La Presse Pontissalienne 122 - Décembre 2009

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 122 - Décembre 2009

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SOCIÉTÉ Catherine Agthe “L’assistance sexuelle est une réponse parmi d’autres” C’est pour que les personnes en situation de handicap puissent rompre avec un désert de sensualité, que Catherine Agthe, sexo- pédagogue a Genève, a mis en place une formation d’assistance sexuelle. Dix assistants sexuels, six femmes et quatre hommes, ont été formés pendant un an et offrent désormais un service charnel.

L a Presse Pontissalienne : En France, le sujet est encore tabou. Comprenez-vous que nous puissions comparer l’assistance sexuelle à de la prostitu- tion ? CatherineAgthe : Il faut comprendre que le contexte est différent. La Suisse est un pays où la prosti- tution est légale. À partir de là, il n’y a pas de problème avec le principe d’assistance sexuelle. En Suisse, les assistants sexuels sont assimilés à des prostitués, mais ça ne leur pose aucun pro- blème. L.P.P. : Qu’est-ce qui vous a poussé à former des personnes à l’assistance sexuel- le pour des personnes handicapées ? “Réticences dans les cantons

personnes, on peut considérer qu’elles peuvent elles aussi, com- me chacun d’entre nous, avoir des besoins affectifs, intimes et sexuels. L’assistance sexuelle est une réponse parmi d’autres à ces besoins et s’adresse uni- quement aux personnes qui le souhaitent. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une suppléance à une relation amoureuse. Ce ser- vice est adapté à une personne en situation de désert de sen- sualité. L’assistant sexuel va l’accompagner pendant une heu- re minimum (150 francs suisses pour une heure). L.P.P. : Comment avez-vous recruté les assistants sexuels ? C.A. : Au départ, une quarantai- ne de candidats ont déposé un dossier agrémenté notamment d’un extrait du casier judiciai- re et d’une lettre de motivation. À la suite d’entretiens, nous en avons retenu douze (N.D.L.R. : deux personnes ont abandon- né). Les assistants qui ont entre 35 et 55 ans, ont été sélection- nés de manière drastique pour suivre cette formation atypique et exigeante qui a duré un an (300 heures). Les cours abor-

daient le champ juridique, éthique, la connaissance des handicaps. Il n’est pas exigé de ces assistants qu’ils soient aptes à tout offrir jusqu’à la pénétra- tion. L’approche est d’abord sen- suelle. Néanmoins, nous avons demandé aux dix assistants, si certains étaient prêts à aller au- delà tout en sachant que 90 % des demandes qui nous sont faites de la part de personnes en situation de handicap ne sou- haitent pas un passage à l’acte sexuel avec pénétration. Nous avons reçu la demande d’une personne qui voulait juste une fois sentir le corps d’un homme à côté d’elle, qui ne porte pas de jugement sur son corps dys- morphique. L.P.P. : Les assistants sexuels vivent exclusivement de cette activité ? C.A. : Non, cela fait aussi partie de nos exigences. La personne doit justifier d’un emploi. L’assistance n’est qu’une forme d’activité accessoire. C’est très important qu’elle soit autono- me financièrement. L.P.P. : Comment parvenez-vous à éva- luer le désir de personnes handica-

Catherine Agthe préside l’association S.E.H.P. (sexualité et handicaps pluriels) qui a organisé la formation des assistants sexuels.

