La Presse Pontissalienne 119 - Septembre 2009

ÉCONOMIE

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La Presse Pontissalienne n° 119 - Septembre 2009

À quoi sert l’Agence Régionale de Développement ? Défaut de communication,

DÉBAT La salve de l’opposition

manque de dynamisme ou d’opportunisme, crise économique ?

L’Agence Régionale de Développement fait l’objet de critiques de plus en plus vives sur son manque supposé de résultats. Du côté de la majo- rité actuelle au Conseil régional, il n’est pas encore question de remettre en cause cet outil de promotion et de prospection économique. Ils veulent supprimer l’A.R.D. !

Quelques déboires récents ont terni un peu plus l’image de l’A.R.D., cet organisme dont la mission première est d’attirer des investissements extérieurs en Franche-Comté. mars 2010, l’opposition ne manque pas une occasion de tirer à boulets rouges sur l’Agence qui de son côté, avec ses 17 agents, fait le maximum pour redorer son blason. Quel bilan peut-on tirer de son action, à quoi ser- vent les 2 millions d’euros de budget annuel de l’Agence ? Éléments de réponse. À quelques mois des élections régionales de

F aut-il purement et sim- plement supprimer l’Agence Régionale de Développement ? Une question radicale mais qui commence à circuler dans les couloirs des collectivités locales. Depuis sa création par Raymond Forni en 2005, l’A.R.D. n’a pas encore su convaincre de sa pertinence. Combien d’entreprises a-t-elle contribué à implanter sur le ter- ritoire franc-comtois, combien d’emplois a-t-elle amené en Franche-Comté ? Jamais l’Agence n’a été jusqu’ici enmesu- re de répondre à ces questions basiques. Défaut de communi- cation ou absence de résultats tangibles, une chose est sûre, le travail de l’Agence alimente les débats, notamment au sein du Conseil régional, la collectivité de laquelle émane l’Agence et qui la finance en grande partie. Dernière séance en date du Conseil régional de Franche-

sent eux aussi de leur propre agen- ce de développe- ment. De son côté, l’Agence continue à défendre son tra- vail de fond. Ses 17 collaborateurs, quelque peu démo- bilisés par des changements trop

Comté, le 26 juin. L’opposition, menée par Jean-François Hum- bert, évoquant la crise écono- mique que traverse notre région, ironise : “Dans cette période si exigeante de réactivité, nombre d’entre nous s’étonnent toujours de la discrétion, on peut même dire de l’absence de votre A.R.D., qui est à nouveau à la recherche d’une tête pensante agissante, efficace et réactive. Que d’argent gâché pour une structure qui ne fonctionne pas” commente le sénateur. Porte-flingue de l’U.M.P. dès qu’il s’agit de sortir la calculette et d’analyser les chiffres, la conseillère régionale jurassien- ne Sylvie Vermeillet en remet une couche, non sans un certain brio d’oratrice, teinté d’emphase : “À quoi sert l’A.R.D. ?” deman- de-t-elle tout de go. “Depuis sa création, elle a coûté 8,7millions d’euros. C’est du gaspillage pur, c’est une hérésie, c’est une folie.” SylvieVermeillet accuse l’A.R.D. d’être “une usine à gaz.” Alors que le Conseil régional dispose toujours d’un service économique “qui à mon sens est très perfor- mant, pourquoi est-on venu recol- ler une A.R.D. là-dessus. Le pro- blème, c’est qu’avec cette Agence, c’est toujours du peut-être, elle ne produit rien de concret” ajou- te-t-elle avec sévérité. Ironie du sort : le jour même de cette séance,les locaux de l’A.R.D. sont ravagés par des inonda- tions. “L’A.R.D. a véritablement coulé, ajoute l’élue U.M.P. C’est peut-être l’occasion de tout remettre à plat…” Au sein des Conseils généraux, qui financement également en partie l’A.R.D., certains com- mencent également à tiquer, d’autant que les quatre dépar- tements francs-comtois dispo-

“C’est l’occasion de tout remettre à plat…

fréquents à la tête de l’Agence (voir page suivante), continuent à être à pied d’œuvre. “Pourquoi toujours cibler les critiques sur l’A.R.D. et sur le développement économique alors que le déve- loppement touristique ou cultu- rel est organisé de la même manière en région ?” se défend la direction de l’Agence qui est la cible récurrente des critiques. L’arrivée à la tête de l’Agence d’un nouveau directeur, l’installation dans de nouveaux locaux, la crise économique qui oblige à redoubler d’efforts… Tous ces éléments nouveaux donnent à l’Agence des raisons supplémentaires de vouloir prou- ver sa pertinence. Mais du côté des financeurs, logiquement, on attend désormais des résultats tangibles. Élément positif : le nombre de dossiers en cours sui- vis par l’A.R.D. a doublé par rap- port à l’année dernière. Il reste désormais à les concrétiser. Dans ses salves contre l’Agence, l’opposition régionale oublie peut-être que l’A.R.D. n’est autre qu’une émanation mieux struc- turée d’un outil créé en 2000 par la droite régionale : “Franche- Comté Expansion”, dont on ne peut pas affirmer non plus qu’elle ait révolutionné l’attractivité économique de la Franche-Com- té… J.-F.H.

