La Presse Pontissalienne 123 - Janvier 2010

La Presse Pontissalienne n° 123 - Janvier 2010

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MIGNOVILLARD Recettes forestières Fini le temps de l’opulence Avec plus de 90 000 m 3 de bois à terre, Mignovillard a été

la commune du Jura la plus touchée par la tempête. Situation inédite qui bouleverse la gestion communale.

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et 317 ha détruits soit l’équivalent de 15 années de récolte. “Le bilan de l’après-tempête est plus important avec l’augmentation du pourcentage de bois dépérissant. Il s’agit des arbres qui ont survécu mais qui se retrouvent seuls, exposés au vent, au soleil, aux bostryches. Sans oublier, bien sûr, l’impact de la canicule de 2003.” Mignovillard a choisi d’exploiter le plus rapi-

aides de l’État. L’ancien conseil a procédé à dif- férents placements en prévision des années creuses.” La commune a touché entre 2001 et 2007 près d’1 million d’euros de subventions d’équilibre. Elle a aussi bénéficié de 800 000 euros de prêts bonifiés à un taux de 1,5 %. “Mignovillard avait la chance d’avoir une secrétaire de mairie qui était bien dans le coup pour gérer ce surcroît de formalités consécutif aux événements” souligne Georges Courvoisier. Au niveau de la reconsti- tution, élus et techniciens de l’O.N.F ont opté d’un commun accord pour la régénération natu- relle. Méthode qui donne largement satisfac- tion. “Cela suppose néanmoins beaucoup de tra- vail d’accompagnement. Il faut surtout faire attention aux feuillus qui démarrent plein pot. Le traitement en futaie irrégulière, c’est une affai- re de tous les jours” , observe l’élu forestier qui s’en occupe quotidiennement. F.C.

La tempête a dévasté 1/3 de la surface forestière de Mignovillard. (photo Mignovillard).

A vant la tempête, la forêt constituait la première ressource financière de Migno- villard. La vente des bois, 5 000 à 5 300m 3 prélevés chaque année, représentait 30 à 45 % des recettes de fonctionnement, loin devant les impôts locaux et les dotations de l’État. Cette part varie aujourd’hui entre 20 et 25 %. La récolte annuelle est réduite de moitié dans le cadre du nouveau plan d’aménagement forestier qui définit les objectifs de gestion sur 20 ans, soit de 2009 jusqu’à 2028. Aux grands maux, les grands remèdes. Mignovillard s’est retrouvée en quelques jours orpheline d’une rente confortable et garantie. “La commune est devenue propriétaire de 962 ha de forêt suite au rattachement de Froidefontai-

ne, Essavilly, Petit-Villard. Il s’agit pour l’essentiel des peuplements résineux en futaie jardinée ou irrégulière. Le mélange des essences a toujours été privilégié dans le département du Jura” , indique Georges Courvoisier, ancien garde-fores- tier aujourd’hui second adjoint au sein de l’équipe municipale élue en 2008. Il n’oubliera jamais le séisme forestier de décembre 1999. “Ça fait mal au cœur quand on sait tout le temps qu’il faut pour faire pousser un arbre.” En quelques jours, Mignovillard a vécu la plus grande catastrophe naturelle et économique de son histoire. En incluant la forêt privée, la tem- pête a mis à terre 250 000 m 3 de chablis, dévas- tant ainsi le 1/3 de la surface boisée. Pour la forêt communale, le préjudice s’élève à 93 100 m 3

dement possible les chablis. Elle a ainsi mobilisé 17 bûcherons. Des locaux bien sûr mais aussi des équipes de l’Aude, de Marti- nique et même d’Angleterre. 22 000 m 3 de bois ont aussi été placés sur les aires d’arrosage de Fontaine-Carrée et de Sapois, aménagées spécifiquement après la tempête. “Au départ, on a enre- gistré de grosses rentrées d’argent avec le bénéfice des ventes et les

93 100 m 3 et 317 ha détruits.

PLUS FORTS FACE AUX RISQUES

Les leçons d’une catastrophe Il y a l’avant et l’après 26 décembre 1999. E.D.F. a protégé ses réseaux électriques, les assureurs ont réagi rapidement, Météo France a prévu un plan d’alerte et les maisons de retraite devront être équipées de groupes électrogènes d’ici 2012.

