La Presse Pontissalienne 125 - Mars 2010

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 125 - Mars 2010

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N.P.A.

Une gauche écologiste et anti-capitaliste “Nous n’avons pas besoin de bling-bling en Franche-Comté” Laurence Lyonnais est la tête de liste du Nouveau

Parti Anticapitaliste d’Olivier Besancenot. Deux credos pour elles et ses co-listiers : la lutte contre le capitalisme et l’écologie.

L a Presse Pontissalienne : Qu’est-ce qui vous motive à mener une liste sous la bannière du N.P.A., sans vous être alliés aux autres partis d’extrême-gauche ? aurence Lyonnais : Tout simplement par- ce qu’il y a une vraie place pour un programme anti-capitaliste dans ces élections. Nous souhaitons être l’ex- pression de la révolte contre l’injusti- ce et les dégâts de la crise. En ce moment, l’argent passe avant l’être humain, les profits avant l’émancipa- tion. Nous voulons être l’expression Laurence Lyonnais Originaire du Jura, Laurence Lyon- nais, 31 ans, vit et travaille dans le Haut-Doubs, en tant quʼagent de déve- loppement. Elle est militante N.P.A. depuis la création du parti il y a un an par Olivier Besancenot. Avant son adhésion au N.P.A., elle était une sym- pathisante de la L.C.R., elle sʼinves- tit dans lʼaltermondialisme, le soutien aux sans-papiers. Au N.P.A., elle est spécialiste des questions rurales et agricoles. Laurence Lyonnais a été candidate aux législatives de 2007 dans le Haut- Doubs où lʼunion dʼextrême-gauche avait fait un score de 3,08 %. En 2009, elle était deuxième sur la liste N.P.A. aux Européennes.

de ces réalités. Nous sommes une gauche écologiste et anti-capitaliste. L.P.P. : Qu’est-ce qui vous différencie alors des Verts ou du P.S. ? L.L. : Il y a deux gauches dans ce pays. Une qui est pour l’adaptation et l’ac- compagnement du capitalisme, c’est celle qui est aux commandes aujour- d’hui de la Franche-Comté. C’est elle par exemple qui s’apprête à caution- ner l’ouverture à la concurrence des T.E.R. Nous ne sommes pas de lamême gauche. Il y a aussi l’écologie qui est compatible avec l’exploitation de la planète à outrance et d’autres écolo- gistes qui s’y opposent. Les Verts ont par exemple soutenu le “oui” au trai- té constitutionnel européen et par conséquent ne s’opposent pas à la pri- vatisation des services de l’eau. Com- ment peut-on dans ce cas-là se dire écologiste ? L.P.P. : Que proposez-vous d’autre pour la Région Franche-Comté, sur le volet écono- mique par exemple ? L.L. : La Région est dans une logique de subventionnement des entreprises. La majorité actuelle s’est engouffrée dans les pôles de compétitivité pour soutenir les entreprises et leur logique de profit. 6 milliards d’aides à l’in- dustrie automobile et on annonce chez Peugeot le non-remplacement des départs à la retraite ! La majorité actuelle n’a sur ce point rien imposé, rien contrôlé sur les millions distri- bués. C’est inadmissible.

Franche-Comté va voir passer les trains, car la S.N.C.F. ne s’engage pas sur plus de quatre ans concernant les fréquences des T.G.V. On a laissé pourrir cer- taines lignes comme Troyes-Belfort ou Delle-Paris. L.P.P. : Un mot sur la formation, autre grande mission de la Région ? L.L. : On finance aujourd’hui de la même manière les lycées privés et les lycées publics, alors qu’il faudrait un vrai ser- vice public de l’enseignement. L’en- seignement privé, il faut le laisser se débrouiller seul. L.P.P. : Quelle sera votre attitude si vous dépas- sez la barre des 5 % des suffrages ? Une union est-elle possible avec d’autres listes ? L.L. : On ne se présente pas pour renier au soir du second tour ce qu’on a défen- du jusqu’au premier tour. Dans ce cas- là, on revendiquera que nos idées soient justement représentées. Nous ne nous trompons pas d’ennemi : c’est bien la droite. Notre objectif est donc de faire barrage à la droite. Une fusion tech- nique avec le P.S. et les Verts oui, mais en toute indépendance. L.P.P. : Et si cela ne suffit pas à battre Alain Joyandet ? L.L. : S’il arrive au pouvoir, c’est le rou- leau compresseur sarkozyste qui conti-

le N.P.A. était conduit aux affaires régionales ? L.L. : Ce serait de reprendre la main sur l’argent public et le concentrer sur les besoins sociaux et écologiques de la région. L.P.P. :Votre objectif est- il toujours de faire la révolution ? L.L. : Nous avons tou- jours cet esprit révo- lutionnaire. Pour autant, nous ne vou- lons pas présenter

La liste N.P.A. a été dévoilée le 13 février dernier.

L.P.P. : En cette période de crise, vous interdi- riez les licenciements ? L.L. : Oui. Il faudrait que les entreprises cotisent à hauteur de leurs profits à un fonds de garantie des emplois. Il faut aussi une exigence de transpa- rence et de démocratie. Concrètement, que les entreprises ouvrent leurs livres de comptes. L’État et les collectivités locales font des chèques en blanc aux entreprises, sans contrôles. L.P.P. :Votre vision des transports régionaux ? L.L. : On nous annonce qu’il y a des défi- cits publics et en même temps on veut

mettre au moins 3 milliards d’euros sur la branche Sud de la L.G.V. En même temps on fer- me des gares, on ne développe pas d’autres lignes. Nous proposons le développement des lignes T.E.R. et la gratuité des trans- ports régionaux pour tous. Les mil- liards du T.G.V., on les met dans ce gen- re de mesure. Je pense que la

“La Franche- Comté va voir passer les trains.”

une candidature de témoignage. Nous avons des mesures concrètes, réalistes et qui peuvent être mises en applica- tion tout de suite. Il faut répondre d’ur- gence aux problèmes des Francs-Com- tois. Quand on dit “il faut changer de système”, on n’est pas déconnectés des réalités ! L.P.P. : Votre avis sur “l’affaire du voile” sur la liste N.P.A. du Vaucluse ? L.L. : Notre parti fonctionne de maniè- re autonome selon les comités. C’est une affaire qui concerne le N.P.A. du Vaucluse. Cette candidate partage nos valeurs et on ne règle pas ces ques- tions à coup d’anathèmes ou de lois. Mais ceci dit, on ne doit pas ajouter de l’oppression à l’exclusion. Et le voile est un signe d’oppression. Mais on n’a surtout pas de leçon à recevoir des Conseils régionaux qui donnent de l’ar- gent public aux institutions confes- sionnelles. Propos recueillis par J.-F.H.

nue à avancer. Il n’y aurait donc que de mauvaises choses à en attendre, un très mauvais signal pour les classes populaires. Nous n’avons pas besoin de bling- bling en Franche-Comté.

L.P.P. : Une première mesure si

Laurence Lyonnais est la tête de liste régionale du N.P.A.

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