La Presse Pontissalienne 120 - Octobre 2009

L’ÉVÉNEMENT La Presse Pontissalienne n° 120 - Octobre 2009 GRIPPE A : COMMENT PONTARLIER SE PRÉPARE ? Pas encore enrhumée que Pontarlier tousse déjà. La Ville a pris toutes ses dispositions pour contrecarrer un risque de pandémie grippale - qui ne pointe pas encore le bout de son nez - en prévoyant une cellule de vaccination et en achetant des milliers de masques. L’hôpital est fin prêt et les établissements scolaires ont donné des consignes, pas toujours appliquées. Les collectivités ont choisi de ne pas badiner avec la santé publique… quitte à effrayer la population.

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LE POINT AU CENTRE HOSPITALIER 120 000 masques Grippe A : Pontarlier ne lésine pas Salles de réunions transformées en salles de tri, masques à disposition, plan de risques établi : l’hôpital de Pontarlier se dit prêt à affronter la grippe A… en attendant le pic.

P as question d’affirmer que l’hôpital en fait trop quant à la prévention et l’anticipation du risque grippe A. Avec la santé publique, le centre de Pontarlier ne veut pas jouer. Capable d’assurer le passage d’une centaine de patients dans son service d’urgences, l’hôpital de la capitale haut- doubienne a prévu un plan de continuité d’activité (P.C.A.) digne de ce nom depuis plusieurs semaines. Près de 120 000 masques ont été achetés, prêts à être distribués. Les solutions hydroal- cooliques sont légion, les conseils foisonnent. Certaines salles de conférences ont même été réquisitionnées et transformées en salles de tri pour personnes atteintes de la grip- pe A. Bref, Pontarlier ne badine pas. Recommandation du minis- tère de la Santé oblige. En septembre, le service des Urgences dirigé par Philippe Mar- guet n’a eu à traiter qu’un cas avéré. Pour l’heure, les cas sont redirigés vers le centre universitaire hospitalier de Besançon sachant que le C.H. de Pontarlier n’est pas “Centre de référence.”

En cas d’afflux importants de malades, Pontarlier sera capable d’accueillir les malades. “Nous avons de nouvelles données sur cet- te grippe. Nous savons notamment qu’elle est cinq fois plus conta- gieuse que la saisonnière mais elle n’est pas plus dangereuse, rap- pelle Emmanuel Grosjean, ingénieur et responsable des risques à l’hôpital de Pontarlier. Elle peut toucher 30 % de la popula- tion.” Jusqu’à ce début du mois d’octobre, le patron du S.M.U.R. de Pon- tarlier assure “qu’il n’est pas débordé avec la grippe.” Il se montre néanmoins très prudent : “L’avant-dernier week-end de septembre, nous avons eu 80 passages aux urgences pour de la “bobologie”. Si la grippe A venait se greffer, nous serions en dépassement.”

Dans le pire des cas, le “plan blanc” pourrait être activé sous décision du préfet ou du médecin res- ponsable des urgences. “Dans ce cas, il y aura une politique de choix dès lors qu’un patient arrivera aux urgences. Nous ne traiterons que les cas les plus sévères et renverrons les autres chez eux” évoque Philippe Marguet. Bien évidemment, on en est loin. Pour l’heure, les rouages semblent huilés pour parer à toute éven- tualité. En cas d’afflux, l’hôpital reverra l’arrivée des patients atteints de la grippe. Ceux-ci ne ren- treront pas par la porte des urgences mais par l’entrée située faubourg Saint-Étienne. Histoire de ne pas faire cohabiter lesmalades avec d’autres patients. “En ce moment, le système peut paraître lourd mais s’il devait y avoir un afflux important de malades, nous serons bien contents d’avoir mis en place ce système” enchérit Philippe Marguet. Les professionnels de santé - qui le désirent - seront vaccinés. Ceux, partis en retraite, pourront être réquisitionnés. “Nous avons des listings que nous mettons à jour tous les six mois sur la base du volontariat” concède Emmanuel Grosjean. Ce dis- positif aun coût pour la structure (achat demasques, permanences de médecins…). La santé n’a vrai- ment pas de prix. E.Ch.

Emmanuel Grosjean, ingénieur biomédical et Philippe Marguet - responsable des urgences de l’hôpital de Pontarlier - ont repensé l’organisation des urgences. Au cas où…

“Possibilité de déclencher

un plan blanc.”

TRAITEMENT Pas de symptômes spécifiques La grippe A est difficile à diagnostiquer

Les médecins ne peuvent pas établir le diagnostic de la grippe lors d’une simple visite. Il faut pour cela procéder à une prise de sang.

la prise de sang” explique un médecin du Haut-Doubs. Sylvie a eu droit à la prise de sang dont les résultats sont tombés deux semaines après le début de la maladie alors qu’elle était tirée d’affaire. “J’ai donc été traitée pour une grip- pe saisonnière et on m’a admi-

un masque. J’ai systémati- quement désinfecté tout ce que je touchais comme la télécom- mande de la télévision. Je n’ai plus embrassé mes enfants” raconte-t-elle. En respectant ces quelques règles, elle avoue n’avoir contaminé personne. Le ministère de la Santé a annoncé que la campagne de vaccination contre la grippe A doit débuter d’ici la fin dumois d’octobre. Les autorités sani- taires expliquent que les patients devront se rendre dans les centres de vaccination pré- vus à cet effet. Huit centres ont été identifiés dans le Doubs. Il s’agit de Besançon, Mont- béliard, Audincourt, Maîche, Pontarlier,Morteau,Valdahon, Baume-les-Dames et Saint- Vit.

L es premiers symptômes sont apparus un soir. “J’avais 40 de fièvre. Le lendemain, ça a pris de l’ampleur avec une toux impres- sionnante et des courbatures” raconte Sylvie qui se rétablit de la grippe A après deux semaines de maladie. Lors- qu’elle s’est présentée affai- blie chez son médecin géné- raliste, rien ne permettait de dire qu’elle avait contracté le virus H1N1. C’est tout le problème de cet- te pathologie qui n’est pas dia- gnosticable en tant que telle. En effet, le faisceau de symp- tômes de la grippe A est com-

mun à plusieurs maladies, à commencer par ceux de la grip- pe saisonnière. Pour savoir s’il s’agit véritablement du virus H1N1, le seul moyen efficace est d’effectuer une prise de sang. Désormais, un diagnos- tic rapide peut-être fait en 12 heures par un laboratoire agréé. Face à l’incertitude du dia- gnostic, les médecins généra- listes n’ordonnent pas systé- matiquement l’analyse sanguine. Le plus souvent, ils essaient d’abord un traitement. “Si l’état de santé ne s’améliore pas ou se dégrade, on pousse plus loin les investigations par

nistré six jours de traitement” ajoute-t-elle. Par sécurité, dès l’apparition des premiers symp- tômes, Sylvie a tout de suite considéré qu’il pouvait s’agir d’une grippe A. Alors, pour éviter de conta- miner son entourage, “j’ai porté des gants,

“Je n’ai plus embrassé mes enfants.”

Zoom Vaccinations à l’ancienne caserne des pompiers S ur décision préfectorale, la vaccination dʼune partie de la population peut être réalisée. À Pontarlier, plusieurs espaces sont prévus pour accueillir les personnes qui seront les pre- mières vaccinées. Lʼancienne caserne des pompiers pourrait devenir ce lieu.

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