La Presse Pontissalienne 116 - Juin 2009

La Presse Pontissalienne n° 116 - Juin 2009

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POSITION

Après l’affaire des sénatoriales

L’élue pontissalienne paie la facture La conseillère municipale est ignorée des instances locales de l’U.M.P. depuis les sénatoriales. On l’accuse d’être responsable des dernières défaites de la droite locale lors des élections cantonales et sénatoriales. Elle s’en défend.

Nathalie Bertin est prête à

COMMENTAIRE

Patron de l’U.M.P. du Doubs

“Nathalie Bertin n’a pas été loyale” Jean-Marie Binétruy n’accepte pas que lors des sénatoriales, Nathalie Bertin n’ait pas fait cam- pagne derrière la candidate investie par le parti. Le principe d’unité n’a pas été respecté.

s’engager au côté d’Alain Joyandet pour les élections régionales de 2010.

D epuis les élections sénato- riales de septembre, Natha- lie Bertin est mise sur la touche de l’U.M.P. dans le Doubs. “Je n’ai pas été le bon petit soldat que Jean-Marie Binétruy atten- dait. Je n’ai pas appelé à voter Annie Genevard lors des sénatoriales” dit- elle. Une position que l’adjointe de Pontarlier qui siège également dans l’opposition au Conseil régional assu- me. Pour elle, sa candidature à l’investiture était légitime. Elle espé- rait obtenir dans ce projet le soutien du député dont elle est la suppléan- te. “Pontarlier est une des trois villes

presque impossible avec son député qui “ne m’implique pas dans sa vie de parlementaire” si ce n’est pour déposer une gerbe de fleurs le 8 mai au monument aux morts. Elle admet être ignorée, écartée des rassemble- ments de la famille U.M.P. dans le Doubs. On lui ferait même porter le chapeau de la défaite de la droite aux élections cantonales à Pontarlier rem- portées par le socialiste Christian Bouday. L’élue n’est pas ménagée. Néanmoins, les conflits internes à la cinquième circonscription qui l’affectent, n’altèrent pas ses convictions et son attachement à l’U.M.P. Femme prag- matique, elle continue de s’investir au Conseil régional et au conseil muni- cipal de Pontarlier. Elle est prête à s’engager pour Alain Joyandet dans le cadre des régionales 2010. “Je veux que l’on croie en moi pour mes com- pétences. Je veux que l’on gagne la Région Franche-Comté. Mais je ne m’engagerai à nouveau que si je suis éligible. Je n’irai pas au casse-pipe pour le plaisir.” Celle qui reconnaît “le droit à l’erreur” espère qu’après l’affaire des sénato- riales, sa carrière politique ne s’arrêtera pas en queue de poisson. Sans doute qu’à l’U.M.P. tout le mon- de n’est pas de cet avis. T.C.

sienne de Nathalie Bertin n’a pas fait le poids face “aux calculs politiques.” Était-elle naïve ou animée d’une trop grande confiance en elle alors que Jean-Marie Binétruy lui avait signi- fié “qu’il ne me soutiendrait pas” ? En revanche, la suppléante n’était pas seule. Elle avait bien le soutien de nombreux militants, à Pontarlier comme à Morteau, qui adhéraient à son projet. Lorsqu’Annie Genevard a eu l’investiture, c’est tout le camp Ber- tin qui s’est mis en dissidence, s’engageant mollement, voire pas du tout au côté de la candidate désignée de l’U.M.P. qui en dépit des querelles intestines aurait dû légitimement compter sur l’appui de toutes les forces vives de l’U.M.P. dans le combat des sénatoriales. Même en apparence, jamais cette unité n’a été atteinte. Il était facile de prévoir que l’U.M.P. n’allait pas digérer cette scission. Jean-Marie Binétruy est le premier à reconnaître avoir du mal à par- donner ce qui s’est passé dans les coulisses des sénatoriales. “C’est vrai, je n’ai pas fait campagne pour Annie Genevard admet Nathalie Bertin. Mais je suis allée voter. J’ai commis le crime de lèse-majesté en deman- dant l’investiture. Maintenant, il faut que je paie la facture.” Elle la paie cher. Le dialogue est

