La Presse Pontissalienne 120 - Octobre 2009

POLITIQUE

La Presse Pontissalienne n° 120 - Octobre 2009

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POLITIQUE Élection régionales de mars 2010 Marie-Guite Dufay fera-t-elle le poids ?

POLITIQUE Officielle depuis le 1 er octobre Marie-Guite Dufay entame sa mue chain. Ce premier palier franchi, elle devra gérer les rapports de force avec les autres composantes de sa majorité actuelle. Son principal adversaire reste néanmoins l’U.M.P. Alain Joyandet, qui, jusque-là et même s’il existe a priori une incompatibilité entre une fonction de membre du gouvernement et président d’un exécutif local, comptait sur sa stature ministérielle pour faire basculer la Région à droite. Quels sont les atouts de la présidente Dufay, comment se démarquera-t-elle ? Le marathon électoral est lancé. Le 1 er octobre, la présidente de Région Marie-Guite Dufay était officiellement désignée par ses pairs comme la candidate officielle du P.S. aux prochaines élections régionales, en mars pro-

La présidente de Région a reçu le soutien quasi unanime de ses pairs.

Présidente en exercice, elle devra progressivement se muer en candidate à poigne pour tenter de barrer la route aux ambitions affichées de son principal adversaire, l’U.M.P. Alain Joyandet.

quatre coins de la Franche-Comté. Marie-Guite Dufay veut s’en tenir à un bilan, à un projet. “Elle n’est pas dans le bling-bling” confie un de ses proches soutiens. Une besogneuse, “un bourreau de travail” selon ses proches, qui préfère bosser ses dossiers que cise- ler la phrase assassine. Le scoop qu’elle a annoncé ce jour-là, c’est “l’envie qui m’anime. Surtout en ce moment, à l’heure où les collectivités sont mises à mal, méprisées, et que le P.S. laisse l’impression d’être un parti vide d’idées et de sens, cela à cause notamment d’une mauvaise représentation de la société à l’intérieur de ce parti.” Après le 1 er octobre et sa désignation

officielle en tant que tête de liste P.S. aux régionales de mars prochain, la présidence se muera progressivement en candidate. Elle promet de ne pas brusquer les choses. “Je mets un point d’honneur à être présidente jusqu’au bout. Le temps de la campagne vien- dra au dernier moment” dit-elle. “Elle fera une campagne “à la Marie-Guite” insiste Jean-Louis Fousseret. Comme on la connaît : simple, authentique, sans esbroufe.” Mais une campagne “à la Marie-Guite” suffira-t-elle pour s’imposer dans la vraie première gros- se bataille électorale qui l’attend en mars prochain ? J.-F.H.

Ses atouts - Elle nʼest pas la spécialiste des coups dʼéclat. - Sa simplicité, sa proximité. - Avoir un mandat unique et revendi- quer le non-cumul. - Être la présidente sortante. - Ne pas faire de “lʼanti-joyandisme” pri- maire. - Être une femme. Ses faiblesses - Son manque dʼenvergure nationale. - Son sens du consensus. - Le rouleur compresseur “Joyandet”. - La conjoncture économique régionale. - Être une femme.

“M arie-Guite et ses porte- flingue”, feuilleton de l’automne dont le premier épisode a eu lieu le 5 septembre der- nier au siège du P.S. Au centre, Marie- Guite Dufay, présidente sortante du Conseil régional de Franche-Comté, candidate à sa propre succession. Autour d’elle, les hommes forts du P.S. local qui tapent à qui mieux mieux sur le can- didat U.M.P. Alain Joyandet. Elle, polie, reste fidèle à sa réputation de femme respectueuse, elle ne pro-

nonceramême pas une seule fois le nom de son futur adversaire principal. Ses voisins s’en sont chargés pour elle ce jour-là, quand elle s’est presque excu- sée d’avoir convoqué les journalistes pour officialiser ce que tout le monde savait déjà : sa candidature aux pro- chaines régionales. Elle a donc laissé à d’autres le soin de traiter Alain Joyan- det de “clone de Sarkozy” (dixit Pierre Moscovici), de “Père-Noël avec sa hotte de secrétaire d’État” , ou de vilipender le secrétaire d’État omniprésent aux

