La Presse Pontissalienne 124 - Février 2010

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La Presse Pontissalienne n° 124 - Février 2010

NEUCHÂTEL

Polémique touristique Tourisme d’hiver : le canton de Neuchâtel patine-t-il ?

“I ci en Suisse, l’Office de Touris- me de La Chaux-de-Fonds n’a rien trouvé de mieux que d’ouvrir une location de raquettes à neige jus- te devant notre boutique ! Au lieu de nous aider, on nous concurrence.” Ce constat amer, c’est celui de Daniel Bes- son, propriétaire de la - petite - sta- tion de ski de la Vue-des-Alpes et des Hauts-Geneveys à La Chaux-de-Fonds. Depuis 1969 et l’installation de trois remontées par ses parents agriculteurs sur les hauteurs de la ville, l’homme continue d’investir (sur ses deniers) en relançant dernièrement la piste des Hauts-Geneveys de 1 500 mètres aban- donnée depuis quatre ans. Le Chaux-de-Fonnier croit au poten- tiel des montagnes neuchâteloises en terme de tourisme hivernal mais se montre de plus en plus désabusé : “C’est malheureux mais on ne peut compter sur personne. On a bien une aide finan- cière du service des sports pour la dameuse mais comparé aux autres can- tons ou à chez vous en France, ce n’est rien. Pour exemple, le canton de Fri- bourg donne 25 millions de Francs suisses pour ses stations, et Vaud plus de 40 millions !” Il s’est allié avec le responsable de la station des Bugne- nets-Savagnières “pour tenter de relan- cer le ski.” L’amertume de Daniel Besson ne veut pour autant pas signifier que rien n’est fait en matière de tourisme hivernal mais l’Office de tourisme de Neuchâ- tel, interrogé sur le sujet, ne cache pas qu’elle a plutôt tendance à mettre le

Le responsable d’une station de ski à La Chaux-de- Fonds dénonce la faible mobilisation des collectivités suisses pour développer le tourisme hivernal. Pire, l’Office de tourisme chasserait sur ses terres. Côté Suisse, on entretient bénévolement les pistes “Pas moins bien tracé qu’en France” E n Suisse, les pistes de ski de fond sont généralement gérées par des bénévoles, ce qui nʼest pas le cas en France. Exemple pour le domaine nordique de La Brévine où cʼest un bûcheron qui troque sa tronçonneuse pour conduire le dameur lʼhiver. “Ce bénévolat, on y tient, même si les personnes sont symboliquement rémunérées” dit Jean-Claude Chautems, secrétaire et trésorier de lʼassociation “Ski neuchâtelois” qui pos- sède 9 engins de damage achetés grâce à la vente de billets et partenariats privés. “S’il n’y a pas de neige en hiver, nous ne sommes ainsi pas obligés de payer les personnes” dit-il. Ce mode de fonctionnement basé sur le bénévolat permet de proposer des tarifs assez bas et fonctionne assez bien. “En France, le traçage s’est amélio- ré” note le responsable. Rappelons quʼen Suisse, la redevance sur les pistes de fond nʼest pas obligatoire. “Disons que payer son forfait est fortement conseillé. La majeure partie des skieurs joue le jeu” note Alexandre Houlmann, chef du service des sports à la ville de La Chaux-de-Fonds où seulement deux sites sont gérés par les services de la ville. “Notre but n’est pas de professionnali- ser la gérance du ski. Nous aidons nos petites stations pour l’entretien (10 000 francs suisses l’an dernier) et proposons des prêts sans intérêts.” Bref, le ski “sʼautogère” si bien que les Helvètes font confiance à leurs bénévoles. Jusquʼà quand ? “On se pose cette question… mais si tout le monde joue le jeu, ça tournera” conclut le passionné. Pour lʼheure, nos voisins ont prouvé que lʼon pouvait être à la fois bénévole et professionnel. Pourvu que ça dure.

directe avec les prestataires de la Vue- des-Alpes, le responsable du tourisme s’en explique volontiers : “On a effec- tivement une location de raquettes et de ski de fond. Nous étions les premiers à nous installer, dit-il. Nous nous sommes aperçus que les prestataires n’étaient pas toujours ouverts tous les jours alors que la demande était là.” Les montagnes neuchâteloises ont des atouts. Mais face à l’ogre alpin, diffi- cile de se faire une place. E.Ch. Le gérant des pistes de la Vue-des-Alpes (au sommet de Neuchâtel) est amer.

paquet sur le tourisme estival : “C’est plus difficile de promouvoir l’hiver en raison dumanque de neige. Nous avons plutôt tendance à mettre l’été en valeur. L’hiver draine assez peu de nuitées. La clientèle est locale. Nous avons d’ailleurs arrêté notre publicité dans les jour- naux suisses allemands en raison de la crise” explique Jérôme Longaretti, responsable marketing du tourisme neuchâtelois. Quant à la polémique de la location de raquettes par l’office en concurrence

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