La Presse Pontissalienne 123 - Janvier 2010

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 123 - Janvier 2010

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LES FOURGS Un visionnaire Roland Bulle-Piourot, le faiseur de neige Cet ancien agriculteur a toujours eu l’esprit d’entreprise.

Rangs. Il fonde la société du même nom avec son beau-frè- re Étienne Jouffroy. Comme souvent en pareil cas, les débuts sont hauts en couleurs. Le damage s’effectue à l’aide du tracteur agricole équipé pour l’occasion de chenilles. Un tube Citroën est reconverti en caba- ne de départ en attendant une construction pérenne. “On a commencé avec un téléski démontable. Quand il n’y avait plus assez de neige aux Rangs, on n’hésitait pas à tout trans- férer sur la piste des Granges- Berrard qui disposera d’une

Convaincu du potentiel alpin des Fourgs, il en est l’un des plus actifs promoteurs. Et personne ne s’en plaint, au contraire.

B ourris d’abord, Bour- ris toujours. Cela pourrait être la devi- se des Bulle-Piourot tant ils sont ancrés dans leur village quelles que soient les générations. Jean l’aïeul y vit encore à 90 ans. Il a fondé une famille de 3 filles et 4 garçons dont Roland qui

sont restés sur place. “Tous nos enfants vivent aussi aux Fourgs” , souligne Roland Bul- le-Piourot qui apprécie l’anecdote. Après des études agricoles, ce dernier s’associe en 1965 avec son père et son beau-frère dans l’exploitation de la ferme fami- liale. Ils fondent le “G.A.E.C.

des Gentianes”, l’un des pre- miers groupements du genre dans le Doubs. Cette formule offre la souplesse d’organisation qui sera à l’origine de la diver- sification de la famille Bulle- Piourot dans le ski alpin. Plus mécanicien et maçon qu’éleveur, Roland installe en 1972 le premier téléski aux

En 1997, Roland Bulle-Piourot décide de quitter le G.A.E.C. des Gentianes pour se consacrer entièrement au développement du potentiel alpin des Fourgs.

également mis à contribution puisqu’il officie au restaurant du Snabeudzi. Avec 7 remontées mécaniques, le site alpin des Fourgs consti- tue désormais la plus impor- tante station privée du massif jurassien. Pratiquement un exploit car la plupart d’entre elles ont disparu ou sont pas- sées dans le giron des collecti- vités publiques. Face au manque d’enneigement qui frappe les stations de moyen- ne montagne depuis plusieurs années, à l’exception de la sai- son 2008-2009, se pose la ques- tion de la neige de culture. Quand certains hésitent, la S.A.R.L. des téléskis des Rangs franchit le pas. En 2003, année du départ en retraite d’Étienne Jouffroy, décision est prise d’installer à grands frais 29 canons à neige sur le site des Rangs. L’approvisionnement en eau à partir de la source communale du Bouillon ne se fera pas sans soulever quelques réactions. “Cet équipement nous a permis d’assurer les saisons” , confie Roland qui va dès lors s’initier à un nouveau métier, celui de fabricant de neige. Avec plus de 600 000 euros investis, en grande partie en auto-financement, plus ques- tion de subir la saison.Au plus fort de l’hiver, la station emploie 18 salariés. Roland qui est désormais associé avec ses deux garçons à la tête de la struc- ture hésite encore à prendre sa retraite bien qu’il pourrait y prétendre depuis quelques années. L’esprit d’entreprise l’anime toujours. “On projette d’équiper aussi les Granges- Berrard avec une installation plus légère qu’aux Rangs.” Conscient que la clientèle du massif jurassien tend de plus en plus à diversifier ses pra- tiques hivernales, Roland Bul- le-Piourot espère aussi que puissent se mettre en place des forfaits communs entre le fond et l’alpin. F.C.

installation fixe à partir de 1979.” L’hiver 1973-1974 est marqué par l’ouverture du restaurant du Snabeudzi qui signifie “le sentier du berger” en patois local. “On sentait déjà à l’époque la montée de l’activité touris- tique autour du ski” , observe Roland. La précocité et la qualité de l’enneigement sur le plateau des Bourris expliquent en par- tie le développement du domai- ne alpin aux Fourgs. La réus- site de cette petite station familiale par excellence repo- se aussi sur son mode d’exploitation. Toute la famil- le participe et la complémen- tarité fonctionne à merveille entre les deux gérants. Étien- ne s’occupe plutôt de la comp- tabilité et de la location de skis. Roland est responsable de l’entretien du matériel et des remontées mécaniques. Son épouse Marie-Françoise gère le restaurant. Une belle affai- re de famille qui va progressi- vement s’étendre sur l’ensemble

du potentiel alpin des Fourgs : les Rangs bien enten- du mais aussi les Granges-Berrard et la Meuse. Les installations sont peu à peu modernisées sur chaque site avec l’acquisition de nouveaux dameurs, le rem- placement des téléskis, la construction de chalets d’accueil, de hangars et l’agrandissement du Snabeudzi. Très pris par tous ces projets touris- tiques, Roland cède sa place à son fils Franck sur l’exploitation agri- cole en 1997. Son fils aîné Marc est

La plus importante station privée du massif jurassien.

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