la propriété forestière (C.R.P.F.) a été un interlocuteur privilégié pour aider les propriétaires désemparés suite à la destruction d’un capital familial. Dans le Doubs, 40 703 propriétaires se partageaient en 1999 94 586 hec- tares, soit une moyenne de 2,13 hec- tares par propriétaire. Les profes- sionnels de la filière ont estimé les dégâts à 1 500 000 m 3 pour la forêt publique et 1 million de m 3 pour les propriétaires privés. Même les arbres fruitiers arrachés peuvent être indem- nisés par le fonds national de garan- tie des calamités agricoles (F.N.G.E.A.). Nouvelle vie pour les sentiers. Le fameux GR5 qui traverse la Franche-Comté pour la Mer du Nord ou la Méditerranée ou la Grande Tra- versée du Jura (G.T.J.) ont mis plu- sieurs mois avant d’être sécurisés en raison de bois tombés sur les sentiers. Près de 300 km ont été réhabilités. Des reconstructions rapides. Au collège de Maîche, on se souvient très bien de la tempête. Le toit de l’internat avait été complètement arra- ché mais rapidement changé grâce à la célérité des services départemen-

Sécurisation et enfouissement des réseaux électriques. En choisissant d’enfouir ses lignes électriques, E.R.D.F. veut minimiser les aléas climatiques. Ainsi, 17 km de ligne ont été enterrés aux Fins, La Chenalotte, Villers-le-Lac, Noël-Cer- neux… en 2009 dans le Haut-Doubs. Coût des travaux : 1,6 million d’euros. 200 poteaux ont été déposés pour une mise en service de la ligne souterrai- ne au mois de juillet. Pour l’heure, E.R.D.F. possède 40 % de lignes sou- terraines dans le Doubs. Elle n’a pas un objectif chiffré à atteindre. “Notre but est d’investir dans l’intérêt collec- tif” précise Alain Pilat qui sait perti- nemment qu’il ne pourra pas satis- faire les 594 maires du Doubs. Chaque année, 2 millions d’euros sont inves- tis dans cet enfouissement… forcé- ment répercuté sur la facture d’électricité. “ Plus nous investirons, plus l’électricité sera coûteuse” , décla- re-t-il. Du coup, les travaux sont enga- gés en fonction des besoins et du nombre d’abonnés. Le Haut-Doubs est choisi en premier car sujet aux grands vents. Le département compte 5 200 km de réseau à basse tension et 5 600 postes de transformation.

La prévision météo. L’installation d’une carte de vigilan- ce (vert, orange, jaune rouge) permet de mieux appréhender les risques cli- matiques (lire par ailleurs). Les liens entre la préfecture, les services de secours et de sécurité et la Météo sont eux mieux coordonnés depuis 10 ans. Les maisons de retraite au courant pas avant 2012. Les structures médicalisées ont été les premières à souffrir de l’absence d’électricité. D’ici 2012, un texte de loi imposera à toutes les maisons de retrai- te de posséder un groupe électrogène. Dans le département, peu ont inves- ti dans ce matériel à l’instar de la rési- dence des Franches-Montagnes à Maîche. La direction estime “qu’il faut trouver la place et le budget.” Tout sera prêt en 2012. La forêt a des anges gardiens. Assailli au lendemain de la tempête par une pluie de questions des pro- priétaires privés, le service forestier de la Chambre d’Agriculture a distri- bué de nombreux conseils, grâce à un renforcement de ses effectifs. En Franche-Comté, le Centre régional de

pête, l’élaboration d’une convention entre assu- reurs, destinée à éviter les procédures judi- ciaires longues, lorsque les dommages subis sont causés par un tiers res- ponsable (dommages causés par un arbre ou une tuile d’un voisin…), la non-fourniture d’attestation de vitesse du vent normalement obligatoire pour les assu- rés, les données de

taux et des entrepreneurs dès le 3 jan- vier. À l’époque, il avait fallu 1 500 000 francs (environ 228 600 euros) pour reconstruire les 1 200 m 2 de toit. Assurances : la rapidité. C’est la priorité que se sont fixés les assureurs pour gérer les sinistres pro- voqués par les tempêtes (celles de 1999 puis Klaus dans le Sud-Ouest). Les compagnies allongent par exemple le délai de déclaration de sinistre. Les mesures prises sont les suivantes : la prolongation des délais de déclaration de sinistres, l’instauration d’un seuil en dessous duquel les assurés pour- ront être indemnisés sans expertise, fixé à 2 000 euros pour les habitations. Il est porté à 3 000 euros pour les P.M.E., les artisans et les commer- çants. La prise en charge de la repo- se des antennes de télévision et des paraboles arrachées lors de la tem-

Les secteurs boisés de la zone frontalière ont particu- lièrement souffert.

(photo Gérard Clerc).

Météo France faisant foi dans les dépar- tements concernés par la tempête. Plusieurs compagnies mettent à dis- position de leurs clients les numéros suivants pour déclarer les sinistres (GMF : 0820 809 809, MMA : 0825 096 096, MAAF : 0820 300 820)

E.Ch.

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