La Presse Bisontine 95 - Janvier 2009

BESANÇON

La Presse Bisontine n°95 - Janvier 2009

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POLITIQUE MUNICIPALE Le leader du MoDem Philippe Gonon : “On va nous entendre de plus en plus” Le leader MoDem de la municipalité juge, parfois avec sévérité, la politique de la Ville et de l’agglomération. Philippe Gonon sera-t-il le principal empêcheur de tourner en rond du maire de Besançon ?

L a Presse Bisontine : On commence seulement à vous entendre sur les gros dossiers de la ville et de l’agglomération. Vous sortez de votre réserve ? Philippe Gonon : Imaginez le temps qu’il faut pour entrer dans cette machine extrêmement lourde et complexe qu’est la ville. C’est comme quand on reprend une entreprise, j’estime qu’il faut entre 18 mois et deux ans pour comprendre par- faitement une structure. Là, on a une ville avec 2 400 salariés, une agglomération avec 600 autres salariés, un “monstre” de 3 000 personnes avec tous les champs d’intervention que cela com- porte, il faut un temps énorme pour tout maî- triser. Sachant qu’en plus, toutes les questions que je pose transitent obligatoirement par le maire. Mais croyez-moi, on va nous entendre de plus en plus. L.P.B. : Sur les grands dossiers d’aménagement comme leT.C.S.P. en ce moment,quelle est votre vision des choses ? P.G. : Nous avons avant tout une vision écono- mique des choses. Je ne suis pas un spécialiste du tram-fer ou du tram-pneus mais en revanche, je sais ce qu’implique sur les comptes publics un achat de 200, 300 ou 400 millions d’euros. Nous avons sur tous ces dossiers des arguments tech- niques, fiscaux et économiques qui n’ont pas été abordés par les autres. Même chose pour le bud- get 2009 qui va être discuté en début d’année, nous allons faire des propositions politiques et montrer notre vraie marque à partir de janvier. L.P.B. :Vous deviendrez l’opposant principal de Jean-Louis Fousseret ? P.G. : Nous ne marchons pas en fonction de droi- te ou de gauche. Je n’aime pas ce terme d’opposant, nous marcherons en fonction des projets. Si nous ne faisons pas de l’obstruction systématique, et nous n’en ferons pas, je pense que l’on sera écou- té. Dans certains cas, on peut se retrouver com- plémentaires de la politique du maire, pour tout ce qui concerne la vie des gens au quotidien. Nous ne voulons pas être des opposants systé- matiques, des choses sont bien faites par la vil- le. L.P.B. : Lesquelles par exemple ? P.G. : J’estime que la vie associative est par exemple très bien encadrée à Besançon. L.P.B. : Quels seront vos principaux chevaux de bataille à partir de janvier ? P.G. : Il y a de gros dossiers comme les Portes de Vesoul. J’entends très bien la population dire : “On ne supporte plus la circulation entre Saint- Claude et Palente.” La réponse est bien sûr la Liaison Nord-est (L.N.E.) et la gratuité de l’A 36 entre Chemaudin et Marchaux. Le concession- naire a dit qu’il était prêt à l’accorder à condi- tion que l’on prolonge sa concession.

n’y a-t-il pas au moins ce débat ici ? La mondialisation est notre défi actuel, on ne pourra lutter en France que par la recherche et l’innovation. Sur ce point encore, l’agglo est complètement absente. L.P.B. : Votre position sur le budget 2009 de la ville ? P.G. : Nous allons proposer une chose très simple : que le bud- get 2009 soit strictement égal au budget 2008, sans tenir comp- te de l’inflation. C’est-à-dire que l’on gagnera environ 2 % et qu’il faudra aller chercher quelques économies. Il faut arrêter avec cette culture des collectivités locales qui sont dans le “tou- jours plus”. L.P.B. : La culture, ce n’est pas votre truc ! P.G. : Je ne me battrai pas là des- sus car ce n’est pas ma spécia- lité. Ce qui ne m’empêche pas d’être étonné sur certains dos- siers comme “Vauban”. Nous

“Nous voulons être

des “élus durables.”

