La Presse Pontissalienne 115 - Mai 2009

MOUTHE - RÉGION DES LACS

La Presse Pontissalienne n° 115 - Mai 2009

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LAC

10 à 15 millions d’euros Une “demi-voie verte” raisonnable Loin des ambitions de départ, la voie verte est néanmoins sur les rails et a dû composer avec les contraintes environnementales. Mise en service espérée avant la fin 2011.

A près des années de réflexion, “le temps de la décision est venu” annon- ce Claude Jeannerot, le prési- dent duConseil général duDoubs en dévoilant le 17 avril dernier le tracé retenu pour la future voie verte du lac Saint-Point, et c’est “la voie du compromis” qui selon lui, a été trouvée. Alors tant de précautions pour annon-

cer quoi ? Que l’ambitieux pro- jet de voie verte qui était cen- sée faire le tour intégral du lac au plus près du plan d’eau est impossible à mettre en œuvre et serait beaucoup trop coûteux en ces temps de crise. C’est donc le principe d’une “voie verte en rive gauche en site propre” qui a été retenu, aux abords de la R.D. 129. Elle déroulera son

tracé entre Port-Titi et Mal- buisson, via Les Grangettes, Saint-Point-Lac et le bout du lac. Dans les traversées de Saint- Point-Lac et des Grangettes, la voie verte sera commune avec la route départementale qui pas- sera en “zone 30”, et au droit des falaises de Port-Titi et de Saint- Point-Lac, sur 400 m environ, un alternat avec “voies de ran-

La “vraie” voie verte, en site propre, s’étendra en rive gauche du lac de Port-Titi à Saint-Point-Lac et reviendra jusqu’au camping de Malbuisson.

gement” sera instauré. Rien ne sera fait entre Mal- buisson et Oye-et-Pallet le long de la R.D. 437 et “des antennes avec bandes cyclables seront amé- nagées entre Oye-et-Pallet et Pon- tarlier” tout comme entre Oye- et-Pallet et le château de Joux sur la route dite des Reculées et une antenne vers Métabief. “La réalité nous a conduits à ce compromis qui nous paraît opti- mal” commente le président du Conseil général. Le coût de cette voie verte sera

situé “entre 10 et 15 millions d’euros.” Après l’approbation du tracé par les élus du Conseil général en juin prochain, la pro- cédure d’enquête publique sera lancée en décembre, la déclara- tion d’utilité publique validée mi-2010 et les travaux engagés dans la foulée. “Si tout va bien, la voie verte pourra être mise en service au cours de l’été 2011” avance M. Jeannerot. C’est essentiellement l’arrêté de biotope protégeant le lac et ses abords qui a empêché les concep-

teurs de la voie verte de ficeler un projet intégral. Autre écueil : les coûts exorbitants que le gri- gnotage de certaines falaises aurait engendré s’il avait fallu boucler le tour complet du lac. Aux yeux du Conseil général, cette “demi-voie verte” est donc un concept satisfaisant à tous égards. “Ce n’est pas une voie verte au rabais, c’est une voie ver- te respectueuse” tranche le pré- sident de l’exécutif départe- mental. J.-F.H.

Entre Malbuisson et Montperreux, aucune solution raisonnable n’a été trouvée.

NATURE

Une saison en demi-teinte Une morille nommée désir Contrairement à l’an dernier, le fameux champignon se fait plus rare sur les crêtes du Larmont et à la Malmaison. Il reste encore quelques semaines pour espérer remplir son panier.

“P our le moment, les morilleurs n’ont pas fait de grosses cueillettes” résume Paul Lajeanne, président de la société d’histoire naturelle du Haut-Doubs (S.H.N.H.D.). Selon ce mycologue pontissalien, “la neige est restée trop longtemps puis est venue la bise” si bien

que les sites des Étraches, la chapelle de l’Espérance, le Lar- mont ou encore la Malmaison n’ont pas connu de fortes pous- sées de morilles. “Elles peuvent encore pousser jusqu’au 15 mai, annonce Paul Lajeanne. Pro- blème : l’herbe à cette période a beaucoup poussé. Il devient alors difficile de les retrouver.”

