La Presse Pontissalienne 123 - Janvier 2010

La Presse Pontissalienne n° 123 - Janvier 2010

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Les ingénieurs de Météo France Besançon

LA MÉTÉO VEUT GARDER UN TEMPS D’AVANCE Météo plus fine, “mais pas plus alarmiste” Depuis la tempête, Météo France a établi sa fameuse carte de vigilance. A-t-on tendance à vouloir ouvrir rapidement le parapluie ? Pas vraiment, à en croire l’antenne de Besançon.

actualisent, minute par minute,

les données climatiques récoltées à Besançon, Épenoy, Pontarlier, Maîche… pour une meilleure prévision.

O n sait que, localement, les rafales ont atteint, en pointe, 130 voire 140 km/h. Bien au-delà de la prévision. Alors, erreur ? Pas vraiment. En fait, les météo- Repères Les rafalesmaxi en 1999 mesurées le 26 décembre dans le Doubs 38 m/s à Épenoy (136,8 km/h), 36 m/s à Pontarlier et à Maîche (129,6 km/h), 30 m/s à Besan- çon (108 km/h). Depuis, il y a eu peu de tem- pêtes de fortes ampleurs, la plus forte étant celle du 2 et 3 décembre 2007 avec un maxi à 27,7m/s à Épenoy (99,7 km/h).

création de nouveaux sites de mesure du vent. Les prévisionnistes ont-ils ten- dance à ouvrir rapidement le parapluie quand un événement un peu violent semble pointer son nez ? “On dit queMétéo Fran- ce crie au loup plus facilement et plus souvent qu’auparavant mais ce n’est pas le cas”, rap- pelle Bruno Vermot-Desroches, de Météo France Besançon. Il argumente, chiffres à l’appui : “Depuis la carte de vigilance, il y a 6 à 8 alertes par an alors qu’avant 1999, on pouvait aler- ter 15 à 20 fois.” Pour exemple en 2009 dans le département, il y a eu une alerte liée au vent, 2 pour la neige, 2 pour les orages et une pour les crues. Une cho- se est claire : “Nous sommes meilleurs qu’il y a dix ans en terme de prévision” conclut le météorologue bisontin. E.Ch.

rologues se fondent sur des algo- rithmes et sur des statistiques qui, par définition, n’intègrent pas des phénomènes hors normes… puisqu’ils ne se sont jamais produits. C’est dire qu’en décembre 1999, on attendait effectivement la tempête du côté de Besançon et des crêtes haut- doubiennes. Mais personne n’imaginait son ampleur. Ni même qu’un double coup de vent pouvait ainsi se produire dans un délai très court. Ce qui a changé en dix ans à Besançon ? C’est d’abord l’amélioration des techniques de prévision et la mise en pla- ce des fameuses cartes de vigi- lance au niveau national (avec des niveaux vert, jaune, oran- ge, rouge). L’autre arrivée est technique avec l’installation de nouveaux radars météos (exemple de celui installé àVau- frey, dans le Doubs, à la limite avec la frontière suisse) et la

Statistiques

Les communes les plus touchées

COMMUNE

Volume total de chablis

Volume

% de surface de

Chablis/Possibilité

F C détruite

FRASNE

54 000 38 000 37 000 31 000 30 000 29 000 24 000 24 000 20 800 20 000 20 000 18 000 18 000 17 000 16 000 15 000 15 000 15 000 14 000 13 000 12 000 12 000 12 000 12 000 12 000 12 000 10 500 10 000 10 000 10 000 9 000 9 000 9 000 8 500 8 000 8 000 8 000 8 000

13,0 7,8 10,3 8,2 9,1 10,0 4,0 14,2 4,2

29% 21% 31% 20% 35% 36% 9% 30% 9% 15% 10% 10% 11% 15% 25% 22% 6% 11% 7% 9% 20% 6% 11% 4% 8% 10% 16% 8% 10% 17% 16% 32% 5% 14% 6% 6% 7% 11% 4% 19% 5% 6% 3% 12% 12% 6% 3% 8% 18% 7% 3% 10% 4% 38% 18% 14% 16% 14% 8% 4% 7% 15%

VAUX ET CHANTEGRUE REMORAY BOUJEONS LONGEVILLES MONT DʼOR BONNEVAUX

BOUVERANS JOUGNE PLANEE (La) SOMBACOUR EPENOY RUSSEY (LE) FINS (LES) FOURGS (Les) MALBUISSON COURVIERES Fournets Luisans MONTLEBON CHARQUEMONT SAINTE COLOMBE ARC SOUS CICON LA CHAUX ORCHAMPS-VENNES

6

4,5 4,1 2,9 6,8 8,3 5,8 3,8 4,4 3,8 5,8 7,7 3,2 3,9 2,7 3,1 3,1 4,8 6,1 6,7 5,1 2,1 5,4 3,6 2,8 2,1 4,6 2,7 7,0 5,8 2,9 4,4 4,5 2,5 1,9 3,0 4,6 2,4 3,3 2,4 9,1 8,8 5,2 4,5 3,3 2,7 3,0 5,3 3 2 3

LABERGEMENT SAINTE MARIE 17 000

FORÊT PRIVÉE Un nouveau modèle de gestion La tempête de la remise en question Même si l’on en parle peu, la forêt privée a aussi subi d’importants dégâts forestiers en décembre 1999. Exemple avec la copropriété forestière de Bonnevaux.

