La Presse Pontissalienne 111 - Janvier 2009
Le portrait
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P ONTARLIER
31 ans à la tête du musée municipal Joël Guiraud : sa place n’était pas ailleurs qu’à Pontarlier
Le “papa du musée”, comme il se qualifie lui-même, a officiellement tiré sa révé- rence le 31 décembre. Après 31 ans de bons et loyaux services, le premier conser- vateur du site a vu son enfant grandir, s’enflammer même et prendre la place qui est désormais la sienne dans le cœur des Pontissaliens.
I l vaut mieux un petit chez soi qu’un grand chez les autres. Surtout quand ce logis, fût-il modeste, vous appor- te au fil du tempsmatière à épa- nouissement. “Au départ, je regrettais peut-être de ne pas aller au Louvre et finalement, je constate que ma place n’était pas ailleurs qu’à Pontarlier. J’ai été aidé en cela par une équipe, des gens indissociables de ce sen- timent positif” ,analyse Joël Gui- raud en sachant bien qu’il n’est jamais facile de quitter son pos- te. Mais l’homme a de la res- source. Il savoure le plaisir de ne plus avoir d’obligations horaires. Et d’être aussi soula- gé de cette angoisse du feu. L’incendieaccidentel qui adétruit le musée en 1995 a laissé des traces indélébiles dans samémoi- re. “C’était un épisode particu- lièrement désagréable dans le sens où il remet en cause vos res- ponsabilités.Après un tel sinistre, on se pose toujours la question “et si ça revenait ?”.C’est un sou- ci enmoins avec la retraite.” Les conséquences ne furent pas toutes négatives, il en convient. La catastrophe a généré la construction d’un musée flam- bant neuf, spacieux et confor-
mier ouvrage de Marie-Claude Delahaye.Ce breuvage qui traî- nait encore sa réputation sul- fureuse va soudainement réveiller le monde des collec- tionneurs et remettre en selle son centre de production histo- rique. Grâce à cet auteur, l’absinthe sort du purgatoire et lemusée profite de l’aubaine et présente ses collections. Évolu- tion riche d’anecdotes parfois cocasses. Pour son premier pas- sage télévisé, Joël Guiraud se retrouve interviewé par la chaî- ne japonaise N.H.K. L’absinthe renforce incontestablement l’attractivité du musée. “C’est un thème très porteur et popu- laire.” L’avenir du Musée ne se réduit heureusement pas à ce seul centre d’intérêt. Il dispose aus- si d’un fonds intéressant de faïences. “Les Amis du Musée se sont penchés sur la question qui méritait davantage d’éclairages. On a monté l’exposition permanente et pro- posé des expositions thématiques. Ce volet faïence peut devenir moteur sur Pontarlier. Peu d’autres sites muséographiques s’y intéressent.” Homme d’ouverture, Joël Gui-
En 1977, la municipalité Blon- deau décide d’ouvrir un musée à Pontarlier. “J’ai posé ma can- didature. Le recrutement s’effectuait sur listes d’aptitudes.” Voilà comment lepremier conser- vateur du musée municipal prend ses fonctions le 18 juillet 1977. Fonction très polyvalen- te où tout est à mettre en pla- ce : programme d’exposition, gestion du personnel, du bâti- ment, du budget.Ce rôle de chef d’orchestre lui plaît. “J’ai tou- jours bénéficié d’une belle mar- auquel le musée est rattaché, de l’adjoint à la culture et sur le plan scientifique, de la direc- tion des musées de France via laD.R.A.C. “Audépart,ona com- mencé par valoriser les collec- tions archéologiques de la plai- ne de l’Arlier et le fonds de tableaux des peintres régiona- listes. On ne parlait pas encore de l’absinthe.” La fée verte revient sur le devant de l’actualité à partir de 1983 lors de la publication du pre- ge de manœuvre et de la confiance de mes supérieurs hiérar- chiques.” Le conserva- teur agit sous la tutel- le du chef de service
table à souhait. Joël Guiraud ne coupera pas complètement les ponts avec son lieu de travail. Il reste direc- teur de la publicationde la lettre desAmis duMusée. Il continue à rédiger quelques articles dans le bulletin de l’unité pastorale. Il est membre des commissions diocésaines Art sacré et Cultu- re. Deux domaines dans lesquels il s’était spécialisé durant son cursus universitaire. Né à Louhans, Joël Guiraud a passé une partie de sa jeunes- de commencer des études en his- toire de l’art à Besançon.” Il ter- mine sa formation àAix-en-Pro- vence en préparant samaîtrise orientée sur l’art moderne et contemporain avec des options sur l’art sacré et l’architecture religieuse. Retour ensuite en Franche-Comté. Conseiller d’éducation pendant trois ans à Palente, il intègre ensuite la D.R.A.C. (Direction Régionale des Affaires Culturelles) où il s’occupe de l’inventaire. se à Pontarlier au hasard des mutations de son père qui tra- vaillait dans la fonction publique. “J’y ai vécu de 1959 à 1968, le temps
Joël Guiraud a trouvé matière à s’épanouir sur tous les plans dans la cité pontissalienne où il se sent chez lui.
locale et reste un support très apprécié des journalistes locaux. “Pontarlier a déjà changé depuis sa parution. Cela mériterait, si ce n’est une réactualisation com- plète, aumoins des compléments d’information.” Perspective qui laisse entrevoir les prochaines occupations d’un jeune retraité pas du genre à tomber dans le snobisme cul- turel. “Je ne ressens pas le besoin de me précipiter à Paris chaque fois qu’on annonce l’exposition du siècle alors qu’il se fait des tas de choses régionalement.Fai- re la queue pendant 3 heures, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé.” Bonne retraite Monsieur Guiraud. F.C.
raud a toujours su adapter son outil aux attentes du public pon- tissalien. “Le musée a évolué en fonction des collections bien entendumais ce sont surtout les habitants qui ont finalement sollicité les orientations actuelles.” Autant d’échanges qui ne l’ont jamais incité à aller voir ailleurs. D’autant plus que les historiens comme Michel Malfroy lui pro- poseront dès son arrivée de col- laborer à l’écriture de plusieurs ouvrages sur Pontarlier, le Val d’Usiers,Montbenoît ou encore le dictionnaire des communes. Joël traite les aspects architec- turaux. On lui doit aussi “Pon- tarlier de A à Z”. Cet abécédai- re fait le bonheur des scolaires, de tous les amateurs d’histoire
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