La Presse Pontissalienne 120 - Octobre 2009

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 120 - Octobre 2009

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ANALYSE Des taux d’intérêt intéressants “Les feux sont à nouveau au vert” Patrick Chopard est responsable de plusieurs agences de courtage en Franche-Comté, dont une basée à Pontarlier. Il est au cœur des problématiques liées à l’immobilier et aux questions de financement. Il analyse le marché bisontin actuel.

L a Presse Pontissalienne : On peut parler de crise de l’immobilier durant l’année écoulée ? Patrick Chopard : Entre une crise et un ralentissement, il y a une grande différence. On a assisté à un ralentissement, rien de plus. Si le marché s’est écroulé un jour, c’est déjà derrière nous. L.P.P. :Lemarché de l’immobilier repart- il donc vraiment ? P.C. : Il y a des signes très posi- tifs : depuis cet été, on trouve des prix bas et des taux bas. C’est à peu près la situation que l’on a connue en 2003 ou en 2006. J’estime que les feux sont à nou- veau au vert. Il y a encore des produits que l’on peut trouver trop chers mais la personne qui est unminimum avertie va trou- ver en ce moment de très bonnes affaires. On peut dire que le

avec les crédits-relais mais tous les produits sous crédits-relais ont été éclusés et les fonda- mentaux du crédit sont à nou- veau ouverts. Les choses redé- marrent, la seule différence c’est que les gens prennent plus leur temps qu’avant. L.P.P. : Les prêts sur 30 ans existent- ils toujours ? P.C. : Bien sûr, pas moins qu’avant. Sachant que la plu- part du temps, ils ne vont pas jusqu’au bout, il y a des rem- boursements anticipés. La durée moyenne d’un prêt immobilier en France est de 8 ans seule- ment.

Il est encore trop tôt pour dire que l’on assiste à une vraie repri- se, mais il y a du mouvement, c’est indéniable. C’est plus qu’un frémissement. Il y a enfin le cas des appartements des années soixante que les acquéreurs sem- blent bouder. En réalité, ils se vendent toujours mais à des prix inférieurs au mètre carré. Mais ce constat vaut déjà depuis plu- sieurs années. L.P.P. : Et le marché du neuf ? P.C. : On constate une baisse des mises en chantier mais le neuf se maintient néanmoins à un très bon niveau grâce à l’entrée en application de la loi Scellier qui a fait le plus grand bien. Le neuf est en fait porté par les investisseurs. L.P.P. : Les banquiers jouent à nouveau le jeu ? P.C. : L’argent aujourd’hui ne s’achète pas cher. L’an dernier, les banquiers étaient réticents, aujourd’hui ils sont vigilants. Les banquiers ont pris des bouillons. L’idée est donc de ne pas retomber dans la même folie mais la prudence actuelle n’est pas pour autant un frein. Des prêts à 110 % avec le finance- ment intégral du projet ainsi que des frais de notaire, on les a toujours faits et on les fait tou- jours. On a toujours passé du 110 % même au plus fort de la crise. Sur le plan bancaire, il y a eu un cap un peu difficile à gérer

Patrick Chopard est le gérant de la société “In and Fi” à Pontarlier, spécialisée dans le courtage de crédits.

l’immobilier reparte vraiment, les seuls freins à craindre sont les situations individuelles des salariés liés à la crise écono- mique.

L.P.P. :Alors c’est lemoment d’acheter ? P.C. : C’est en effet le bonmoment, mais à condition de bien regar- der ce qui se passe, en prenant son temps. On peut se mettre en ce moment à la recherche du coup de cœur. Pour que

L.P.P. : Les rapports entre acheteurs et vendeurs se sont inversés ? P.C. : En effet, l’acheteur fait aujourd’hui un peu plus la loi mais je pense que tout cela ne va pas durer bien longtemps.

Propos recueillis par J.-F.H.

ENVIRON 4 %

La bonne période

marché s’est assaini, il a retrouvé des cou- leurs. L.P.P. : Qu’est-ce qui se vend bien à nou- veau ? P.C. : Les biens très chers se ven- dent toujours. Il y a eu un trou pour les biens situés entre 250 000 et 300 000 euros mais cette fois, ça semble repartir.

Les taux d’intérêt sont très bas Après avoir flirté avec les 7 %, les taux d’intérêt sont à nouveaux très bas. Ce signe devrait encourager les particuliers à investir mais la confiance tarde à revenir.

“Se mettre à la recherche du coup de cœur.”

L es taux d’intérêt sont repartis à la baisse. Ils se situent actuellement entre 4 % et 4,5 % pour des prêts immobiliers qui courent sur vingt ans. C’est un argu- ment majeur pour inciter les

particuliers à investir. Mais ce n’est pas le seul. “Nous dispo- sons aujourd’hui d’un large panel d’instruments financiers adaptables au profil des clients que nous n’avions pas jusqu’à présent. Les banques ont fait

des efforts sur leurs marges, on retrouve progressivement une dynamique du crédit” explique Pierre Manchon, directeur général du réseau Square Habitat en Franche- Comté. Il existe par exemple des outils qui permettent de faire varier de plus ou moins 30 % le mon- tant des mensualités sur la durée du prêt en fonction de la situation de l’emprunteur. “En accord avec sa banque, il peut décider de faire une pau- se dans les mensualités, d’envisager un report. Fran-

chement, c’est la bonne pério- de pour acheter. Les taux d’intérêts sont bas, les banques disposent de différentes for- mules pour accompagner leurs clients, elles ont des outils de management de la dette finan- cière, et les prix de l’immobilier baissent” estime le spécialis- te. Malgré tout, inquiets de l’état de la conjoncture écono- mique, les acquéreurs tardent à reprendre confiance. Malheureusement, il n’est pas impossible que les taux d’intérêt repartent à la haus- se dès l’année prochaine.

Pierre Manchon estime aussi qu’un outil comme le Pass-Foncier est de nature à favoriser l’accession à la propriété

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