La Presse Bisontine 95 - Janvier 2009

La Presse Bisontine n°95 - Janvier 2009

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TARIFS

Les anecdotes des enchères Un Perronnneau vendu 75 000 euros

Elles vivent ainsi, de mains en mains, d’un collectionneur à l’autre. L’art nourrit également les fan- tasmes. De nombreux proprié- taires d’objets d’art se croient détenteurs d’un véritable patri- moine. Jean-Paul Renoud-Grap- pin a croisé des vendeurs qui se croyaient propriétaires d’un véri- table violon Stradivarius parce qu’une indication sur l’instrument le laissait penser. “Il s’agit en fait de violons qui sont faits à lamanière de l’artiste, mais ils ne sont pas signés de la main du maître” Antonio Stra- divari. Ces pièces valent une for- tune. Le violon deMenuhin s’est vendu 6 millions d’euros aux enchères.

ainsi leurs chances de trouver la perle rare, en tout cas celle qui nourrit leur émotion. À ces occasions, le commissaire-pri- seur a souvent au téléphone des acheteurs intéressés par un tableau.C’est ainsi qu’uneœuvre napolitaine dont se séparait un particulier du Haut-Doubs est repartie àNaples. “L’art est deve- numondial. Une fois, j’ai vendu un tableaudeRudolf Ernst (1854- 1932), un peintre autrichien éta- bli à Paris. L’œuvre représentait une scène peinte en Turquie. Ce jour-là, j’avais au téléphone pour la vente aux enchères, cinq col- lectionneurs turcs, et quatre col- lectionneurs turcs qui présents dans la salle.” Souvent,lesœuvres retrouvent leur pays d’origine.

Des acquéreurs, collectionneurs parfois, sont prêts à aller très loin dans le prix pour posséder l’œuvre qui les séduit. Mais la flambée des enchères ne garantit pas la cote de l’œuvre qui peut perdre de sa valeur les années suivantes.

ronneau. Estimé 15 000 euros, il a été vendu 75 000 euros. Cela ne signifie pas qu’il partirait au même prix s’il devait être reven- du. “J’ai également en mémoire l’exemple d’une cliente qui me sollicite pour expertiser un tableau de Majorelle. Après avoir regar- dé la cote de l’artiste,je lui indique que ce tableau vaut 70 000 F à l’époque.Il s’est vendu 250 000 F.” Internet facilite la recherche aux acquéreurs qui s’informent sur des sites spécialisés des ventes aux enchères qui ont lieu par- tout dans le monde, multipliant

J ean-Paul Renoud-Grappin se définit comme un “géné- raliste de l’art.” Qu’il s’agisse d’un tableau, d’un bijou, ou de mobilier, le commissaire- priseur est en mesure de l’identifier et de l’évaluer. “J’ai recours à un expert pour estimer 1 % des objets qui me sont pré- sentés” dit-il. Ce professionnel demande l’avis d’un spécialiste lorsqu’il doute par exemple de l’authenticité de l’œuvre comme

bien d’un vrai Corot. Certifiée, la toile de 21,5 cm par 28 cm a été vendue récemment aux enchères au prix de 22 000 euros alors qu’elle avait été acquise en Haute-Saône quelques centaines de francs quelques années plus tôt. L’art réserve parfois de belles his- toires. Jean-Paul Renoud-Grap- pin a eu d’autres cas similaires, notamment lors de la vente d’un pastel de Jean-Baptiste Per-

ce fut le cas lorsqu’un de ses clients lui présenta “Le puits de pierres”un petit tableau de Jean- Baptiste Corot (1796-1875). Le peintre originaire des Hauts-de- Seine aurait été souvent copié, ce qui rend difficile l’authentification de l’œuvre. Dubitatif, Jean-Paul Renoud- Grappin a présenté cette huile sur papier marouflé au spécia- liste français du peintre. Cet expert a confirmé qu’il s’agissait

Acheté quelques centaines de francs en Haute-Saône, ce Corot a été acquis par un collectionneur 22 000 euros.

TENDANCE

Les régionaux s’exposent en galerie

Les artistes franc-comtois attisent les passions Il n’existe pas de lieu dédié à la peinture franc-comtoise. Alors, quand dans les galeries d’art bisontines ou à Pontarlier, dans le cadre du salon des Annonciades, on organise des exposi- tions pour présenter des peintres locaux, le public se presse.

