La Presse Bisontine 96 - Février 2009

ÉCONOMIE

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La Presse Bisontine n°96 - Février 2009

RÉCOMPENSES

Deux Bisontines

Deux des cinq lauréates du 3 ème concours régional “Entreprendre au féminin” sont Bisontines. Un coup de pouce financier apprécié par ces créatrices d’entreprise sélectionnées parmi 72 candidates, présentes dans tous les secteurs d’activité. Femmes et chefs d’entreprise

Asma Zerouali-

Bardai veut faire de son hammam un lieu simple et convivial. “Au Maroc, on va au ham- mam pour se laver mais ici, on vient pour se détendre” précise- t-elle.

72 créatrices, 18 nominées, 5 primées, la loi du concours est rude pour qui n’est pas au palmarès. Elles ont 30, 40 ou 50 ans. Chacune a son parcours, ses motivations mais toutes partagent la même envie de foncer, de s’accomplir pleinement, de créer son propre job et d’être à la tête d’une entre- prise qui lui ressemble. Cette année, c’est Catherine Rubat du Merac, repreneuse de l’entreprise “Le ressort S.A.”, fabrique de ressorts plats et fil métallique à Hérimoncourt, qui

décroche la première place. “Les grands groupes ne correspon- daient plus à mes attentes et je voulais voir le fruit de mon tra- vail” a déclaré cette ancienne ingénieure de P.S.A. en rece- vant son prix (5 000 euros). Deuxième, Asma Zerouali-Bar- dai. Bisontine âgée de 30 ans, elle ouvre en mars prochain, Nephtys, un hammam tradi- tionnel rue Lecourbe. “J’ai l’envie d’entreprendre depuis plus de 10 ans” explique l’intéressée. Ex-directrice administrative et financière au sein d’un groupe de bien-être, elle mûrit son pro- jet depuis quatre ans et se lan- ce suite à un licenciement éco- nomique avec la ferme intention de ne pas se faire doubler. “Je sais le manque qu’il y a à Besan- çon. Il y a une demande mais ce n’est pas simple d’y répondre. C’est une activité floue. On n’a pas de bilan, pas de chiffres.” Trouver un partenaire finan- cier ne fut pas une mince affai- re et sans jouer les victimes, elle avoue que son nom ne l’a pas franchement aidée. L’autre difficulté fut de dénicher un lieu et de convaincre le propriétai- re. Elle est finalement parve- nue à débusquer la perle rare, “un propriétaire en or” qui accep- te la transformation de ses locaux. “Les travaux ont démar- ré début janvier et vont durer deux mois.” Il s’agit d’aménager une salle chaude (35 à 42 °C avec un taux d’humidité de 90 à 100 %) et une autre, tiède (28 à 30 °C) dédiée aux soins et à la détente. Mixte “avec maillot de bain obligatoire” le week- end, le hammam sera ouvert aux femmes en semaine et aux hommes un soir par semaine. Asma Zerouali-Bardai veut embaucher une esthéticienne, n’utilisera que des produits 100 % naturels “achetés auprès de fournisseurs français qui ven- dent des produits orientaux” et mise sur des formules petits prix (12 euros/h - 18 euros en

illimité). Ce prix Cré-Entre- prendre (4 000 euros) est “plus que rassu- rant. C’est une belle récompen- se” qui renforce encore la moti- vation de la jeu- ne créatrice. 20 ans séparent Asma Zerouali- Bardai et Marianne Fall, 3 ème au palmarès, récompensée (3 000 euros) pour avoir créé Lé Mô Doubs,

Autre histoire, autre création.

