La Presse Bisontine 96 - Février 2009

L’INTERVIEW DU MOIS

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La Presse Bisontine n°96 - Février 2009

Économies En ce moment, personne nʼest avare du mot “économies”. Comme si ce vocable était jusque-là absent du jargon institu- tionnel, il est servi à qui mieux mieux en ces périodes de vœux. Cʼest à qui mon- trera symboliquement la plus grande volon- té de ne pas dilapider lʼargent public.Alors il est de bon ton de grignoter sur le coût des cartes de vœux. En cela, le Conseil général du Doubs a déployé les plus grands efforts pour concevoir des vœux sur du papier basique, sans doute à pei- ne moins cher que dʼhabitude. Dʼautres ont carrément annulé toute idée de céré- monie de vœux. Cʼest la députée bison- tine Françoise Branget qui a donné le ton de cette nouvelle année à lʼéconomie en décidant de verser les 2 000 euros quʼelle consacre habituellement à lʼorganisation dʼun petit raout festif à une bonneœuvre. Et tout lemonde de sʼengouffrer dans cet- te habile brèche ouverte par une dépu- tée de droite. Les principales collectivités du département nʼont pourtant pas déci- dé dʼabandonner ce rite. Mais on se la joue modeste. Pas de petites attentions dispendieuses en provenance de lʼagence économique du Doubs par exemple, qui avait pris lʼhabitude de donner dans le tape-à-lʼœil, pas de cérémonies gran- dioses en vue. Mais dans ce concert de modestie, la plupart des collectivitésmain- tiennent néanmoins une cérémonie de nouvelle année. À lʼimage du député bison- tin Grosperrin, elles justifient la persis- tance de la tradition en affirmant quʼen ces temps difficiles, “on n’a plus que jamais besoin de repères communs” et visible- ment la cérémonie des vœux en est un. Et si les intentions de se la jouer modes- te et économe nʼétaient quʼune posture de circonstance, histoire de montrer au bon peuple que lʼon ne dilapiderait pas lʼargent public ? Au-delà de ces intentions de nouvelle année, la préoccupation de modestie dans lemaniement des deniers publics devrait être chevillée au corps de tout responsable politique, et ne pas res- ter dans le registre léger de lʼeffet dʼannonce circonstancié. Économisons les mots en souhaitant à nos lecteurs, nos partenaires et nos annonceurs une excellente année 2009 et que lamorosité de cette fin dʼannée 2008 laisse place à un regain dʼoptimisme, de volonté et à un retour à des valeurs plus authentiques. Jean-François Hauser Éditorial

ÉCONOMIE

170 signataires à Besançon

Le fondateur et président d’honneur de la compagnie d’assurances Axa est le créateur de la charte de la diversité. Son objectif : favoriser le pluralisme et rechercher la diversi- té dans les recrutements et la gestion des carrières. Claude Bébéar : “La discrimination est dans la nature de l’homme”

L a Presse Bisontine : La diversité est depuis longtemps un cheval de bataille pour vous ? Claude Bébéar : J’ai créé en 2000 l’institut Montaigne, un “think-tank” (réservoir d’idées) qui regroupe des cadres d’entreprises, des hauts fonctionnaires, des universitaires et des représentants de la société civile qui élaborent des propositions concrètes de long terme sur les grands enjeux auxquels la Fran- ce et l’Europe sont confrontées, principalement en matière de politiques publiques. Cette question de la diversité fait partie des sujets de réflexion prin- cipaux et nous suggérions déjà de créer une char- te de la diversité. À la suite de cela, le premier ministre m’avait demandé en 2004 un rapport pour voir ce qu’il était souhaitable de faire pour qu’il y ait moins de discriminations dans l’entreprise. C’est cela qui nous a amenés à créer la charte. L.P.B. : Vous aviez constaté ce problème au cours de votre carrière ? C.B. : Dans ce rapport commandé par le premier ministre, nous avions constaté un problème que l’on connaissait bien au sein de nos entreprises. Car la discrimination est dans la nature de l’homme,

L.P.B. : 2 000 chartes ont déjà été signées par des entreprises en France, dont 160 à Besançon. Championne de France la capitale franc-comtoise ? C.B. : Par rapport à la population locale, ce résultat est remarquable. J’ai trouvé ici un maire et des gens très motivés. Ce n’est pas le cas partout et je regrette de constater qu’il y a encore un problème cul- turel vis-à-vis de cette question. L.P.B. : Vous approuvez la notion de “dis- crimination positive” prônée par le chef de l’État ?