Dé c emb r e g ou rmand aux Ca v e s d e l a Bu t t e

L’ engouement pour les peintres franc- comtois ne se dément pas. L’exposition des œuvres de Pierre Bichet organisée à Pontarlier cet autom- ne à la Chapelle des Annonciades a ras- semblé “7 000 visiteurs en 3 semaines. Il ne s’agissait pas de peinture mais de litho- graphie. L’exposition retraçait 50 ans de travail de l’artiste. Je crois que le public attendait qu’on lui rende hommage” obser- ve Fabrice Hérard de l’association des Amis du Musée. La capitale du Haut- Doubs peut se targuer d’être un carre- four où se croisent depuis longtemps les artistes-peintres franc-comtois. Cette vil- le abrite le salon des Annonciades dont la première édition fut organisée en 1927 à l’initiative de Fernier, Charigny et Bou- roult. Rapidement, le trio est rejoint par Roz. Pierre Bichet organisera ensuite cet- te rencontre artistique pendant quarante ans. Tous ces peintres inscrits dans un cou- rant figuratif classique sont les héritiers de l’école comtoise de peinture, un gen- re né dans le sillage de Gustave Cour- bet. Pour 2009, les Amis du Musée pré- parent une exposition qui rendra hommage aux fondateurs de ce salon.

Dans cet antre de l’art, il organise au moins une fois par an des expositions autour des peintres francs-comtois. “C’est essentiel. Pour moi, c’est un cheval de bataille.” Pour cela, il fait appel aux héri- tiers de ces artistes, aux artistes eux- mêmes quand ils sont en vie, et à des col- lectionneurs dont un possède “quarante Charigny, quarante Decrind et quaran- te Bourgeois.” Ainsi, Alberto Brito a présenté Zingg, Fernier, et plus récemment Decrind à travers une cinquantaine d’œuvres que les visiteurs pouvaient acquérir. “Ce ren- dez-vous était très attendu car cela fai- sait 13 ans qu’une exposition ne lui avait pas été dédiée” observe Alberto Brito. Cet artiste qui n’a pas seulement peint des paysages enneigés a la cote en galerie. “Une très belle neige de Decrind se vend entre 8 000 et 9 000 euros.” Roz, dont l’œuvre est assez restreinte, est égale- ment assez couru des amateurs d’art. La Galerie Médicis vient de terminer une exposition sur Jean-Claude Bourgeois, 76 ans, un des derniers artistes franc- comtois de sa génération encore vivant. “Un peintre comme celui-ci est une loco- motive dans une galerie” poursuit Alber- to Brito. Ses tableaux se vendent aux alentours de 6 500 euros. Les visiteurs viennent de Paris parfois pour découvrir l’œuvre de cet artiste figuratif riche de son passé et de son histoire. Il est le der- nier témoin d’une époque qui se reflète dans ses tableaux à travers, par exemple, une scène de débardage. “Il y a une nou- velle génération de peintres qui arrive. Eux sont dans le présent. Nous n’avons pas encore de recul sur l’histoire dont ils sont les témoins.” Le Franche-Comté abrite toujours un vivier d’artiste, et l’attachement du public à cet art régional resterait intact. “Les enfants de collectionneurs cherchent et achètent de la peinture franc-comtoise. C’est dans la culture. Le marché de l’art dans cette région est très étonnant.”

VENDREDI 12 ET SAMEDI 13 DÉCEMBRE

Dégustations gourmandes

Terrines Jean-Marie Bole

Griottines de Fougerolles

VENDREDI 21 ET SAMEDI 22 DÉCEMBRE

Vins et Foie Gras

“Le marché de l’art est très éton- nant.”

Les Annonciades sont une des rares manifestations à promouvoir à ce point la peinture régionale. En dehors de quelques gale- ries locales, dumusée Cour- bet à Ornans, et du musée des Beaux-Arts de Besan- çon qui présente quelques œuvres de ces artistes, il n’existe pas de lieu entiè- rement dédié à ces artistes dont la peinture “est d’une grande qualité” observe Alberto Brito, propriétai- re de la Galerie Médicis située place Victor Hugo à Besançon.

Dégustation de Champagnes

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