La Presse Pontissalienne 119 - Septembre 2009

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 119 - Septembre 2009

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MÉDECIN DE CAMPAGNE : LA GRANDE MUTATION

L’offre médicale est encore en souffrance sur le Haut-Doubs comme sur l’ensemble des zones rurales de l’Hexagone. Les densi- tés départementales de médecins généra- listes souvent assez proches l’une de l’autre masquent partout de fortes disparités ville- campagne. Ces déséquilibres mettent en évidence des cantons très fragilisés, peu attractifs aux yeux des jeunes généralistes plus attirés par les grands centres urbains où ils sont sûrs de trouver des conditions d’exercice conformes à leurs attentes. Les dispositifs d’encouragement à l’installation dans les zones déficitaires commencent néanmoins à porter leurs fruits. Ce qui profite au Haut-Doubs. La pluralité est de mise. Le médecin de campagne exerce de moins en moins seul tout comme il s’intègre dans une équipe pluridisciplinaire. Dossier complet.

DIAGNOSTIC 6 cantons déficitaires Médecine en milieu rural : le Haut-Doubs en convalescence Si des carences subsistent encore dans l’offre de généralistes sur certaines zones, la situation s’améliore depuis quelques années. Éclairages.

Comté s’est dotée d’un dispositif assez innovant. Baptisé “Équipe d’appui.Ter- ritoires & santé”, il rassemble l’Union Régionale des Caisses d’Assurances Maladie, la Mutualité Sociale Agrico- le, la Région et la Fédération des Mai- sons de Santé Comtoises. Cette équi- pe conseille et accompagne les collectivités locales à la recherche de solutions pour tenter de développer ou préserver l’offre de soins sur leur sec- teur. Elle s’adresse également aux pro- fessionnels de santé, généralistes ou autres prêts à s’impliquer dans un pro- jet innovant basé sur des méthodes de travail pluridisciplinaires. Plus question de raisonner indivi- duellement, ni par catégorie. Cet outil vise à soutenir le développement de projets de santé. Ce qui va bien au- delà de la simple prescription d’actes en mettant l’accent sur le préventif, l’éducation thérapeutique, les échanges entre acteurs de santé. Cette approche assure une meilleure une prise en char- ge des pathologies chroniques en plei- ne expansion comme le diabète, le can- cer, les maladies liées au vieillissement. Bonne nouvelle, depuis 2005, la situa- tion s’est notablement améliorée sur le Haut-Doubs. La parade au risque de désertification médicale sur les can- tons déficitaires et dans les zones fra- gilisées passe par la création de mai- sons de santé. D’abord Gilley, puis Morteau et Belleherbe, cette derniè- re commune où les élus ont un peu péché par précipitation si bien qu’aucun médecin n’est encore installé. Ce sera tout prochainement au tour de Mouthe d’avoir sa structure. Laquel- le est adossée à l’hôpital local. D’autres projets sont à l’étude à Frasne, Maîche, aux Hôpitaux-Neufs, à La Cluse-et- Mijoux. Bref, le patient du Haut-Doubs, longtemps dans un état critique, semble retrouver durablement la santé. F.C.

dernier, une jeune généraliste rou- maine est ainsi venue s’installer à Vitrey-sur-Mance. L’Est et le Sud du Jura sont fragilisés. Le Haut-Doubs était largement concer- né par les déficits puisqu’on n’y recen- sait pas moins de 6 cantons : Mouthe, Montbenoît, Morteau, Le Russey, Maîche et Pierrefontaine-les-Varans. Tous ces cantons sont prioritaires dans l’impulsion des dynamiques intégrant les différents acteurs : professionnels de santé, collectivités locales et terri- toriales, État, Assurance-maladie… Plusieurs mesures ont été mises en place dans ces zones pour inciter à l’installation : aides au remplacement, exonérations fiscales, attribution de financements dans le cadre d’expérimentations innovantes com- me les maisons de santé. La Franche-

L a densité de médecins généra- listes par habitant est légère- ment plus faible en Franche- Comté qu’en France : 107 contre 114 pour 100 000 habitants. Les régions les mieux dotées étant pratiquement toutes situées au Sud de la Loire. À l’échelle régionale, le Doubs est légè- rement au-dessus de lamoyenne (116). Soit un ton au-dessus de la Haute-Saô- ne, du Jura et du Territoire-de-Belfort plus proche de 100. Mais les écarts sont notoires dans un même département avec des risques de désertification médicale en zone rurale. Ces disparités s’appliquent au

niveau national. Ce n’est pas tant un problème de nombre de médecins mais de répartition. Les conditions d’exercice à la campagne ne correspondent plus, en tout cas moins, à l’évolution la démo- graphiemédicalemarquée, par exemple, par le phénomène de féminisation et aux aspirations à un mode de vie et une pratique de la médecine diffé- rente. Le schéma qui a longtemps pré- valu dans nos campagnes : installa- tion à domicile, travail en couple, grande disponibilité n’est plus trop d’actualité chez les jeunes généra- listes. La démographie médicale varie aus-

si en fonction de l’attractivité des ter- ritoires. On est peu enclin à s’installer sur des secteurs moribonds, enclavés, loin des centres urbains voire soumis à des conditions de vie plus rudes com- me en montagne. En 2005, des zones déficitaires en médecins généralistes ont été définies dans le cadre de la Mission Régionale de Santé. Trois cri- tères étaient pris en compte : densité de praticiens, activité, âge. En Franche- Comté, on retrouve quelques cantons au Nord-Ouest de la Haute-Saône où certaines collectivités, en désespoir de cause, tentent même de faire venir des praticiens d’Europe de l’Est. En juin

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