GILLEY

GRANDʼCOMBE CHATELEU HOPITAUX VIEUX (Les) OYE ET PALLET BIANS LES USIERS FONTENELLES (LES) MONTPERREUX BANNANS GOUX LES USIERS GRANGES NARBOZ (Les) MALPAS

B ien malin celui qui pourrait dresser un bilan global de l’impact de la tempête sur la forêt privée. “Globalement, il semble que les dégâts soient un peu moins importants. Le morcellement et l’hétérogénéité plus marquée des peuplements expliquent peut-être pourquoi ils ont mieux résis- té” , avancent avec la prudence qui s’impose Sté- phane Pouchouloux qui travaille à Coforêt. Entre autres activités, cette coopérative s’occupe depuis le début des années quatre-vingt de la gestion technique de la copropriété forestière de Bon- nevaux. Ce domaine de 74,58 ha appartient à 24 pro- priétaires. “Il s’agit d’une forêt familiale où nous sommes tous cousins” , note Pierre Lemaréchal à la tête de cette copropriété où chacun conser- ve la jouissance réelle de son bien. Ce qui la dif-

“Avant la tempête, le prélèvement moyen variait de 400 à 600 m 3 par an. On a dû réduire de 50 % la production” , indique le technicien. Montant du préjudice : autour de 600 euros annuels en supposant que les 24 copropriétaires aient la même surface forestière. Le travail de reconstitution a été mené en col- laboration avec le Centre Régional de la Pro- priété Forestière (C.R.P.F.). Lequel a proposé un itinéraire technique de reconstitution agrémenté des demandes d’aides puis a confié à Coforêt la réalisation de ce programme de travaux à court et moyen terme. “On a privilégié la régénération naturelle sans aucune plantation. L’objectif consis- te à tendre vers un modèle de futaie irrégulière en conservant un maximum de gros bois pour maintenir l’étagement. C’est assez compliqué à faire car ces arbres ont beaucoup souffert après la sécheresse de 2003.” Pierre Lemaréchal relè- ve également l’efficacité du soutien public. “On a eu des aides considérables pour remettre en état les parcelles.” Quels enseignements peut-on tirer de cette tem- pête exceptionnelle ? Stéphane Pouchouloux estime qu’elle a sérieusement remis en ques- tion l’intérêt des plantations 100 % épicéa. Les propriétaires sont désormais plus enclins d’y intégrer d’autres espèces de résineux ou des feuillus. De même, la volonté de capitaliser à très long terme sur le bois sans jamais interve- nir ou presque n’est plus forcément de mise. “La tempête a certainement joué en faveur de la futaie irrégulière même s’il ne faut pas enterrer pour autant la futaie régulière. Ce serait un raison- nement trop simpliste et faux de trancher entre l’un ou l’autre mode d’exploitation. Les résultats de la reconstitution se verront seulement dans 50 ans. C’est un vrai pari sur l’avenir.” Rendez- vous pour le cinquantenaire. F.C.

15,3

AVOUDREY BONNETAGE BOUJAILLES COMBES (Les) GUYANS-VENNES FRAMBOUHANS

FOURNET - BLANCHEROCHE 7 000

7 000 7 000 7 000 7 000 6 900 6 700 6 025 6 000 6 000 6 000 6 000 6 000 6 000 5 700 5 300 5 300 5 000 5 000 5 000 5 000 5 000 5 000

FUANS OUHANS

RIVIERE DRUGEON (La) VILLEDIEU (Les) EVILLERS BRETONVILLERS CHAPELLE DʼHUIN LONGEVILLE (La) DOMPIERRE LES TILLEULS

férencie d’un groupement fores- tier structuré en parts. La nuance est d’importance car l’impact de la tempête n’est pas mutualisé mais individualisé. “Le volume de bois mis à terre avoisine 10 000 m 3 , soit la moitié du capi- tal sur pied. C’est la seule forêt où l’on a dû refaire un plan simple de gestion sur 15 ans” , poursuit Stéphane Pouchouloux. En surface, 70 % du massif a été touché. 50 % des parcelles à plus de 50 % et 20 % ont été totale- ment dévastés. Certains pro- priétaires ont donc été pénalisés plus que d’autres. Devant l’ampleur de la catastrophe, tous ont confié à Coforêt le soin de s’occuper du nettoyage et de la vente des bois écoulés en totali- té auprès des scieurs locaux.

La moitié du capital sur pied.

LORAY

SARRAGEOIS VANCLANS ALLIES (Les) BELFAYS FESSEVILLERS ARCON BOSSE (LA)

11,2

BREY ET MAISON DU BOIS MAICHE (Syndicat Mixte)

MOUTHE

RONDEFONTAINE

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