ANALYSE

Son principal adversaire

L’anti-joyandisme

COMMENTAIRE Renouvellement d’un tiers “Œil pour œil dent pour dent,

primaire ne paiera pas

“L e vrai adversaire, c’est Alain Joyandet. Il a une façon d’être, de penser, d’agir qui rappelle furieusement celle du pré- sident de la République. Il paraît clo- né sur Sarkozy. Je ne voudrais pas que la Franche-Comté ait à sa tête un Sarkozy local. Alain Joyandet ne doit pas devenir président de cette Région.” Ce commentaire n’est évi- demment pas signé de Marie-Guite Dufay, elle émane de Pierre Mosco- vici qui, à l’image de la plupart des soutiens de la présidente de Région, a décidé de faire d’Alain Joyandet le principal sujet de la future cam- pagne. Et les élus P.S. jurassiens de s’offusquer que le secrétaire d’État soit venu inaugurer un salon à Lons-

le-Saunier, n’attendant même pas la présidente de région pour couper le ruban. Et Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon, de s’émouvoir d’avoir reçu un courrier d’invitation émanant du secrétaire d’État pour la dernière Foire comtoise, “une manifestation que j’organise en tant que président de la S.E.M. Micropolis. le comble !” s’indigne le maire de Besançon. Seule la présidente de Région ne pro- noncera pas une seule fois le nom de son futur adversaire. Peut-être a-t-elle compris la leçon nationale que l’anti-sarkozysme primaire n’a jamais servi les intérêts de la gauche. Alors pour la Franche-Comté, ce sera sans doute la même chose avec l’anti- joyandisme primaire…

ce n’est pas mon truc”

L a Presse Pontissalienne : Vous sentez-vous dans la droite ligne de votre pré- décesseur Raymond Forni ? Marie-Guite Dufay : Complète- ment et je le revendique. J’ai pris sa succession dans les circonstances que l’on sait dans l’idée d’assurer son relais, sans autre plan pré- cis que de terminer aumieux le mandat en cours. J’étais trop proche de Raymond For- ni pour ne pas avoir envie de faire ce qu’il n’avait pas pu terminer. Je me suis cou- lée dans le moule. L.P.P. : Et le goût du pouvoir a pris le dessus ? M.-G.D. : Le pouvoir de tran- cher, c’est forcément moti- vant. Aujourd’hui, je ne vois pas pourquoi je ne conti- nuerais pas. Autant il y a deux ans on m’a poussé à prendre la succession de Ray- mond Forni, autant cette fois- ci, je suis dans une certaine logique de continuité. L.P.P. : La position des Verts vous irrite ? M.-G.D. : Il y avait la possibi- lité de créer une vraie dyna- mique dès le départ, c’est regrettable. Je suis pantoi- se quand j’entends aujour- d’hui certains d’entre eux pro-

poser de faire une campagne commune avec nous et qu’en même temps ils préparent leur propre liste ! Une nou- velle fois, on assistera à une cuisine électorale d’entre deux tours, cela se jouera sur le rapport de force à l’issue du premier tour. Après, on s’étonne que les Francs-Com- tois n’y comprennent plus rien ! L.P.P. :Vous souhaitez apporter du sang neuf avec des candidats issus des quartiers et des jeunes. Et les sortants ? M.-G.D. : Je suis favorable à un renouvellement de plus d’un tiers des candidats dans notre équipe. L.P.P. : Face à un adversaire de la trempe d’Alain Joyandet, il va fal- loir montrer les dents ! M.-G.D. : Je ne pense pas que c’est en épousant les armes de l’adversaire que l’on peut réussir. Œil pour œil dent pour dent, ce n’est pas mon truc. J’aurai à cœur de défendre un projet, pas d’attaquer mes adversaires. Lui fait son travail de ministre, moi je fais mon tra- vail de présidente de Région. Chacun avec ses armes. Les Francs-Comtois jugeront. Propos recueillis par J.-F.H.

Le maire de Vesoul, s’il est tête de liste, ne partira pas en campagne avant janvier.

Les atouts d’Alain Joyandet - Son aura nationale. - Sa présence sur le terrain franc-comtois. - Sa nature de “bête” de la politique”. - Lʼimpression dʼunité de la droite. - Son ambition.

Les faiblesses d’Alain Joyandet - Sa volonté de cumul des fonctions. - Sa médiatisation. - Son opportunisme (lʼaffaire du B.R.C.). - Son ambition.

Marie-Guite Dufay : “Ce n’est pas en attaquant l’adversaire que l’on fait avancer le débat.”

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