La Presse Pontissalienne 123 - Janvier 2010

MOUTHE - RÉGION DES LACS 22 La Presse Pontissalienne n° 123 - Janvier 2010

VALLORBE L’effet oursons Juraparc franchit la barre du million de visiteurs Le parc animalier du Mont d’Orzeires connaît une belle affluence depuis sa création en 1987. Juste récompense d’un pari audacieux.

MOUTHE Éducation Profs au volant…

Ils habitent Besançon et enseignent à Mouthe, soit 4 heures de voiture au quotidien pour se rendre dans leur collège. Est-ce le prix à payer pour éviter un établissement en zone sensible ?

phie. En tant que titulaire de zone de rem- placement (T.Z.R.), Julien n’a pas eu le choix du lieu d’affectation à l’autre bout du département : “Le 28 août, j’ai appris que j’étais affecté à Mouthe… Le 1 er septembre, j’enseignais là-bas” confie le jeune homme. Professeur d’anglais, sa collègue Lucie Tonnaire enseigne depuis deux ans dans le village le plus froid de France et n’a pas eu le choix, même si elle aurait pu demander un éta- blissement sensible à Besançon. Elle ne l’a pas fait. D’où cette question posée : “Préférez-vous parcourir 200 km pour enseigner àMouthe que vous rendre dans un collège bisontin difficile ou classé en Zone d’éducation prioritaire (Z.E.P.) ?” Julie Tonnaire répond sans détour : “Disons que c’est une consolation… On fait des kilomètres pour une meilleure qualité de travail.” De son côté, Julien avoue que les condi-

L evés à 5 heures du matin, au volant à 6 h 30, en poste à 8 heures et un retour à lamaison pas avant 18 heures. Ce timing ressemble plus à un horaire de frontalier suisse qu’à celui d’un fonctionnaire…Et pour- tant, c’est bien celui de deux professeurs bisontins qui se rendent quatre voire cinq jours par semaine au collège de la Source à Mouthe pour enseigner. Au total : 200 kilomètres aller-retour tous les jours. Bref, quand le réveil de Julien Lagalice et celui de sa collègue Lucie Tonnaire sonne, leurs élèves ont enco- re plusieurs heures de sommeil à égre-

ner. Le point de départ est fixé à 6 h 30 par- king Rivotte à Besançon. Direction Mouthe via la côte de Morre et Pontar- lier pour une arrivée au collège deux plus tard. C’est ici avec plusieurs degrés en moins et 600 mètres d’altitude en plus que les deux jeunes professeurs ouvrent la porte de leur salle de classe. “Lorsqu’il y a beaucoup de neige, nous avons parfois quelques minutes de retard mais les élèves comprennent et nous demandent toujours si nous avons fait bonne route” raconte Julien Lagalice, 29 ans, professeur d’Histoire et Géogra-

Originaires de Mongolie, six chevaux de Przewalski ont rejoint Juraparc en juillet dernier. Cette espèce est considérée comme l’ancêtre de nos chevaux.

C ette belle réussite repo- se d’abord sur la pers- picacité d’André Blanc. Passionné de chevaux et des grandes plaines de l’Ouest américain, le propriétaire du restaurant du Mont d’Orzeires décide en 1987 d’ouvrir un parc à bisons. Loin des grands axes, ce projet ne manque pas d’audace. Son côté novateur et l’accès gratuit confortent rapi- dement la notoriété de Jura- parc qui attire ainsi 500 000 visiteurs jusqu’en 2001. Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Après moult démarches admi- nistratives et au prix d’une détermination sans faille, la

tions d’enseignement dans un collège “plus rural” sont nettement différentes que celles rencontrées dans des secteurs sen- sibles : “Pour l’anecdote, j’ai reçu des petits cadeaux, des confitures, du choco- lat, des dessins…” Des attentions que l’on ne ver- rait pas ailleurs selon lui. Des petits lots de conso- lation pour profs fatigués qui ont des parades com- me par exemple de corri- ger une dernière copie dans la voiture ou de ter- miner sa nuit le visage appuyé contre la vitre. Comme sa collègue avec laquelle il co-voiture, Julien Lagalice confirme qu’il préfère passer des heures au volant pour obtenir ce confort qui lui permet d’exercer plus faci- lement son métier. Une “tranquillité” qui a un prix : la fatigue et un coût économique puisque l’Éducation Nationale ne prend pas en charge les frais de déplacement. “Heureusement, le prin- cipal a été assez conciliant avec nous en regroupant nos heures afin de pou- voir utiliser la même voi- ture.” C’est dans l’adversité que la solida- rité naît… Un bon sujet d’éducation civique. E.Ch.

portements très stéréotypés quand il est arrivé en 2002 du zoo de Zagreb. Tous ces signes ont désormais disparu. C’est très positif” , souligne Olivier Blanc, le fils d’André. Avec les grands prédateurs, la fréquentation a inévitablement progressé et l’instauration des visites payantes n’a rien chan- gé. En 8 ans, Juraparc a accueilli 500 000 visiteurs supplémen- taires, soit autant que depuis sa création. “L’affluence varie en fonction de la météo et des naissances. On a enregistré des pics de + 25 % en 2004 et 2007 à la naissance des oursons. On en attend des nouvelles en 2010” , annonce Olivier Blanc. L’année 2009 a été marquée par l’introduction de six petits che- vaux de Przewalski. Découver- te en Mongolie, cette espèce est considérée comme l’ancêtre de nos chevaux. Le lynx qui avait rejoint Juraparc le 18 septembre dernier s’est échappé quelques jours plus tard de son enclos. Depuis, plus aucune nouvelle de cette jeune femelle qui avait été capturée dans la cour d’une école àWattenwill dans le can- ton de Berne. “On projette d’accueillir un autre lynx mais on n’ira pas au-delà car on est limité en place et on tient à pré- server suffisamment d’espace pour tous les animaux de Jura- parc.” F.C.

famille Blanc étof- fe l’attractivité du site en y incluant des loups en 2001 et des ours en 2002. Ces animaux sont placés dans trois parcs surmontés par une passerelle de 400 mètres de long située à 3 mètres du sol. Cet- te tribune est éri- gée face à une falai- se naturelle de 20 mètres de haut, ce qui rend l’observation plus facile et agréable sans déranger les bêtes. “Georges, l’ours mâle, pré- sentait des com-

Accueillir un autre lynx.

Julien Lagalice et Lucie Tonnaire : deux enseignants qui n’ont pas froid aux yeux…

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