une cafétéria de 150 couverts au centre Saint-Pierre, l’été der- nier. Collaboratrice non sala- riée pendant 23 ans aux côtés de son époux dirigeant de P.M.E., aujourd’hui divorcée, elle réa- lise que ses droits à la retraite sont très limités. “Vous faites une belle retraite à votre mari mais vous, vous ramassez les miettes.” Alors, elle fait le grand saut, crée son activité et déci- de aussi de privilégier le recru- tement de “femmes de plus de 50 ans qui ont galéré pour trou- ver du travail.” Ouvrir début juillet à permis à l’équipe (7 personnes à ce jour) de se roder “car la plupart n’avaient jamais travaillé et ce n’était pas évident.” Au menu, “la cuisine de maman” comme elle dit. La créatrice veille à don- ner une âme au lieu, proposant des thés dansants le dimanche, des soirées à thème, et laissant les murs à disposition des celles et ceux qui peignent. “Une café- téria, c’est souvent impersonnel, triste et froid. Ici, tout le mon- de se parle, se dit bonjour.” Marianne Fall compte déjà des clients fidèles, espère grandir et fait tout pour. “La création est une lourde machine à sou- lever mais j’ai espoir.” A.B.

ÉDUCATION Remise des prix le 10 janvier Quelques filles dans un monde d’hommes Chaque année, le prix de la vocation scientifique et technique des filles récompense les bachelières qui s’orientent vers des filières peu féminisées. Parmi elles, Cyrielle veut devenir ingénieur dans les métiers du bois. L e prix de la vocation scienti- fique et technique a été créé en 1991 par le service des Droits des femmes et de peu de hasard. “Je ne voulais pas être dans une filière générale ni dans une grande ville.” La vocation naît par- fois là où on ne l’attend pas. peu différent. Les garçons sont plus cool et il y amoins de prises de têtes…” Plus tard, elle aimerait devenir ingé- nieur dans la construction bois. Et pourquoi pas diriger une équipe d’hommes ? “Ça ne me fait pas peur” affirme-t-elle.

l’égalité. Il s’adresse aux lycéennes de terminale qui souhaitent intégrer une filière peu féminisée (moins de 40 % de filles) telle que les classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques, les écoles d’ingénieurs ou encore les B.T.S. du secteur de la production. Ce prix est né du constat que les filles sont en moyenne plus diplômées que les hommes mais qu’elles sont encoremoins nombreuses à se diriger vers les filières scienti- fiques et techniques, par ailleurs plus valorisées sur le marché du travail. Outre l’enveloppe de 1 000 euros attri- buée à chacune des 650 lauréates au niveau national, ce prix est aussi

“En plus des matières générales, nous avions des cours techniques et de pro- ductique. Nous avons appris à utili- ser les machines pour fabriquer des petits objets.” Et le bois ne l’a plus quittée. Aujourd’hui en classe préparatoire au lycée Viette à Montbéliard, elle souhaite passer les concours pour intégrer l’E.N.S.T.I.B. (École Natio- nale Supérieure des Technologies et Industries du Bois) à Colmar. Dans sa classe, elles ne sont que trois filles pour 32 élèves et l’ambiance est plu- tôt sympa. “Les garçons réagissent bien et ils nous aident pour certaines matières. Les classes de filles, c’est un

Pour se perfectionner, elle envisage également de passer par l’Allemagne, où l’industrie du bois est bien implan- tée et l’écologie très présente. En attendant, Cyrielle travaille dur pour préparer le concours. “Je me consacre surtout à l’école et je n’ai pas trop de temps en dehors. Mais le week-end j’aime bien sortir entre amis.” Le tout sous l’œil satisfait de la maman qui “l’encourage dans cette voie.” Affaire de femmes donc. K.M.

l’occasion de com- muniquer sur le thè- me de l’orientation des filles et de leur faire découvrir d’autres perspectives d’avenir. En Franche-Comté, les filles sont encore plus gâtées puis- qu’aux 17 prix de 1 000 euros s’ajoutent 10 prix de 1 500 euros offerts par le Conseil régional lors d’une cérémonie qui a lieu le 10 janvier. Parmi elles, Cyrielle, 18 ans, encore un peu timidemalgré un pro- jet plutôt ambitieux. En juillet dernier, elle a obtenu le Bac S.T.I. en génie mécanique option bois au lycée de Mouchard. À l’origine, pas encore une passion mais un

Cyrielle recevra le prix de la vocation scientifique et technique, “un petit plus pour commencer.”

Marianne Fall a amené la musique et la danse dans sa cafétéria. “Un endroit où l’on peut danser entre copines, sans arrière-pensée et où on n’a pas besoin de belles robes.”

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