La Presse Pontissalienne 117 - Juillet 2009

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 117 - Juillet 2009

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QUAND SONNE LE RÉVEIL TOURISTIQUE DU HAUT-DOUBS ?

Est-ce la crise ou la conjonction de politiques convergentes ? Toujours est-il qu’une vague de projets touristiques semble soudain se mettre en mouvement sur le Haut-Doubs. La mondialisation qui titube, le travail frontalier en repli redonnent des couleurs à l’économie touristique. Parfois dénigré quand tout va bien, ce gisement d’emplois non délocalisables comme le clai- ronnent haut et fort nos décideurs suscite en tout cas un beau regain d’intérêt. Les idées abondent, les études aussi. Il ne reste plus qu’à les concrétiser. Certains privés se lancent dans l’aventure, d’autres confirment. Bref, on y croit et c’est tant mieux.

Beaucoup de gros poissons Et la pêche, ça mord ? On parle souvent des problèmes de pollution du lac. Mais est-il aujourd’hui en mesure d’attirer une clientèle de pêcheurs en quête de beaux coups de ligne ?

LAC SAINT-POINT 75 % de subvention possible Après les lamentations, place à l’action

Didier Hernandez, le maire des Grangettes, a pris la présidence du Syndicat mixte des 2 Lacs avec la ferme intention de concrétiser le projet de développement concernant le lac, haut lieu du tourisme estival. Entretien.

L a Presse Pontissalienne :Quel sen- timent vous inspirent les critiques perpétuelles au sujet du complexe nautique de Malbuisson ? Didier Hernandez : Il est temps de mettre un terme à ce procès de la piscine lié aux défauts de concep- tion initiale. Cet équipement nous coûte 150 000 euros par an. Soit on arrête de râler et on subit le déficit. Soit on détruit tout. Soit, et c’est pour ça que je suis là, on envisage une rénovation du site pour augmenter sa durée de fonc- tionnement. L.P.P. : Ce qui suppose d’importants tra- vaux ? D.H. : Il ne s’agit pas de partir sur un projet grandiose mais viable et adapté au potentiel de popula- tion. C’est quand même navrant de voir que les gens d’ici vont se baigner à la piscine des Fins. L.P.P. :Quelles transformations sont envi- sageables ? D.H. : Fin 2006, le cabinet Planeth nous a rendu une étude sur les pistes de développement touris- tique à mettre en place autour du lac. Le centre nautique ne cor- respond plus aux attentes des gens. Le projet consiste à conserver le bassin extérieur mais en dimi- nuant sa profondeur et à y adjoindre des bassins à vocation ludique. La transformation de l’espace couvert comprend la réno- vation des vestiaires,l’aménagement d’une zone de bien-être avec spa, hammam et sauna, plus un bassin d’apprentissage. On déplacerait

aussi la zone de restauration.Début juillet, on va mettre en place une commission spécifique au syndicat mixte dont les membres iront visi- ter d’autres complexes aquatiques. L.P.P. : Le projet Planeth ne se réduit pas à la piscine ? D.H. : Effectivement. Il prévoit l’aménagement de deux pôles mul- ti-activités sur les plages de Mal- buisson et des Grangettes ainsi que des haltes thématiques à chaque extrémité du lac. Le tout en liai- son avec la future voie verte. L.P.P. : Beaucoup de projets en perspec- tive. Qui va s’en occuper ? D.H. : On envisage peut-être de créer un poste de coordinateur qui super- viserait l’avancée des opérations et travaillerait en lien avec les clubs nautiques, la piscine, la Maison de la réserve. On a demandé à tous les acteurs d’anticiper en quelque sorte la démarche en créant le “pass nautique”. Cette carte vendue au prix de 40 euros permet de béné- ficier d’entrées à la piscine, de prendre des cours de voile, de louer un canoë… L.P.P. : À combien s’élève le montant glo- bal des opérations ? D.H. : Le coût du projet est évalué entre 6 et 7 millions d’euros. On a sollicité l’aide du Conseil général et obtenu une promesse d’aide à hauteur de 75 % en incluant bien sûr la participation duConseil régio- nal et de l’État. Propos recueillis par F.C.

L a situation n’est pas si mauvaise que ça contrai- rement à ce que l’on pourrait penser. La plu- part des poissons pêchés depuis des décen- nies au lac sont encore présents. Certains plus que d’autres comme la tanche qui tend à proliférer. “Le souci avec la tanche, cette espèce surdensidentaire, c’est qu’elle n’intéresse pas trop les pêcheurs. Ils lui attribuent un mauvais goût de vase par référence avec la tanche d’étang. Il faudrait peut-être sensi- biliser les restaurateurs locaux à proposer davan- tage ce poisson au goût subtil” , observe Robert Droz- Bartholet, le président de la société de la Truite Pontissalienne-lac Saint-Point. Si la représentativité est toujours d’actualité, les inventaires mettent en évidence l’abondance des petits et gros poissons pour chaque espèce et le manque de classes intermédiaires. On sort effec- tivement de très beaux spécimens, que ce soit du corégone, brochet, perche, rousse, Ce creux médian traduit un déséquilibre des générations. “C’est vrai qu’on a un gros potentiel de gros poissons mais je préférais qu’on ait plutôt une plus grande diversi- té. L’objectif de la gestion à venir consistera à retrou- ver toutes les tailles dans toutes les espèces.” Robert Droz-Bartholet estime que le tourisme pis- cicole au lac a encore de beaux jours devant lui. “La recette est simple : le poisson attire le pêcheur et vice-versa.” Il n’est pas opposé aux petits moteurs électriques sur les barques. “Pourquoi pas si ça peut permettre à des gens de pouvoir pêcher. Après, ce n’est qu’une question de bon sens. Il y a peut-être aussi un manque de barques à louer autour du lac.” Autre souci récurrent : le problème d’eutrophisation chronique qui accélère le vieillissement naturel du troisième plan d’eau naturel de France. Le tourisme piscicole au lac Saint-Point a encore de beaux jours devant lui. Le poisson est toujours là et souvent de belle taille (photo Daniel Bully).

Didier Hernandez préfère faire table rase des critiques pour se concentrer sur l’ambitieux projet d’aménagement touristique du lac dont le montant varierait entre 6 et 7 millions d’euros.

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