La conseillère régionale Sylvie Vermeillet a la dent dure contre l’A.R.D. : “Une usine à gaz” dit-elle.

BILAN 141 projets en cours Investissements extérieurs :

les vrais chiffres de l’A.R.D.

Tirer à boulets rouges sur l’Agence est devenu un peu la marotte de l’opposition régionale. Quels sont vraiment les résultats de l’activité “prospection” de l’A.R.D. ? Premier bilan 2009.

hybride entre la cabane en bois et la ten- te, pour les campings municipaux.” 7 emplois ont déjà été créés. Deuxième projet réussi cette année avec une société de chaudronnerie de Tou- louse, “Deftec”, qui s’est installée à Bour- guignon pour fabriquer des équipements de dépoussiérage pour l’industrie du bois et l’industrie agro-alimentaire.Troi- sième trophée de l’année pour l’A.R.D., l’implantation à Besançon de la société “Quali Call Center”, un centre d’appels qui a créé 25 emplois. Bien sûr, le bilan peut être jugé bien maigre avec au plus une quarantaine d’emplois cette année. Alors soit on affir- me que l’Agence est un luxe que la Franche-Comté ne peut plus se payer, soit on estime que c’est un investisse- ment à long terme et que notre région ne pouvait plus être la seule de France à ne pas disposer d’un tel outil de pro- motion et de prospection. J.-F.H.

“N on, l’A.R.D. n’est pas une coquille vide” se défend Vin- cent Donier, le tout nouveau directeur de l’Agence Régionale de Déve- loppement. Il compare volontiers le métier de l’Agence à celui d’architecte. “C’est un peu la même chose que pour une maison. On dit souvent que c’est le promoteur ou le maçon qui l’a construi- te en occultant complètement l’architecte. Dans les projets d’implantation d’entreprises en Franche-Comté, nous sommes les architectes” compare le direc- teur. Au cours du premier semestre 2009, l’A.R.D. a répondu à 45 nouvelles inten- tions de projets. En cumulé, dans les car- tons de l’Agence, 141 dossiers sont “dans les tuyaux”. Seulement, la crise est pas- sée par là, si bien que “31 de ces projets sont pour l’instant différés. Pas annulés, mais reportés” précise le directeur. Dom- mage, puisque ces 31 projets représen- tent à eux seuls 3 547 emplois poten- tiels, soit “plus de 100 emplois par projet.” Et parmi ces 31, “un dossier tota- lise à lui seul 2 000 emplois.” Toujours pour ce début d’année 2009, l’A.R.D. compte 16 projets en étape 3, c’est-à-dire que l’investisseur a reçu une offre précise de l’A.R.D. et se déclare inté- ressé par une implantation en Franche- Comté. 253 créations d’emplois sont à la clé pour ces 16 projets. Parmi ceux-ci, une centrale photovoltaïque, un inves- tisseur allemand qui cherche du péri- phérique pour des machines-outils, un Suisse qui souhaite fabriquer des véhi-

cules électriques, un espagnol pour de l’emballage bois, un projet touristique pour un groupe qui souhaite créer un stade de ski nordique, un groupe suis- se-allemand spécialisé dans la laine de bois, un projet suédois tourné vers la fabrication de meubles, un Canadien qui cherche un site en Europe pour fabri- quer ses éoliennes, un projet français orienté sur la stérilisation d’instruments médicaux, un dossier américain pour installer une société de fabrication de parquets techniques pour les gym- nases, etc. “Si nous gagnons un projet sur deux, ce sera déjà très bien. Cette année, nous avons perdu 2 projets en pha- se 3” préciseM.Donier. Il s’agissait d’abord d’un bureau de traduction belge avec 10 emplois à la clé. Le deuxième dossier hélas perdu au profit de Rhône-Alpes était “un plus gros poisson” : il s’agissait de l’implantation d’un centre touristique. Selon nos informations, confirmées par l’A.R.D., le centre en question était un Center Parcs pour lequel l’Agence avait proposé un site dans le Jura, mais c’est finalement en Isère que ce futur Center Parcs se créera. Trois projets sont arrivés cette année en phase 4, c’est-à-dire à leur aboutisse- ment. Le premier en Haute-Saône avec la société “Franche-Comté Ossature Bois”, un site de production de chalets à ossa- ture bois pour des complexes touristiques, dont l’inauguration aura lieu le 24 sep- tembre. “Cet investisseur a déjà 13 cam- pings en France et autant au Canada. Il est en train de franchiser son concept, un

Prévisionnel 2009 en euros Le budget de l’Agence RECETTES Région 1,9 million Doubs 132 000 Jura 122 000 Haute-Saône 38 000 Territoire-de-Belfort 57 000 Plate-forme collaborative Pôles de compétitivité 11 250 Produits financiers 9 000 Total 2 269 250 DÉPENSES Impôts et taxes 90 000 Salaires et traitements 860 000 Charges sociales 414 000

Plus grosse entreprise

implantée cette année grâce à l’A.R.D. : Quali Call Center à Besançon, 25 emplois.

(+ fournitures, ` déplacements, réceptions, maintenance, loyers…) Total

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