La Presse Pontissalienne 120 - Octobre 2009

MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS

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La Presse Pontissalienne n° 120 - Octobre 2009

L’avis d’un spécialiste “Un piège à froid” Directeur de recherche au C.N.R.S., professeur à lʼUniversité de Franche-Comté et spécialiste notamment du climat, le Bisontin Daniel Joly nʼest pas surpris que lʼon retrouve encore de la neige dans cette cavité en plein mois de septembre : “Cet aven miniature fonctionne comme un piège à froid. La zone boisée permet un rayon- nement solaire limité et le fait qu’il y ait peu de turbulences permet à l’air froid de rester au fond du trou (…) car le vent ne s’y engouffre pas. C’est le même principe qu’une cave.” Ce genre dʼendroit est-il amené à disparaître avec le réchauffement annoncé ? “Il faudrait prendre régu- lièrement la température pour le dire. On ne peut pas affirmer que ce genre d’endroit est amené à disparaître car il n’est pas totale- ment connecté au climat. Le site a cette particularité de ne pas céder le froid facilement mais de le stocker” explique le chercheur. Dʼautres lieux sont similaires sur le massif : outre la grotte de la Glacière, on retrouve le Creux de la Glace (Chasseral), la Glacière de Monlesi, le gouffre de Belle- vue (massif du Mont dʼOr), le sapin de la Glacière (forêt de la Joux), le Creux à la neige (Bois dʼAmont)…

NATURE Un phénomène rare La “Neigère” retrouve sa neige Au sommet du Crêt Moniot, une cavité nichée entre les sapins abrite de la neige toute l’année, même en été. Dans un contexte de réchauffement climatique, “la Neigère” a tenu le choc. Visite.

L e climat serait-il aussi détracté que l’on veut bien le dire ? Pour en avoir le cœur net, direction “la Neigère”, gouffre situé au sommet du Crêt Moniot à environ 1 100 mètres d’altitude. Au cœur du Saugeais, cette avène minia- ture est connue des habitants du cru. Il y a moins d’un siècle, la Neigère ain- si que la Glacière du Crêt Moniot n’étaient ni plus ni moins que le réfri- gérateur de Pontarlier ou de Morteau. La neige accumulée tout au long des longs mois d’hiver dans cette grotte ver- ticale se stocke naturellement au fond du trou. Il y a près de cent ans, la gla- ce récupérée une fois les premières cha- leurs venues alimentait l’hôpital de Pon- tarlier ou les caves des brasseries de Morteau. Depuis, la modernité est pas- sée par là… le réchauffement clima- tique également. D’une année sur l’autre, la présence de neige était devenue de plus en plus aléa- toire. Exemple en novembre 2007 : après un hiver peu neigeux et un été humi- de, on ne retrouvait plus un flocon au fond de cette dernière. Idem en 2005. Restait à savoir si en septembre 2009, la neige était revenue. Pour être fixé,

L’entrée de la Neigère, une grotte verticale d’une vingtaine de mètres.

rien d’autre qu’une visite au cœur du gouffre. Guidé par “Milo” Brutillot, agri- culteur retraité à la Montagne-de-Gil- ley qui connaît le coin comme sa poche, plongeon dans le gouffre. Après quelques minutes de marche, une petite pancarte indique le lieu. Appa- reil photo autour du cou, la descente -

trer au fond de l’abîme. Une fois au point le plus bas, l’air est si froid que l’impression de chair de poule n’est pas loin. Reste à bien ouvrir les yeux : entre deux failles rocheuses, la neige est là ! Pas de quoi faire un bonhomme de nei- ge certes, mais de quoi être rassuré. Sur une longueur d’une cinquantaine de centimètres et une trentaine de hau- teur, le blanc saute aux pupilles. Non, la Neigère n’est pas orpheline ! Néan- moins, cette présence demeure fragile. Si - à juste titre - le secrétaire général de l’O.N.U. Ban Ki-moon s’est alarmé de l’accélération du réchauffement cli- matique, avertissant que le monde “fon- ce vers l’abîme en matière de climat” , la Neigère tient encore le choc. Le Sau- geais résiste. Pour combien de temps encore ? E.Ch.

une quinzaine demètres - peut débuter. À mesu- re que l’on descend, la température chute. En été, la variation de tem- pérature avoisine les 25 degrés. Un phénomène purement physique : l’air froid, piégé dans le gouffre, est entretenu par le contexte boisé. En effet, aucun rayon de soleil n’arrive à péné-

“25 degrés d’écart en été.”

La neige de l’hiver, cachée entre deux failles rocheuses. Magique.

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