La Presse Pontissalienne 120 - Octobre 2009

PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n° 120 - Octobre 2009

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LEVIER

Créations originales Des meubles en carton qui cartonnent Érika Fathallaoui vient de créer sa propre entreprise à travers laquelle elle imagine, fabrique et commercialise

du mobilier en carton recyclé.

Globaliser le traitement Ordures ménagères : en route vers la valorisation globale Le centre de traitement et de valorisation des déchets ménagers du Haut-Doubs a 20 ans. Bilan et perspectives. L a légitimité de lʼusine dʼincinération nʼest plus à faire. À sa création en 1989, cet outil géré par le syndicat mix- te dʼétude et de traitement des ordures ménagères ou S.M.E.T.O.M. sʼinscrivait déjà dans une démarche de déve- loppement durable avec son réseau chaleur. Ce procédé de valorisation énergétique dessert aujourdʼhui 23 clients publics et privés dont lʼhôpital qui “consomme” à lui seul 35 à 40 % de la production. Lʼactivité représente 1,2 million dʼeuros de chiffre dʼaffaires annuel. Et ce réseau est encore perfectible sachant quʼune partie de lʼénergie produite en été ne sert à rien, faute dʼutilisateur. “Il faudrait trouver de nouveaux clients en saison estivale. Ce qui signifie forcément l’extension du réseau” , explique Bernard Lorenzini, le responsable de lʼusine exploitée depuis 20 ans également par Novergie Centre Est. Cette socié- té a obtenu cette année le renouvellement du contrat dʼexploitation de lʼusine et du réseau chaleur jusquʼen 2024. Un contrat à 38 mil- lions dʼeuros. Le S.M.E.T.O.M. traite les déchets de 207 communes pour une population dʼenviron 125 000 habitants. Ce territoire sʼétale sur la moitié du département. En 20 ans, le syndicat présidé aujour- dʼhui par Claude Dussouillez nʼa cessé dʼinvestir dans la moder- nisation du site : mise aux normes européennes dans le traite- ment des fumées en 2001, optimisation du process de traitement ou encore lancement dʼune filière déchets verts avec la création dʼune plate-forme de compostage en 2006 à Pontarlier…Autant de réalisations qui nʼont fait quʼaméliorer les “performances” de lʼusine. “On traite 35 000 tonnes de déchets par an. Tout ne brû- le pas. Les cendres ou mâchefers obtenus à la fin du process représentent 20 % du volume initial dont 17 % sont ensuite inté- grés en technique routière. Au final, il reste seulement 3 % de produits résiduels, contre 4,5 % il y a quelques années. Ils sont envoyés dans un centre de traitement de déchets ultimes” , pour- suit Bernard Lorenzini. La diminution de ce taux passe par lʼamélioration du tri citoyen. Ne jetez pas vos piles usagers par exemple. Le S.M.E.T.O.M. souhaite aussi sʼimpliquer davantage dans le traitement et la valorisation de tous les déchets. Il sʼest engagé dans un pro- cessus de révision statutaire qui lui permettra dʼassumer le trans- port des bennes en provenance des déchetteries et le tri des déchets à recycler. Pour ce faire, il proposera prochainement à tous ses délégués de valider la construction de lʼunité de broya- ge des encombrants et de centre de transfert des déchets à recy- cler. À plus long terme se posera ensuite la question de fusion- ner dans une seule et même structure les compétences collecte et traitement. “Le taux de

C’ est au rez-de-chaussée de la maison familiale qu’Érika Fathallaoui a aménagé son atelier. D’un tem- pérament bricoleur, cette ancien- ne coiffeuse qui a quitté la vie de salon pour se consacrer à ses enfants, s’est lancée dans la fabrication de meubles en car- ton. Elle s’intéresse à ce concept original depuis quatre ans. “J’ai commencé par faire des meubles pour des associations. Ils étaient vendus notamment au bénéfice de l’école” dit-elle. Face à

Érika Fathallaoui a de la suite dans les idées.

envies mais aussi de celles des autres. Parfois des clients lui soumettent l’idée du meuble en carton qui agrémentera leur intérieur et elle se charge de le réaliser. Cette artiste n’est pas du gen- re à garder pour elle son savoir- faire. Au contraire, son plaisir est de le partager. Pour cela, elle organise des stages le week-end durant lesquels elle apprend à des adultes à utiliser les outils avec lesquels ils façonneront le carton. Chacun se met ensuite au travail et réalise le projet qu’il souhaite. “Mon objectif est qu’à la fin du week-end, chacun reparte avec le meuble qu’il a créé.” Érika Fathallaoui accueille deux à quatre personnes pen- dant les stages dans une ambian- ce conviviale et familiale. T.C.

collectée, “on peut tout faire. Il n’y a plus de limites si ce n’est celle de mon imagination.” Éri- ka n’en manque pas. En fonc- tion de l’humeur du jour, elle crée des fauteuils pour enfants aux formes drôles et colorées, des bibliothèques, des tables basses de salon, des chaises, des étagères et même bientôt un canapé. “Tout est possible et c’est solide ! Pour cela, le carton est magique” sourit-elle. Elle des- sine, découpe, assemble les pièces en respectant à chaque fois des principes de fabrication pour assurer la rigidité et la longé- vité dumobilier. Écologiste dans l’âme, elle fabrique elle-même sa colle à base de farine et d’eau. Les meubles sont peints et trai- tés pour résister à l’eau. “Je fais tout de A à Z.” Érika Fathal- laoui crée en fonction de ses

entrepreneur. Les débuts sont plutôt encourageants. Dans le cadre des vingt ans du S.M.E.T.O.M. (syndicat mixte d’étude et de traitement des ordures ménagères), la “sculp- teuse” de Levier a été invitée à exposer ses meubles en carton recyclable. “C’était splendide. Cette exposition a été l’occasion pour moi de montrer que le recy- clage c’est aussi savoir faire quelque chose de ses mains.” C’est auprès de la déchetterie de Levier, et de quelques entre- prises qui débarrassent leurs emballages cartons qu’Érika Fathallaoui se fournit. Cependant, pour fabriquer ses meubles, elle ne prend pas n’importe quel carton. “Il doit être recyclable et écologique dans le sens où il ne doit contenir aucun solvant. Ensuite, je récu- père du carton qui soit au mini- mum en double cannelure pour garantir la rigidité du meuble.” Une fois la matière première

“Le carton est magique.”

l’engouement sus- cité par ses créa- tions, Érika Fathallaoui a eu envie d’aller plus loin dans la démarche en sui- vant une forma- tion à Lausanne où elle a appris à travailler ce maté- riau. À 37 ans, la jeune femme franchit une nouvelle éta- pe. Elle vient de se mettre à son compte en créant “Éco-Design” sous le statut d’auto-

Renseignements : Éco-Design 4, rue du Stade - 25270 Levier - Tél. : 03 81 69 51 65

valorisation des déchets traités à Pontarlier avoisine 97 %”,

explique Bernard Lorenzini, le

responsable de l’usine dont le contrat d’exploitation vient d’être renouvelé au bénéfice de Novergie Centre Est.

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