Bien évidemment, il y aura des coins à surveiller à l’instar “des tâches de bûcherons. À proxi- mité des coupes de bois, vers des endroits où il y avait de la sciu- re, on peut trouver des morilles” annonce le président qui avoue ne pas avoir trouvé de morilles cette année. D’autres ont eu un peu plus de chances. C’est le cas de Fernand Guyot,morilleur demeurant aux Fins, près de Morteau : “En 2008, j’ai trouvé 726 morilles. Cette année, j’en suis à peine à 50. Heureusement que l’on a fait notre stock” s’amuse-t-il. “Avec la neige, on s’attendait à ramasser beau- coup de morilles. Mais la pre- mière neige est restée trop long- temps. Le sol, plein d’azote, a été brûlé” explique Fernand qui bénéfice des conseils de son épouse, membre de la société mycologique duVal deMorteau. Certains de ses bons coins ont disparu. Il se souvient notam- ment de ce jour où il a cueilli 63 morilles à la même place ! L’exploit n’a jamais été réédité. “J’avais 500 grammes demorilles fraîches. Une fois séchées, il en restait 100 grammes.” Problè- me : les coupes des bois des bûcherons font disparaître cer- taines taches. Il faut donc repar- tir à la recherche d’autres coins : “On regarde les sapins, l’exposition au soleil. Les morilles se trouvent en lisière de forêt. On en a parfois trouvé dans des pâtures et même dans une faille de rocher” concède Nicole, épou- se de Fernand. La chasse aux

Fernand Guyot, des Fins, a trouvé environ 50 morilles cette année dans le Val de Morteau. À Pontarlier, la cueillette

Réglementation chez nos voisins Les Suisses réglementent… et viennent en France E n France, la législation est simple : “Un cueilleur a le droit de ramasser 2 kg de champignon par jour.” En Suisse, la cueillet- te est soumise à de nombreuses réglementations qui diffèrent selon les cantons. Exemple : le canton de Vaud a édicté un règle- ment concernant la protection de la flore qui introduit des limitations de récolte des champignons (espèces rares et lieux protégés). Bref, cʼest un peu “lʼusine à gaz”. Nos voisins sont en passe dʼunifier le droit de cueillette mais cer- tains experts ne sont pas dʼaccord, estimant quʼil faut légiférer estimant que des espèces sont en danger. Dʼautres pensent que la cueillette des champignons ressemble au ramassage des cerises : “Ce n’est pas parce que vous prélèverez beaucoup de cerises une année qu’il y en aura moins l’année prochaine.” Du coup, beaucoup de Suisses passent la frontière pour venir chercher le précieux sésame qui agrémentera le plat du dimanche. La Suisse abrite plus de 5 000 espèces de champignons. Des 3 000 espèces pour lesquelles existent suffisamment de don- nées, 32 % sont menacées à un niveau plus ou moins critique, comme le démontre la nouvelle Liste rouge, qui a été compilée par lʼInstitut fédéral de recherche W.S.L.

n’est pas meilleure.

morilles, c’est un peu l’omertà. Paraît-il qu’un œil avisé et un sacré nez sont nécessaires. Sans doute. Encore faut-il avoir de bonnes jambes pour aller à la rencontre du champignon qui se fond parfaitement dans une nature en ébullition. Voici quelques conseils. Jauger le sol. La découverte des morilles est liée à un certain nombre d’indices. Ainsi, un sol calcaire ou argilo-calcaire, les terrains sablonneux qui joux- tent les cours d’eau sont des endroits propices. Regarder les arbres. La sève riche en glucose de certains

arbres et de plantes est une pré- cieuse alliée. Le frêne est sans conteste le plus apprécié avec le sapin (mais pas l’épicéa). Regarder les plantes. Côté plantes, surveillez les artichauts parfois au pied des rosiers ou des framboisiers. Rond-point de Pontarlier. Il y a quelques années, les morilles poussaient sur les ronds-points à l’entrée de Pon- tarlier (vers Hyper U et à proxi- mité de la station d’épuration) ainsi qu’au rond-point de Vil- lers-le-Lac. Ce sont les écorces de sapins déposées qui avaient permis aux champignons de pousser. “Ce sont des morilles

remplies de plomb et de CO2. Je conseille de ne pas les ramasser” dit Lionel Gattaud, président de la société mycologique duVal de Morteau. En combien de temps pousse une morille ? Certaines varié- tés d’agarics évoluent en quelques heures, tout au plus en une nuit, apparaissant une fois le matin et une nouvelle fois le soir. Les couper ou les arracher ? “Mieux vaut les arracher déli- catement” conseille Lionel Gat- taud. Il faut environ 5 heures pour que les champignons libè- rent leurs spores. E.Ch.

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