sommes classés à l’Unesco depuis six mois et tout d’un coup, il ne se passe plus rien. Je ne vois aucune action sur l’hôtellerie, la signalétique, les accès, les souvenirs. Nous sommes à 5 mois de la nouvelle saison touristique : où sont les idées, quel est le plan ? La politique touristique de la ville, je ne vois pas où elle est. Il va falloir que l’adjoint Jean-François Girard fasse des pro- positions rapides. Nous sommes prêts à l’aider. L.P.B. : Le site de Saint-Jacques ? P.G. : Nous maintenons notre idée de “Cité Lumiè- re”, un immense complexe culturel, ludique et de congrès avec cinéma et restaurants. L.P.B. : La Rhodia ? P.G. : Je regrouperais tous les services du Conseil général, sur pilotis. Claude Jeannerot a raison de vouloir rassembler tous ses services, mais pas à Saint-Jacques. L.P.B. : Vous devenez le nouveau leader de l’opposition municipale au détriment de vos collègues de l’U.M.P. ? P.G. : Je ne dis pas cela mais il n’empêche que pendant six ans, ils n’ont jamais parlé avec for- ce de ces thèmes-là. Nous sommes dans une situation tellement difficile qu’il faut construi- re ensemble et non pas s’opposer. Dire qu’à Besan- çon ça manque d’ambition et de souffle est un discours cent fois entendu qui ne fait pas avan- cer les choses. Nous voulons apporter une pier- re positive à l’édifice. Je pense que le paysage politique va bouger. L.P.B. : C’est une allusion au rapprochement souhaité par certains, du MoDem avec la gauche socialiste ? P.G. : On sait bien que le vrai clivage gauche-droi- te, c’est fini. Il faut voir comment cela évolue mais on va forcément arriver à se genre de rap- prochements. Le conflit permanent n’a plus de sens. L.P.B. : Vous comptez donc devenir incontournable dans le paysage politique bisontin ? P.G. : Nous avons été élus pour faire un “métier”, nous avons voulu être là, c’est pour faire avan- cer nos idées, pour le bien de la chose publique bisontine. J’ai envie de dire que nous voulons être des “élus durables”… L.P.B. : D’autres élections en vue après votre score tout de même décevant de 10 % aux municipales ? P.G. : Des échéances vont arriver : européennes, puis ensuite régionales et cantonales. Nous aurons une liste aux européennes, aux régio- nales et des candidats aux cantonales. Nous sommes une organisation de plus en plus struc- turée. Propos recueillis par J.-F.H.

Autre sujet, le contournement de Besançon : il faut impérati- vement le réaliser de Beure à l’Amitié et de Saint-Claude à Palente. Et si l’État se désen- gage, c’est le rôle d’une collec- tivité locale de dire : “Je vais fédérer les partenaires.” La prio- rité absolue est de réaliser la fin de ce contournement. Beu- re-l’Amitié, il y en a pour 70 mil- lions d’euros et la L.N.E., 90 mil- lions. Il faut donc trouver 160 millions d’euros, c’est loin d’être une mission impossible quand on sait que l’on va cher- cher plus de 200 millions pour une ligne de transport en com- mun. Et l’enjeu est autrement différent. L.P.B. : L’économie est toujours votre sujet de prédilection. Que manque-t- il à Besançon pour devenir une vraie capitale économique ? P.G. : Première chose toute simple. À qui peut s’adresser un créa- teur d’entreprise quand il arri- ve ici ? Il y a huit structures dif-

Philippe Gonon est, avec Odile-Faivre Petitjean, le représentant du MoDem à la ville de Besançon.

“Le vrai clivage gauche- droite, c’est fini.”

quand on lui parle de prix de terrain à 33 euros le mètre carré et qu’on lui propose à 7 euros à quelques kilomètres de là ? Il faut créer à Besan- çon un poste de “cost-killer” qui sache adapter les coûts à la réalité. Ici, on ne se pose jamais la question de savoir ce qu’une entreprise avec 100 emplois apporte à la ville et combien on est capable de mettre en face pour l’aider. J’estime que la culture économique à Besançon n’est pas une culture de gagnant-gagnant et de compro- mis. Sur un autre point, on constate passivement que l’Université de Franche-Comté est en péril, elle a perdu 2 500 étudiants, le C.R.E.P.S. part à Montbéliard, que c’est la guerre avec Dijon, et on reste les bras croisés. L.P.B. : Que faudrait-il faire sur cette question ? P.G. : D’autres universités ont su se regrouper et constituer des “pompes à fric” en nouant des par- tenariats avec le privé. On peut contester ce phé- nomène mais la loi l’a organisé. Certaines uni- versités se sont engouffrées dans ce système, en Alsace, en Rhône-Alpes, à Montpellier. Pourquoi

férentes et naturellement, on finit par ne plus savoir qui fait quoi. Nous proposons (nous l’avions déjà évoqué pendant la campagne) de créer le guichet unique pour que n’importe quelle entre- prise n’ait qu’un seul et unique interlocuteur pour toutes ces questions-là. Nous proposons un concept pas encore adopté en France qui est celui de “l’accompagnement de A à Z d’une entrepri- se”. Il y a ici un bout de Cré-Entreprendre, là un bout de pépinière d’entreprises, un bout de C.C.I. Il faut une interface unique, cela existe dans les pays anglo-saxons. Je “flingue” à tour de bras l’A.R.D. (agence régionale de développement) : sur les 250 000 habitants de ce bassin d’emploi, combien cette A.R.D. a-t-elle amené d’emplois ? Zéro. Elle en est réduite à créer des sites Inter- net d’ambassadeurs. Et pendant ce temps-là, des fleurons de l’économie s’en vont. L.P.B. :Vous remettez sur le tapis le cas de ces entreprises qui choisissent la Haute-Saône voisine ou Saint-Vit pour aller s’implanter ? P.G. : Mais c’est une réalité ! Pensez-vous que l’entrepreneur n’a pas une calculette dans la tête

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