la collec- tivité dont 3,191millions d’euros ont servi à rémunérer l’intervention des entreprises privées. “Plus ils sortent et plus ça nous coûte cher. Néanmoins il est prévu dans le marché une part fixe (1 million d’euros) qui leur permet d’amortir leur maté- riel” poursuit la direction des routes. C’est donc pour une raison éco- nomique que le Département

maîtrise l’intervention des chas- se-neige privés qui déplorent sou- vent ce mode d’organisation. “Quel que soit le temps on ne nous autorise pas à sortir entre 20 heures et 4 heures du matin. C’est regrettable car on oublie que nous sommes dans une région frontalière et que des travailleurs ont besoin que les routes soient dégagées pour partir à 5 heures ” regrette un responsable d’entreprise. Qu’importe, le Conseil général ne raisonne pas au cas par cas, ce qui prime c’est le niveau de service rendu à la population. Les routes sont donc classées par ordre de priorité.

Seuls 185 kmde routes (sur envi- ron 3 000) figurent dans la caté- gorie N1. Ces axes routiers sont les seuls être déneigés 24 heures sur 24 si besoin. C’est le cas de la R.N. 57. Les autres routes sont réperto- riées dans les catégories N2, N3 et N4. Plus on descend dans le classement et plus le Départe- ment admet que le déneigement soit plus aléatoire. “Les routes sont praticables,mais il faut être équipé de pneus neige” poursuit la D.R.I. du Doubs. Certaines voies du Haut-Doubs, fréquen-

tées par les frontaliers, sont clas- sées dans la catégorieN3. Le ser- vice de déneigement n’est donc pas continu sur ces axes non prio- ritaires. “C’est une utopie de pen- ser que toutes les routes peuvent être déneigées pour les rendre au noir. Financièrement, ce ne serait pas tenable. Il y a des circuits où même enmettant tous nosmoyens, le chasse-neige passe toutes les trois heures. Quand il neige dix centimètres à l’heure, il faudrait passer toutes les dixminutes pour dégager totalement la voie. Chaque fois qu’on augmente le

niveau de service, on augmente les coûts.” Alors à moyens égaux, en pério- de de restriction budgétaire,peut- être faudra-il déshabiller Paul pour habiller Jacques afin d’améliorer encore le niveau de déneigement sur le Haut-Doubs. Le Conseil général réfléchit à faire changer de catégories cer- taines routes de la bande fron- talière. Répertoriées enN3 actuel- lement, elles passeraient en N2. Le déneigement est plus fréquent mais pas continu. T.C.

ARÇON

Guerre d’Algérie

Hommage au sergent Pierre Maugain La commémoration du 50 ème anniversaire de la mort de ce militaire tué pendant la guerre d’Algérie s’est déroulée le 7 février dernier à Arçon. Parcours.

P ierre Maugain est né en 1928 au sein d’une famille d’agriculteurs. Après son servi- ce militaire, il choisit de s’engager en 1949 dans le corps des parachutistes coloniaux. Volontaire pour l’Extrême- Orient, il part en Indochine et parti- cipe à de nombreuses opérations met- tant en exergue son courage et de belles qualités de meneur d’hommes. Il poursuit sa carrière en devenant instructeur à la base des parachu- tistes de Vannes puis à Bayonne. Son goût de l’action le pousse néanmoins à intervenir au plus près des combats. Quand la rébellion se déclenche en Algérie, il est de nouveau volontaire et prend part aux opérations de main- tien de l’ordre dans les rangs du 3 ème régiment des parachutistes coloniaux. En 1956, il est désigné pour servir en Afrique Orientale Française (A.O.F.). Devenu sous-officier, il effectue ensui- te un second séjour enAlgérie au 22 ème Régiment d’Infanterie de Marine.Arri-

vé dans son bataillon, il est rapide- ment affecté au commando de chas- se, l’unité d’élite du régiment. Soldat autant apprécié de ses subordonnés comme de ses supérieurs, il s’illustre par son dynamisme, son sens du devoir et son esprit de corps. Le 6 février 1960, sitôt informé qu’un de ses camarades est grièvement bles- sé par un groupe de rebelles, il part immédiatement le secourir. Avec son audace coutumière, il pénètre en tête de ses hommes dans la mechta où deux chefs hors-la-loi se sont retran- chés. C’est là qu’il est mortellement touché d’une balle en plein front. Éva- cué par hélicoptère, il succombe à son arrivée à l’hôpital de Tlemcen sans avoir repris connaissance. Il s’était marié trois ans auparavant avec une fille de Maisons-du-Bois, Mireille Lancia qui tient alors une épicerie située rue des Écorces à Pon- tarlier. À sa mort, il laisse orphelin un petit garçon de 7 mois aujourd’hui enseignant au lycée de Bavilliers dans le Territoire-de-Belfort. Son comportement héroïque lui vaut les plus hautes distinctions : lamédaille militaire et la croix de la valeur mili- taire avec palmes. Ce drame suscita une vive émotion dans son village natal et à Pontarlier. Après le rapa- triement, la dépouille mortelle du ser- gent Pierre Maugain rejoint la Cha- pelle desAnnonciades où fut organisée une veillée funèbre en présence des anciens combattants et groupes patrio- tiques. Plus d’un millier de personnes se joignirent ensuite au cortège condui- sant l’infortuné militaire en l’église Saint-Bénigne pour la célébration des obsèques. Une autre cérémonie reli- gieuse se tint également àArçon avant de procéder à l’inhumation du corps au cimetière. F.C. Militaire de carrière, le sergent Pierre Maugain fut de tous les conflits liés à la décolonisation : Indochine, A.O.F., Algérie.

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