La Presse Pontissalienne 120 - Octobre 2009

SANTÉ

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La Presse Pontissalienne n° 120 - Octobre 2009

SENSIBILISATION

Le don d’organes en question

80 Francs-Comtois en attente d’un rein La Franche-Comté était cette année en dessous du seuil national en matière de dons d’organes. Pour inverser la tendance, la sen- sibilisation est impérative. État des lieux local.

I nciter la population à réflé- chir sur le sujet, c’est une fois de plus le message que les bénévoles des “Boucles du don” ont voulu fai- re passer le 6 septembre der- nier lors de la journée annuel- le de sensibilisation au don d’organes. Dans l’absolu, cha- cun d’entre nous est un don- neur potentiel. “Sauf si de son

vivant on s’est opposé au don d’organe” précise Yvette Hudel, l’infirmière coordinatrice des prélèvements au C.H.U. de Besançon. Et pour s’opposer, il existe deux manières : l’inscription au registre des refus géré par l’agence de la biomédecine (seuls 72 000 Français y sont inscrits à ce jour). Ou alors en transmet-

Yvette Hudel, coordinatrice des prélèvements au C.H.U. de Besançon, Bernard Mismetti, du Kiwanis et Christian Magnin-Feysot, membre du collectif d’associations pour le don d’organes.

tant sa volonté à sa famille. Et c’est bien là que la loi lais- se grand ouvert le champ des possibles. Souvent, c’est la famil- le meurtrie par la mort encé- phalique d’un proche qui s’oppose au don. Peur que le corps du proche soit “mutilé”, émotions fortes du deuil… Les raisons du refus par la famille sont multiples, parfois irra- tionnelles. Il n’empêche : 31 % de refus au don ont été enre- gistrés sur le plan national l’an dernier, 39 % en Franche-Com- té. Ce taux supérieur à la moyenne ne s’explique pas, d’autant que les années précé- dentes, Besançon faisait sou- vent mieux que le reste de la France. “Souvent, ce qui conduit au refus, c’est l’ignorance de la volonté de la personne” ajoute M me Hudel. Les possibilités de dons sont déjà très restreintes : il faut que le donneur potentiel soit en état de mort encéphalique, c’est-à-dire que le cerveau soit détruit totalement ou de maniè- re irréversible mais que le cœur continue à battre. Le patient doit également être en réani- mation dans un hôpital. Seuls 0,5 % des décès en France, soit 3 180 l’an dernier, étaient dans ce cas de figure de donneurs potentiels. Et sur ces donneurs potentiels, 1 562 ont été préle- vés. “C’est pour cela qu’il est impératif que les familles réflé- chissent en amont de manière à ce que la décision soit prise de la manière la plus libre pos- sible” commente Christian Magnin-Feysot, membre du col- lectif d’associations du don d’organes et lui-même bénéfi- ciaire d’une greffe il y a 14 ans.

Sachant qu’un donneur peut donner jusqu’à 5 organes, donc sauver 5 vies, réfléchir sur le sujet en vaut vraiment la pei- ne. 13 000 personnes sont en attente d’une greffe en France, dont 8 800 rien que pour le rein. 230 personnes meurent tous les ans sur les listes d’attente. En Franche-Comté, on recense 80 patients en attente de reins, 40 autres en attente d’un foie. L’an dernier, une cinquantaine de reins et une trentaine de foies ont été greffés à Besançon. “On a quatre fois plus de risques d’être receveur d’organes que donneur. Et si on est prêt à rece- voir un greffon, alors on doit être prêt à donner” note Yvette Hudel. Alors réfléchissons… J.-F.H. Dons d’organes et transplantations en Franche-Comté du rein : 895 de 1974 à 2008 35 greffes à partir de donneurs vivants Transplantations du foie : 527 de 1986 à 2008 Greffes de cornées : 60 greffes par an 1 430 greffes de 1984 à 2008 Greffes de moelle 1 000 allogreffes et 650 auto- greffes de 1979 à 2008 Transplantations

Les prélèvements 470 prélèvements dʼorganes de 1985 à 2008 Environ 1 474 greffons proposés à la transplantation Les patients en attente en Franche-Comté 80 pour le rein 40 pour le foie

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