Claude Bébéar était à Besançon le 19 décembre dernier pour promouvoir sa “charte de la diversité”.

C.B. : Il y a quelques années, Malek Boutih, alors président de S.O.S. Racisme, m’a alerté sur le fait que dans les quartiers, il y avait des jeunes qui avaient des Bac + 4, Bac + 5 et pour lesquels on ne répondait même pas aux C.V. qu’ils envoyaient. Avec lui, j’ai trouvé des entreprises pour recevoir ces jeunes, leur redon- ner du moral et les embaucher. Des gens très bien habitent dans ces quartiers, il s’agit de ne pas passer à côté. Concernant le C.V. anonyme, qui est une des mesures que nous avons défendue dans notre rapport, il s’agit d’abord que ces gens-là aient un premier rendez-vous. À eux ensui- te de défendre leurs chances. Il ne

C.B. : Il faut faire attention aux termes que l’on emploie. La discrimination, même positive, c’est toujours contre quelqu’un. Je préfère parler de réta- blissement de l’égalité des chances. Pour redonner une chance à ceux qui ne l’ont pas eue. L.P.B. : Dans votre longue carrière, vous passiez souvent pour un patron “social”. D’où vient cette fibre ? C.B. : J’étais de la génération “guerre d’Algérie”. J’ai vu le débarquement des pieds noirs, des Harkis qu’on a laissé tomber. Tout cela m’a fait prendre conscience de ce qui était en train de se passer en France. On a fait venir des gens du Maghreb sans s’occuper de leur intégration dans la société fran- çaise. Immédiatement, je me suis dit que cela allait créer des problèmes dans le futur, que peu à peu des quartiers mixtes allaient devenir des ghettos, que l’on était en train de faire une “connerie”. Dans mon entreprise, je me suis toujours attaché à valoriser le personnel, par différentes mesures. À commencer par rencontrer à intervalles réguliers tout le personnel, pour évaluer ses besoins, ses éven- tuels soucis. Il en va de l’efficacité de l’entreprise tout entière. Ensuite, nous avons inventé certains concepts comme les horaires mobiles, le finance- ment des syndicats d’une façon un peu originale, l’expression des syndicats sur le lieu du travail… Autant de choses qui paraissaient iconoclastes, mais c’est aussi cela l’intégration.

hélas. On le voit dans le film de Yamina Benguigui oùMohamed du 9-3 discrimine un autre Mohamed du 9-3. Chaque fois qu’il y a une différence, ça pose problème, et c’est notamment le cas dans l’entreprise. Jeme souviens de l’époque où quand on nommait une femme chef de ser- vice, des hommes demandaient à changer de service. Les choses ont évolué, mais lentement. L.P.B. : On assiste aujourd’hui à une autre discrimination ? C.B. : En effet. En trente ans, les choses ont beaucoup évolué et heu- reusement concernant la discrimi- nation envers les femmes. En ce qui concerne la discrimination eth- nique, il y a des éléments extérieurs (comme les attentats ou menaces d’attentats dans le monde) qui n’arrangent pas les choses, hélas.

“La discrimination, même positive, c’est toujours contre quelqu’un.”

s’agit pas de rendre le C.V. anonyme obligatoire car il y aura un rejet de la part des entreprises. Mais il faut impérativement faire connaître ces expé- riences positives. L.P.B. :Vous qui avez baigné si longtemps dans le monde des affaires, avez-vous une vision de l’avenir au sujet de la cri- se actuelle ? C.B. : Bien sûr, personne ne peut rien prévoir. Cepen- dant, je pense quand même que l’essentiel de la cri- se financière est derrière nous. Et à l’échelle natio- nale, le plan de relance initié par le président de la République va dans le bon sens. Propos recueillis par J.-F.H..

L.P.B. : Vous soutenez l’idée des C.V. anonymes ?

A

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