L a Presse Pontissalienne : Que rete- nez-vous de l’attitude de Nathalie Bertin pendant les sénatoriales ? Jean-Marie Binétruy : Nathalie Bertin est ma suppléante. Elle n’a pas été loyale lors des élections sénatoriales. L.P.P. : N’ayant pas été investie, vous auriez souhaité que Nathalie Bertin accepte ce fait et qu’elle fasse campagne pour Annie Genevard ? J.-M.B. : Quand on appartient à un mouvement politique, on suit ce mouvement et on respecte les règles. Il n’est pas possible que certaines personnes se tiennent en dedans ou en dehors du mouvement en fonc- tion de ce qui les arrange. Dans le Haut-Doubs, il fallait que tout le monde se rallie derrière Annie Gene- vard. Ça n’a pas été le cas. Les gens qui n’ont pas suivi le mouvement ne doivent pas s’étonner d’être sanc- tionnés aujourd’hui par les mili- tants qui respectent la règle. La droite locale ne se rend pas comp- te de la situation dans laquelle elle se trouve. On croit que l’on peut encore se diviser et se payer le luxe de ne pas faire campagne pour le candidat investi. Pour gagner, il faut être rassemblé. Mais si chacun joue sa partition, c’est facile de faire perdre une élection. En tant que député, je ne peux pas accepter ce qui s’est passé. Si on perd le Sénat et le Conseil général, c’est à cause de notre division. L.P.P. : Lors des sénatoriales, avez-vous demandé à Nathalie Bertin de retirer sa candidature à l’investiture ? J.-M.B. : Je ne lui ai jamais deman- dé de se retirer mais plutôt d’attendre des prochaines législatives. L.P.P. : Dans cette logique, Annie Genevard devait donc être sénatrice et Nathalie Ber- tin devait assurer votre succession en se présentant aux prochaines législatives ? J.-M.B. : C’est comme cela que je l’avais imaginé si les sénatoriales s’étaient bien passées. L.P.P. : Et maintenant, compte tenu de ce qui est arrivé, envisagez-vous de repartir pour un troisième mandat de député ? J.-M.B. : Je suis dans cette logique-là.

L.P.P. : Nathalie Bertin estimait sa candi- dature légitime dans le sens où elle res- pectait l’équilibre des territoires. Sachant que vous êtes de Morteau, il lui semblait logique qu’une élue pontissalienne puis- se accéder à la fonction de sénateur pour que Pontarlier existe au niveau national ? J.-M.B. : Le débat n’est pas là. Cet argument n’est pas solide. En tant que parlementaire, j’ai apporté plus à Pontarlier qu’à Morteau. Je ne cesse de débrouiller des dossiers pontissaliens. À Paris, il n’y a pas de différence entre Pontarlier et Morteau. C’est le Haut-Doubs qu’il faut défendre ! Pourquoi sans ces- se opposer ces deux villes ? Le pro- blème des sénatoriales ne se réduit pas à Nathalie Bertin et Annie Gene- vard. Par ailleurs, si on faisait le compte du nombre de parlemen- taires issus de Morteau et ceux issus de Pontarlier, on observerait rapi- dement que le déséquilibre n’est pas le sens où on le dit. Je suis le pre- mier parlementaire mortuacien. L.P.P. : Vous souteniez Annie Genevard ? J.-M.B. : Il faut comprendre que je n’interviens pas dans la commis- sion d’investiture. Néanmoins, les choix qui sont faits par cette com- mission sont réalistes. Lors des séna- toriales, il y avait une logique à investir un maire qui est aussi pré- sidente de Pays plutôt qu’une conseillère municipale suppléante du député que je suis. Il faut savoir si l’on recherche le meilleur candi- dat qui sera le plus efficace, ou si on mise sur quelqu’un qui court après des intérêts personnels. L.P.P. :Vous êtes président du comité dépar- temental de l’U.M.P., quelle posture adop- tez-vous face aux divisions qui empoi- sonnent la 5 ème circonscription ? J.-M.B. : Je déplore ce qui se passe. Je ne cherche qu’à être fédérateur. Je suis fatigué de tous ces gens qui ne suivent pas le mouvement. Mais cela n’empêche pas l’U.M.P. de fonc- tionner. Le nombre d’adhésions ne diminue pas et nous venons de fai- re une campagne remarquable pour les élections européennes.

les plus importantes du département. Il n’était pas illogique que la capitale duHaut-Doubs dont je suis élue, ait un représentant investi d’un mandat national. D’autant que nous avons des dossiers importants à défendre comme le T.G.V., la R.N. 57 ou le risque d’enclavement du ter- ritoire. Quand j’ai écrit à l’U.M.P. pour déposer ma candidature, j’ai basé mon argumentai- re sur ces thèmes-là.” Mais la vision carté-

“Je veux que l’on croie en moi.”

En 2007, Nathalie Bertin était la suppléante idéale de Jean-Marie Binétruy (photo archive L.P.P.).

Propos recueillis par T.C.

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