La Presse Bisontine 95 - Janvier 2009

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La Presse Bisontine n°95 - Janvier 2009

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CINÉMA Un prix à Venise L’Apprenti séduit Ses avant-premières font salle comble. En pleine pro- motion de L’Apprenti, son premier long-métrage tour- né dans le Haut-Doubs, sa terre natale, Samuel Col- lardey savoure mais garde la tête froide.

S.C. : Ils sont contents. On a terminé le tournage en janvier et ils l’ont vu dès février. Ils ont été rassurés. Le film repose sur une confiance mutuel- le. Sans elle, jamais ils ne se seraient abandonnés devant la caméra. Les scènes sont sincères dans le film. Je voulais les monter d’une belle maniè- re et j’espère que j’ai réussi. L.P.B. :Aujourd’hui, que font Mathieu, Paul, les autres et vous-même ? S.C. : Tous ont repris leur vie. Paul est toujours dans sa ferme.Mathieu pour- suit ses études. Il est en Bac pro. Quant à moi, j’ai été chef opérateur sur un autre film. Je vais suivre L’Apprenti pendant encore quelque temps et au printemps, je passerai à autre chose. L.P.B. : Un second long-métrage ? S.C. : On n’a pas encore commencé l’écriture mais ce film ne se passera pas dans le Haut-Doubs. J’ai tourné ici mes deux courts-métrages et un long-métrage ici, ça suffit. Ça sera peut-être une vraie fiction avec des acteurs connus. Je ne sais pas. Ren- dez-vous dans deux ans et demi envi- ron. Propos recueillis par A.B. de Samuel Collardey est un premier film réussi salué par la critique mais pas assez distribué selon son réalisateur. L’Apprenti de Samuel Collardey, actuellement au cinéma Victor Hugo à Besançon Un scénario de fiction enrichi par la vie des protagonistes, L’Apprenti

L a Presse Bisontine : Comment vivez-vous toutes ces avant-premières en Franche- Comté et la sortie de votre filmen général ? Samuel Collardey : Je vais bien. Je ne sais pas si on va être si bien accueilli à Paris qu’ici alors je profite de mon statut de “star” dans le Haut-Doubs ! Plus sérieusement, c’est très inté- ressant de discuter du film, un bébé

que je porte depuis longtemps et qui m’a demandé trois ans de travail. On échange beaucoup. Le bouche-à-oreille fonctionne bien et comme ils disent dans le métier, le taux de satisfaction est assez élevé. L.P.B. : Pourtant, bien que primé à la Mostra de Venise et salué par la critique, votre film

ne bénéficie pas d’une grosse promo ? S.C. : On a reçu le Prix de la semaine internationale de la critique à Veni- se. On a droit à un petit bonhomme qui rigole dans Télérama, deux pages dans Studio, un article dans les Cahiers du cinéma, deux émissions à France Culture…Mais malgré tout, on sort sur une trentaine de copies seulement, choix du distributeur. Je suis un peu déçu, j’attendais plus. J’aurais aimé qu’il y en ait une ving- taine d’autres. L.P.B. : Comment est perçu L’apprenti ? Docu- mentaire ou fiction ? S.C. : Très bien. Les gens d’ici vont voir le film pour retrouver les paysages qu’ils connaissent et reconnaître des figurants et ressortent en ayant vu un film de cinéma. C’est rassurant. J’ai un peu de problème pour classer mon film et j’en joue. Cinéma de fic- tion ou cinéma documentaire, un film n’est pas un doc qui traite d’un sujet particulier. Mais entre les deux pre- miers, l’un emprunte toujours à l’autre.

L.P.B. :La vie moderne,film de Raymond Depar- don sorti il y a quelques semaines et qui a également pour décor le monde paysan, vous fait-il de l’ombre ? S.C. : Non. Je ne pense pas. Je ne suis pas aussi connu que lui ! Mais com- me lui, j’ai fait un film. Aucun des deux n’est un doc à mes yeux. L.P.B. : Mais dans L’Apprenti, on a le sentiment que vous filmez la vraie vie ? Les acteurs jouent tous leur propre rôle. S.C. : Effectivement, il n’y a pas de cas- ting avec des acteurs connus. C’était un vrai choix artistique de travailler avec des non-professionnels. Cela appartient à l’esthétique du film et au dispositif de tournage. Il y a un côté brut totalement assumé. Le film s’est écrit au fur et à mesure et les scènes pas répétées pour capter l’authenticité des acteurs. Ainsi, la scène où Mathieu retrouve son père n’était pas prévue. Ce sont de vraies retrouvailles. L.P.B. : Comment vos acteurs vivent-ils la sor- tie du film ?

Apprenti en alternance chez Paul, Mathieu Bulle redécouvre la vraie de famille,

cherche ses marques et découvre le métier.

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