La Presse Pontissalienne 122 - Décembre 2009

PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n° 122 - Décembre 2009

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SOLIDARITÉ

L’épicerie sociale de Pontarlier L’épicerie sociale ne désemplit pas Près de 100 familles pontissaliennes ont déjà bénéficié des services de l’épicerie

sociale, ouverte depuis six mois seulement. En première ligne, les mères seules.

L a porte s’ouvre. “Patientez ici que je vous donne un numéro” lâche un bénévole. Depuis son ouverture en juin, l’épicerie sociale de Pontarlier “Au p’tit panier” instal- lée dans les anciennes casernes Marguet ne désemplit pas, si bien que les bénévoles sont obligés d’organiser les entrées dans la petite salle où sont regroupés les aliments. Chaque mardi et vendredi après-midi, c’est malheureusement la même scène : un flot continu de personnes en situation de précari- té qui viennent remplir leur cabas…pour man- ger. “Je pense que la précarité ne fait qu’augmenter” lâche Martine Normand, pré- sidente de l’épicerie. Avec Claude, Daniel, Mireille Maryse, Michel…, ils sont au total une trentaine (souvent des retraités) à appor- ter leur soutien à des personnes en grande dif- ficulté. “On discute, on propose même un café” explique un bénévole. Pour bénéficier de cette aide, il faut avoir eu - en principe - un entretien avec un assistant Considérée comme une aide à la survie, lʼaide alimentaire est un complément de ressources à 17 900 personnes dans le Doubs, Territoi- re-de-Belfort et Haute-Saône. Le public accueilli a évolué : les familles monoparentales repré- sentent plus de 30 % des familles accompa- gnées, les travailleurs pauvres plus de 10 % des aides. Plus de 40 % des personnes béné- ficiant de cette aide ont moins de 25 ans et les retraités atteignent le chiffre inquiétant de 5 %. La banque alimentaire nʼa pas le moyen de contrôler si son aide touche bien les personnes souhaitées ou si certaines ne cumulent pas une aide dans diverses associations. Une frange de la population parviendrait à se nour- rir en limitant les frais. Ce contrôle, les béné- voles refusent de le faire. Banque alimentaire : les chiffres - 2009 : 1 400 tonnes de denrées collectées dans le Doubs. - 3 salariés, 1 000 m 2 dʼentrepôts, 5 véhicules dont 4 frigorifiques. - Aides à 19 associations (dont 3 épiceries sociales) à Besançon. - Aides à 6 associations dont lʼépicerie socia- le de Pontarlier et bientôt celle de Maîche (ouverture en mai 2010). Les retraités arrivent en masse

social. “Nous ne refusons l’entrée à personne. Toute personne qui vient à notre porte, nous lui don- nons à manger, dit la présidente. Ensuite, nous essayons de l’orienter vers une assistante sociale.” Cet- te aide ne peut dépasser les trois mois. Le principe est simple : la personne paye 10 % des aliments (exemple : elle repart avec 20 euros dans son sac alors qu’elle n’a payé que 2 euros). Loin des clichés, ce ne sont pas des S.D.F. qui viennent profiter de ce coup de pouce “mais beau- coup de mères de familles seules ou avec des enfants. Ce sont en majorité des gens touchant le R.S.A.” constate Martine Nor- mand. Pire, il y a beaucoup d’individus qui ont un emploi mais qui ne parviennent pas à s’en sor- tir. “Ce sont des travailleurs qui n’arrivent pas à faire plus de 20 heures par mois. C’est ce qui nous fait mal au cœur.” D’autres viennent de perdre leur emploi et sont ici pour passer ce mau- vais coup dur : “J’ai perdu mon

L’épicerie sociale de Pontarlier fait le plein. Pour 2 euros, vous repartez avec 20 euros dans votre sac.

“Beaucoup de travailleurs pauvres.”

travail d’aide à la personne car les personnes dont je m’occupais sont hospitalisées. Je fai- sais le ménage chez elles. Je n’ai pas retrouvé d’emploi et cette aide me permet de manger de tout” explique une dame, la quarantaine. Outre l’aspect nourriture, il y a l’aspect social, l’aspect dialogue : “On propose toujours un café une fois les courses finies et parfois, on propo- se des recettes de cuisine” évoque la présiden- te. Face à cet afflux, les bénévoles vont devoir collecter encore plus de denrées. Heureuse- ment, des grandes surfaces jouent le jeu ain- si que des producteurs du marché. E.Ch.

Martine Normand et l’équipe de bénévoles de l’épicerie sociale “Au p’tit panier”.

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