La Presse Pontissalienne 119 - Septembre 2009

La Presse Pontissalienne n° 119 - Septembre 2009

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COMMENTAIRES L’avis des mutuelles Le doute accompagne la rentrée économique Pour l’instant - et heureusement -, il n’y a pas eu de licenciements massifs en Suisse. Mais les mutuelles frontalières se préparent au pire.

L e Groupement Transfrontalier Européen comme La Frontalière suivent de près l’évolution de la conjoncture en Suisse. “Il n’y a pas de vaste plan de licenciement prévu pour l’instant, mais la situation est inquiétante” précise Jean-François Besson, secrétaire général du Groupement à la sor- tie d’une réunion avec le syndicat Unia. Les oracles se sont tus. Personne ne sait quand l’économie sortira du marasme. “Il n’y a pas de signe fort de reprise. Des entreprises qui ont tenu jusque-là en puisant dans leur tré- sorerie, vont se trouver en difficulté. S’il n’y a pas de reprise, il faut s’attendre à des licen- ciements” ajoute-t-il. Le Groupement Trans- frontalier Européen a développé un service emploi pour accompagner les frontaliers. Une cinquantaine d’offres d’emploi sont en ligne sur le site Internet de cet organisme. La mutuelle La Frontalière a pris également d’importantes mesures pour épauler les tra- vailleurs frontaliers confrontés au chômage.

RIPOSTE Au 1 er janvier 2010 Les cantons suisses unissent leurs forces Finie la rivalité et la guerre économique entre les cantons voisins. Les cantons de Suisse romande viennent de créer le Greater Geneva Berne Area (G.G.B.A.). Objectif : unir leurs forces.

J usqu’ici, en Suisse, c’était un peu comme entre les régions françaises : on pratiquait le “chacun pour soi”. Chaque canton développait son propre service de promotion exogène et devait se battre contre son voisin pour tenter d’attirer des investissements étrangers sur son territoire. Comme arme, ils avaient à leur disposition l’arrêté Bonny.Voté dans les années soixante-dix par la Confédération, ce dis-

dix ans. Cet arrêté est un moyen pour la Confédération d’accorder des aides directes aux projets de diversification de l’économie privée. Le can- ton doit faire un effort équi- valent. Cette aide prend la for- me de cautionnements (garanties), de contributions au service de l’intérêt et donc d’allégements fiscaux. Mais l’arrêté Bonny a trouvé ses limites. Les cantons qui l’ont beaucoup utilisé (Neu- châtel et Vaud font partie de ceux-là) ont dû, à la demande de Confédération, compenser les bénéfices reçus, par une contribution aux cantons les plus “pauvres”. Cette réorien- tation de la politique confédé- rale a poussé les cantons à réflé- chir à un nouveau système. Et la crise étant passé par là, il fallait trouver de nouvelles armes. Les cantons de Suisse occi- dentale viennent donc de créer le Greater Geneva Berne Area (G.G.B.A.), un outil qui entre-

ra en fonction le 1 er janvier pro- chain. C’est une structure com- mune de prospection et d’acquisition d’entreprises à l’étranger. Après avoir ciblé certains marchés prioritaires - les États-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Inde, la Chine, le Brésil et la Russie - elles ont envoyé “un délégué dans chacun de ces pays. Et quand une entreprise étrangè- re de microtechiques souhaite- ra s’installer en Suisse, on la dirigera vers le canton de Neu- châtel, si c’est dans l’informatique, on l’enverra dans le canton de Genève, etc. On joue la solidarité entre can- tons” résume Frédéric Hainard, conseiller d’État neuchâtelois en charge de l’économie. La création d’une structure de promotion et d’acquisition com- mune à la Suisse occidentale constitue une avancée histo- rique, on est loin de la gué- guerre habituelle entre régions. J.-F.H.

Cependant,AlainMarguet, son responsable, refuse de céder au pessimisme tout en étant vigilant. “Depuis le début de l’année, nous avons eu 110 retours d’adhérents qui ont per- du leur emploi. Ce n’est pas dramatique. Depuis le mois de janvier, nous avons enregistré en moyenne une soixantaine de nouveaux contrats chaquemois.” C’est le signe que la Suisse continue à embaucher. Le domaine médical (infirmières) et l’industrie biomédicale sont deux secteurs encore porteurs. Le bâtiment et le B.T.P. semain- tiennent aussi. “Nous sommes

“Il n’y a pas de signe fort de reprise.”

positif permet aux entreprises étrangères de venir s’implanter en Suisse dans des conditions par- ticulièrement avantageuses. Elles bénéfi- cient notam- ment d’un allé- gement confortable de l’impôt fédéral direct pendant

Alain Marguet de La Frontalière.

