La Presse Pontissalienne 120 - Octobre 2009

FRASNE-LEVIER

La Presse Pontissalienne n° 120 - Octobre 2009

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VALLÉE DU DRUGEON Une levée de boucliers Réserve naturelle nationale : à peine murmurée, déjà décriée Même si ce n’est encore qu’une piste de réflexion, le sujet de créer une réserve dans la vallée du Drugeon suscite la colère des chasseurs, pêcheurs voire des agriculteurs.

“A vec Natura 2000, c’est tout juste si on a le droit d’en- lever un caillou dans un champ” , indique cet agriculteur de la vallée qui ne voit pas forcément d’un bon œil le durcissement des mesures de protection qu’imposerait la création d’une réserve natu- relle nationale. Les pêcheurs parlent d’une mise sous cloche du territoire, les chasseurs crai- gnent la radicalisation des rap-

ports avec les collectivités. Clau- de Dussouillez, le président de la C.F.D. (communauté de com- munes Frasne-Drugeon) est surpris d’une telle levée de bou- cliers. “On n’en est encore qu’au stade de la réflexion et les chas- seurs ont déjà débattu du sujet en réunion. Ils réagissent com- me si c’était déjà fait. Il ne faut pas confondre idée et projet. Cette réserve naturelle natio- nale n’a donné lieu à aucun débat, aucun dossier et encore

moins aucun vote au conseil communautaire.” Qu’est-ce qui nourrit cette réflexion ? Elle s’inscrit dans la volonté de poursuivre les actions entreprises dans la ges- tion des milieux naturels de la vallée du Drugeon. Ce qui sup- pose des moyens humains et financiers. Trois équivalents temps plein interviennent aujourd’hui à la C.F.D. sur le volet environnemental finan- cé par l’intercommunalité avec

Chasseurs et pêcheurs estiment que les dispositifs déjà en place : Natura 2000 et arrêté de protection de biotope encadrent suffisamment bien la gestion des milieux naturels. Inutile d’en rajouter.

le soutien de l’État, l’Agence de l’eau, le Conseil régional et le Conseil général. “Le gros des

aménagements étant terminé, on ne touche plus que des aides sur le fonctionnement. Les- quelles tendent à s’effilocher d’où la recherche de solutions.” Deux scénarios sont envisa- geables. Le premier passe par la création du syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs. C’est l’option pri- vilégiée par les élus de la C.F.D. Elle permettrait d’étendre ce qui se fait sur le Drugeon à l’en- semble de la haute vallée du Doubs. Le syndicat prendrait la compétence gestion des milieux naturels et le person- nel de la C.F.D. dédié à cette mission serait transféré.Autre avantage et non des moindres, le Conseil général assurerait 40 % du fonctionnement de la structure. Encore faut-il que ce projet aboutisse. À défaut, la création d’une réser- ve naturelle nationale pourrait constituer une autre alterna- tive. Son périmètre se super- poserait à celui couvert par l’ar- rêté de protection de biotope, soit 3 200 hectares. Question finances, c’est un peu le jack- pot avec la garantie du soutien important duministère de l’Éco- logie. “La vallée du Drugeon n’est pas à vendre” , s’insurge Guy Charberet. Le responsable de l’association des proprié- taires du lac de Bouverans esti- me qu’une réserve naturelle nationale n’apporterait rien de nouveau si ce n’est des contraintes supplémentaires et inutiles. “En plus de la régle- mentation classique, la gestion de la pêche prend aussi en comp-

te les modalités définies par Natura 2000 et l’arrêté de pro- tection. La préservation de la faune piscicole est encadrée par tout un arsenal de mesures.” Guy Charberet rappelle l’im- plication des pêcheurs qui ont financé eux-mêmes la réalisa- tion d’une prise d’eau entre le Drugeon et le lac pour éviter qu’il ne s’assèche trop souvent. Les chasseurs sont sensible- ment sur la même longueur d’ondes. Le Groupement d’in- térêt cynégétique de la vallée du Drugeon fédère une dizai- ne d’A.C.C.A. locales. Il a lui aussi adopté une démarche volontariste dans la valorisa- tion des milieux naturels. “On a acquis deux chevaux utilisés dans l’entretien des zones humides. On a participé à la création des pâturages destinés aux limicoles” , explique Gilles Mareschal du groupement. Les chasseurs du Drugeon se sen- tent bien dans le dispositif Natu- ra 2000. Ils se plient aux pré- conisations de l’arrêté de protection de biotope qui n’a pas pour finalité d’arrêter ou d’interdire la pêche ou la chas- se. “Il en va tout autrement d’une réserve naturelle nationale sur- tout quand elle se situe en zone humide. Un des articles du décret d’application stipule qu’on peut aller jusqu’à l’interdiction pure et simple de ces activités” , poursuit Gilles Mareschal qui craint de voir resurgir de vieux démons si cette réserve natu- relle voit le jour. F.C.

Le Groupement d’intérêt cynégétique de la vallée du Drugeon a participé à l’acquisition des chevaux qui pâturent aujourd’hui dans les zones humides.

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