La Presse Bisontine 96 - Février 2009

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n°96 - Février 2009

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LARNOD

Féministe dans l’âme Une femme sur les terres des hommes

Entre travaux publics et mécanique, Marie-Pierre Donzelot est la secrétaire atypique de la C.N.A.T.P. Fille sans contrefaçon, elle aime faire les casses plutôt que les boutiques mais n’a pas renoncé aux beaux décolletés.

“À l’école, quand on m’a demandé de choisir entre couture/cuisine et méca- nique/électricien, j’ai pré- féré apprendre le moteur à 4 temps” explique Marie-Pierre Donzelot. Aujourd’hui, l’école est loin mais dès qu’elle a un moment, la jeune femme troque jupe et talons aiguilles contre une cote et des baskets et délaisse son ordinateur pour s’emparer d’une clé de 12 ou d’un cric pour réparer sa voiture ou une autre. Femme jusqu’au bout des ongles, Marie-Pierre Don- zelot passe pourtant tout son temps ou presque dans des mondes quasi- ment réservés aux hommes : les tra- vaux publics et la mécanique auto. Secrétaire de la C.N.A.T.P. (Chambre nationale de

d’une secrétaire.Ailleurs, elle est par- tie intégrante de la C.A.P.E.B. (confé- dération des artisans et des petites entreprises du bâtiment). Étant la seule à occuper un tel poste, Marie- Pierre Donzelot n’a donc pas pu comp- ter sur les conseils avisés de ses éven- tuels homologues départementaux. L’immersion dans un monde incon- nu a plus d’un titre fut donc totale. “Ici, ça parle tout venant, pelleteuses. Au début, lors des réunions, je ne com- prenais rien puis petit à petit, je me suis laissée prendre au jeu. Les arti- sans sont des gens authentiques. Ils travaillent dehors, dans des condi- tions difficiles, sont soumis à une légis- lation lourde et malgré tout, ils sont là, après leur travail pour défendre leur entreprise. À moins de ne pas avoir de cœur, comment ne pas se lais- ser prendre au jeu ?” Et du cœur, Marie-Pierre Donzelot en a, ça s’entend et ça se voit. Mais attention, il ne faut pas lui en conter. Femme indépendante, elle sait ce qu’elle veut et tient à son autonomie. Elle élève seule ses trois enfants. “Il n’y a pas de raison que les filles soient attachées aux casseroles et aux ser- pillières. Moi, je n’ai aucun tabou.” Féministe dans l’âme, elle admet avoir

Marie-Pierre Donzelot, une femme indépendante qui a su se faire une place dans un milieu quasi exclusivement masculin.

“des amis plutôt masculins parce que les filles qui chipotent, ça me fait hor- reur.” Elle se décrit comme “plutôt directe et sans chichis.” Et quand on lui demande si elle aurait aimé être un garçon,Marie-Pierre répond qu’elle est une fille et rappelle une anecdo- te. “Lors d’un recrutement par numé- rologie, on m’a dit : il y a un fort côté masculin en vous. Dans votre prénom, Pierre est là et vous ne pouvez pas le nier.” Elle s’en amuse et assume. “Je ne suis déjà pas facile en fille mais

j’aurais été horrible en garçon.” N’empêche que quand elle ne travaille pas, son truc, à Marie-Pierre, c’est de “chiner dans les casses. Il y a peu de filles alors on est bien servie !” Tous les mercredis et dès qu’elle a un moment, elle va chez son frère, qui fut mécanicien carrossier pendant 20 ans. Aujourd’hui, s’il a décroché, il reste passionné et a transmis le virus à sa sœur. “Un 6 cylindres BMW, c’est du Pavarotti” pour Jean-Yves. Et sa sœur de renchérir : “Il n’y a rien de

plus beau que de conduire à l’oreille et d’écouter unmoteur qui tourne bien.” Quand elle entend un bruit dans son moteur, Marie-Pierre Donzelot lève le capot et joue les Sherlock Holmes. “Je procède par élimination et je dois trouver. Ce goût pour la mécanique vient de ce que j’aime les choses logiques. J’ai un esprit très mathé- matique.” Et ça, pour comptabiliser les adhésions syndicales comme pour trouver la panne, c’est indispensable. A.B.

l’artisanat des travaux publics) depuis février, elle explique qu’elle a relevé un défi en acceptant ce poste très polyvalent, qu’elle doit autofinancer grâce aux adhésions syndicales qu’elle contracte. La chambre syndicale du Doubs est la seule en France à s’être dotée

“Pierre est là, vous ne pouvez pas le nier.”

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