La Presse Pontissalienne 115 - Mai 2009

HISTOIRE

La Presse Pontissalienne n° 115 - Mai 2009

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PONTARLIER Créateur de la station de Métabief Maurice Lagier, un inventeur éclectique Cette figure incontournable du dynamisme sportif pontissalien a également mis au point et développé de multiples innovations techniques qui ont fait le tour du monde. Souvenir.

Inventif, opiniâtre et d’un optimisme à toute

épreuve, Maurice

Lagier s’est illustré dans de multiples domaines et notamment dans la mise au point des remontées mécaniques.

O n a du mal à imaginer que ce grand-père qui épatait ses petits-enfants en descendant des escaliers sur les mains a failli passer toute son existence cloué sur un fauteuil.Victime d’une très gra- ve paralysie infantile à l’âge de 3 ans, tous les médecins consultés le condam- naient à l’immobilisme forcé.Tous, sauf le professeur Stauss de l’hôpital can- tonal des enfants à Berne qui le rame- na à la vie après plusieurs mois de trai- tement électrique et d’exercice gymnique. Miraculeuse ou non,cette guérison déno- te déjà de belles prédispositions à rele- ver de fameux défis. Cette propension à déjouer l’ordre des choses caractérisera ce personnage plein

se Marie-Madeleine. Il remporte par exemple en 1963 la course Lyon-Char- bonnières au volant d’une Traction avant Citroën. Fils d’un avocat assureur, il suit des études à l’école supérieure de commerce de Neuchâtel de 1924 à 1928. Il débu- te sa carrière professionnelle à la sui- te de son père. Sous l’Occupation en 1942, il fonde le ClubAthlétique de Pon- tarlier qui fédère 23 clubs et 1 500 spor- tifs. Avec quelques copains, il imagine et construit toujours à la même époque un télétraîneau qu’il installe sur les pentes du Larmont.À l’instauration de la Sécurité Sociale en 1947, il quitte le monde des assurances et se lance dans l’industrie. Le voilà à la tête d’une usi- ne de 100 salariés qui fabriquent en grande série les stylos à billes Reynolds. La production montera à 12 000 uni- tés par jour et l’industriel pontissalien irriguera pendant trois ans le marché européen. “Il était d’un tempérament fonceur et d’un optimisme à toute épreu- ve” , confie Florence, l’une de ses trois filles. Elle se souvient plus d’une fois avoir testé les inventions paternelles comme les premiers exemplaires de remonte-pente installés rue Vannolles ou enmontant en direction du château Chastaing.Avec l’arrivée du plastique,

il délaisse les sty- los, se reconvertit dans le flocage industriel puismet au point un dérailleur de vélo. Doué d’un esprit pratique et d’un sens de l’observation peu communs, il va

multiplier les inventions. On lui doit le poste-combiné téléphonique robot, astucieux bras mécanique articulé per- mettant de converser sans avoir à tenir l’écouteur. Des techniciens russes et américains s’étaient attelés à cette tâche sans trouver la solution. La rou- lette de mesurage associant roue et compteur prolongés d’une canne, c’est lui. Tout comme le niveau universel. De la taille d’un livre de poche, cet appareil comporte différentes gra- duations servant à calculer les hau- teurs et distances séparant des construc- tions, des éléments du relief. Ces brevets sont développés dans la sociétéA.P.O.D. qu’il dirige à Pontarlier. Chez Maurice Lagier, une invention en chasse une autre. Toujours fidèle auHaut-Doubs, le précurseur du remon- te-pente qui ambitionnait d’équiper le

Larmont va finalement adapter son invention aux Hôpitaux-Neufs. Au début des années cinquante, la com- mune de Métabief sollicite ses talents en lui donnant carte blanche. La pre- mière station dumassif jurassien inau- gure ainsi son fameux télébenne en 1953. Le constructeur devient promo- teur. Il constitue la Société pour le développement touristique du Mont d’Or en réussissant à collecter auprès d’amis sportifs et de personnalités 400 actions de 100 francs. Ce capital de base lui servira à lancer la construc- tion des deux villages de vacances com- prenant un ensemble de 600 chalets et deux centres commerciaux. Son génie de téléskis ne s’arrêtera pas là et trouvera une application tout aus- si pertinente sous terre.Au cours d’une visite dans une mine de potasse alsa-

cienne, il constate avec quelle diffi- culté et lenteur les ouvriers progres- sent dans les galeries. De retour au pays, il se met à l’ouvrage et conçoit le système des télémines. Agréée par les Charbonnages de France, cette invention se propagera dans le mon- de entier. Le procédé sera ensuite déve- loppé par son fils Jacques qui lui suc- céda également à la tête de la station de Métabief. Décédé en 1996 au ter- me d’une vie bien remplie, Maurice Lagier a largement contribué par son courage, son inventivité et son sens des affaires au développement du sport pontissalien et à l’essor des sports d’hiver dans le Haut-Doubs. On peut également associer à cette réussite, son épouse qui le seconda aussi dis- crètement qu’efficacement. F.C.

de ressources qui s’illustra dans les domaines les plus variés.Né à Pontarlier en 1908, Maurice Lagier est d’abord un sportif invétéré. Il pra- tiquera la natation, la boxe, la gymnastique, la marche, le ski, le vélo, sans oublier quelques compétitions automobiles qu’il dis- putait avec son épou-

Avec lui, une invention en chasse une autre.

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