C’est un sujet qui reste tabou car il touche à l’intime et au han- dicap. Les premières assistances sont positives. Il y a toujours des petits problèmes de lieu pour organiser ces rendez-vous intimes. Ils se déroulent parfois au domicile de la personne en situation de handicap, à l’hôtel, voire au sein des structures d’accueil qui sont parfois réti- centes. L.P.P. : Il vous a fallu du temps pour mettre en place cette formation. À quelles difficultés avez-vous été confrontée ? C.A. : Je rappelle tout d’abord qu’en Allemagne et en Hollan- de, le principe d’assistance sexuelle existe depuis vingt ans. En SuisseAlémanique, deux for- mations ont été mises en place depuis 2001. C’est la première en Suisse Romande. Il y a tou- jours des réticences dans les

cantons suisses francophones influencés par le catholicisme. Cependant,Vaud et Genève sont ouverts, ce sont des cantons plus urbains aussi. L.P.P. : Vous avez été amenée à parti- ciper à plusieurs débats en France pour évoquer le sujet. L’idée chemine en France ? C.A. : J’ai été invitée en 2005 aux premiers états généraux du han- dicap, L’association des paraly- sés de France m’a fait venir pour en parler. Il y a un début de réflexion. Les associations de personnes qui ont un handicap physique y réfléchissent. Le débat est ouvert en France, mais le pas n’a pas encore été fran- chi. Propos recueillis par T.C.

pées qui n’arrivent peut-être pas à le formuler ? C.A. : Des personnes qui ont un handicap physique nous appel- lent pour exprimer leurs besoins. C’est plus complexe en effet pour les personnes atteintes d’un han- dicap mental ou psychique. La personne ne peut pas toujours exprimer ses besoins. Dans ce cas, c’est sur la base d’observation que les services d’un assistant sexuel peuvent être proposés. Une personne qui va toucher les éducateurs et les éducatrices, qui aura des gestes d’automutilation de son sexe, nous pouvons apporter une réponse. Mais il faut toujours au préalable une lecture et un décryptage précis des besoins. L.P.P. : La formation s’est terminée en juin. À quelles réactions avez-vous été confrontée ? C.A. : Les réactions sont diverses.

C.A. : Nous parlons de personnes en situation de han- dicap et pas de handicapés. Il s’agit d’abord d’hommes et de femmes. À partir du moment où nous changeons notre approche vis-à-vis de ces

suisses franco- phones.”

Renseignements : www.sehp-suisse.ch

Les salaires des frontaliers supérieurs de 50 % Un frontalier est en moyenne payé 50 % de plus qu’un salarié franc-comtois. Mais c’est sans compter les déplacements et les assurances-maladie complémentaires. ÉTUDE Observatoire

L e dynamique Observatoire Sta- tistique Transfrontalier de l’Arc Jurassien (O.S.T.A.J.) vient de livrer une nouvelle étude consa- crée à la comparaison des salaires entre la Franche-Comté et l’Arc jurassien suisse. Il ressort notamment de cette enquête que le salaire d’un frontalier est en moyenne 50 % plus important que celui d’un salarié en Franche-Com- té. Exemple : le salaire horaire brut des salariés travaillant dans le Doubs s’élève à 14,50 euros, contre 22,50 pour un salarié travaillant dans le canton de Neuchâtel, et 23,20 pour un salarié du canton de Vaud. Ceci dit, les sta-

tisticiens modèrent le propos : “Com- parer le revenu disponible des fronta- liers avec celui des salariés franc-com- tois nécessite la prise en compte de

re brut d’un frontalier reste inférieur à celui d’un travailleur suisse, mais la différence est néanmoins faible. En outre, “les frontaliers ne travaillent pas nécessairement dans les secteurs qui versent les salaires les plus élevés” ajoute l’observatoire.Ainsi, environ un tiers d’entre eux occupe un emploi dans la fabrication d’équipements électriques et électroniques (activité comprenant notamment l’horlogerie). Le secteur du commerce et de la réparation rassemble environ 15 % des frontaliers, les ser- vices aux entreprises 12 %. J.-F.H.

paramètres supplémen- taires difficilement mesu- rables, tels que le coût des déplacements, la néces- sité de prendre une assu- rance-maladie complé- mentaire, etc.” Autre constat de l’O.S.T.A.J. : quel que soit le secteur d’activité (sauf dans la chimie par exemple), le salaire horai-

23,20 euros de l’heure

dans le canton de Vaud.

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