“Un délégué dans chacun de ces pays.”

prudents, car nous pensons que les mois de septembre et octobre vont être difficiles pour- suit Alain Marguet. Des licenciements ont été envisagés, ils seront probablement actuali- sés.”

TENDANCE

Industrie horlogère

La Vallée de Joux résiste bien Avec un taux de chômage de 1,3 point inférieur à celui du canton,

Éric Duruz, directeur de l’association pour le déve- loppement des activités écono- miques de la Vallée de Joux (photo archive L.P.P.).

la Vallée de Joux est moins touchée par la crise. Les grandes marques horlogères tiennent bon.

E n ces temps agités, la Val- lée de Joux profiterait-elle d’un microclimat écono- mique ? En tout cas, si l’on se fie aux derniers chiffres du chôma- ge, elle résiste mieux aux tur- bulences que le reste du canton deVaud. “En juillet, tous secteurs confondus, le taux de chômage était de 3,8 % (un chiffre qui se rapporte aux habitants de laVal- lée de Joux), alors que la moyen- ne Vaudoise était de 5,1 %. Sur cette même période, le nombre de frontaliers recule de 2,7%, ce qui

logère (734). “LaVallée de Joux résiste actuel- lement bien. Ce qui est étonnant, c’est que ce territoire a toujours subi les conséquences des crises économiques de façon atténuée comparé à des régions telles que le canton de Neuchâtel” obser- ve Éric Duruz. Selon le direc- teur de l’A.D.A.E.V., cette résis- tance s’explique par la nature du tissu économique qui abrite parmi les entreprises horlogères les plus prestigieuses. “Nous avons ici desmarques qui ne sont pas nouvellement créées. Aude- mars-Piguet par exemple existe depuis 1875.Une entreprise com- me celle-là a traversé toutes les tempêtes comme Jaeger-LeCoultre depuis 1833. Les industriels de la Vallée de Joux respectent un certain nombre de valeurs.Même en période de forte croissance, ils n’ont pas fait n’importe quoi.C’est la raison pour laquelle leurs bateaux sont moins affectés que ceux d’autres entreprises qui doi-

donc pas alarmante dans ce bas- sin horloger qui a passé ces cinq dernières années au rythme du plein-emploi (- de 2 % de chô- mage) et d’une croissance spec- taculaire. “Plus de 1 000 emplois frontaliers ont été créés. Il y a une légère régression actuellement, mais c’est toujours très difficile pour les gens qui perdent leur emploi.” La mécanique se grippe au fur et à mesure que la crise de confiance se propage de maniè- re pandémique pour s’emparer des consommateurs du monde entier. Malgré tout, l’horlogerie est solide en Vallée de Joux. Le mouvement ralentit, mais la réserve de marche est grande. Dans le canton de Vaud, il y a plus de demandeurs d’emplois dans des secteurs tels que l’enseignement (878), le com- merce (1 725), l’hôtellerie (2 270) que dans l’industrie électronique, optique et les microtechniques dont fait partie l’industrie hor-

mesures. Certaines personnes partant en retraite n’ont par exemple pas été remplacées. En Vallée de Joux, les industriels maintiennent leurs investisse- ments. Audemars-Piguet vient d’inaugurer sa nouvelle usine (35 millions de francs suisses). L’extension de Jaeger-LeCoultre sera bientôt terminée.Autre signe fort dans le contexte actuel : “La première pierre de l’extension de l’école technique est posée” se féli- cite Éric Duruz. Ces investisse-

ments sont la preuve que la branche horlogère a confiance en son marché. Les instituts financiers la considèrent com- me “solide” ce qui ne fut pas le cas lors de la crise précédente. Toujours est-il que les diplômés qui sortent de l’école technique ont des difficultés à trouver un emploi dans l’horlogerie. Ça aus- si c’est nouveau, mais pas alar- mant pour la Vallée de Joux. T.C.

vent aujourd’hui prendre des mesures restrictives. La présen- ce du groupe Swatch qui détient Blancpain et Breguet est aussi un élément stabilisateur.” Ces grandesmarques horlogères ont pour la plupart leurs propres boutiques qui commercialisent leurs produits. “Cela leur permet de prendre la température immé- diate des marchés et d’ajuster ainsi leur stratégie.” Pour faire face au ralentisse- ment, les patrons ont pris des

correspond à une centaine de per- sonnes en moins sur un total de 3 600” attesteÉric Duruz, directeur de l’association pour le dévelop- pement des acti- vités économiques de la Vallée de Joux (A.D.A.E.V.). La situation n’est

“Ils n’ont pas fait n’importe quoi.”

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