La Presse Bisontine 95 - Janvier 2009

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n°95 - Janvier 2009

32

INDUSTRIE

500 000 salariés Le décolletage lance un appel au secours Lionel Baud, le Président du Syndicat National du Décolletage s’est fendu d’un courrier au président de la République pour l’alerter sur la situation de la branche. Il apporte 10 propositions concrètes, dans la lignée du plan de relance de l’économie présenté le 4 décembre dernier.

L a sous-traitance industrielle et notamment le décolletage et les industries mécaniques emploient plus de 500 000 salariés en Fran- ce, dans 30 000 entreprises, essen- tiellement des P.M.E. de moins de 250 salariés. Face à la conjoncture actuelle, Lionel Baud, P.D.G. du groupe éponyme, tire la sonnette d’alarme et avance une dizaine de propositions. “La sous-trai- tance subit la crise de manière beau- coup plus forte que ses donneurs d’ordres : quand ceux-ci baissent aujour- d’hui d’environ 10 %, on enregistre ces dernières semaines des baisses chez les sous-traitants de 30 % à plus de 70 %. Autant dire que leurs faire-part de décès sont déjà quasiment publiés” alerte Lio- nel Baud. Quels sont donc les leviers structurels sur lesquels le syndicat du décolleta- ge propose à Nicolas Sarkozy d’agir ? D’abord un moratoire sur le paiement des charges sociales et fiscales. “Nous proposons un report du paiement de ces charges pour la période allant d’aujourd’hui à fin juin 2009. Ce paie- ment serait étalé entre le deuxième semestre 2009 et 2010, et ceci sans ins- cription de privilège au Greffe. Concer- nant les charges sociales, le précompte

salarié serait payé nor- malement” soutient Lio- nel Baud. Deuxième mesure préconisée : “Les contraintes liées au chô- mage économique doi- vent être assouplies. Nous proposons une pri- se en charge par l’État à 100 % du solde à la charge de l’employeur (y compris au-delà de 35 heures), ainsi qu’une accélération et une homogénéisation des

La sous- traitance industrielle

emploie plus de 500 000

personnes en France.

le de nos amis allemands, illustre Lio- nel Baud : en 1998, date à laquelle les discussions autour des 35 heures ont débuté, le coût horaire de la main- d’œuvre était plus bas en France qu’en Allemagne (22,94 euros contre 23,60 euros). Dix ans plus tard, non seulement la tendance s’est inversée, mais l’écart est devenu insupportable pour nos entreprises : 31 euros contre 27 euros, soit 15 % de plus à notre plus grand détriment…Et si on ajoute enco- re à cet écart le poids de la Taxe Pro- fessionnelle (8 % en plus), comment peut-on faire dans ces conditions pour rester compétitifs ? Nous sommes donc persuadés que l’on peut baisser le coût

du travail en agissant notamment sur les leviers suivants, même s’ils ne sont pas les seuls : réaménagement de la taxe professionnelle, exonération tota- le et définitive de taxe professionnelle pour les investissements réalisés entre le 23 octobre 2008 et le 31 décembre 2009, baisse du taux de T.P. à 2,5 % de la Valeur Ajoutée des entreprises de sous-traitance, puis de passer à 2 % en 2009, puis à 1,5 % en 2010 tous sec- teurs confondus.” D’autres mesures vitales comme la réduction des charges sociales ou la diminution des impôts sur les socié- tés industrielles et exportatrices revien- nent sur le tapis.

procédures de chaque Direction Dépar- tementale duTravail. Ce temps de chô- mage subi pourra être utilisé pour de la formation professionnelle.” Ensuite, Lionel Baud préconise que la loi sur les délais de paiement soit appliquée au 1 er janvier. “Nos entreprises ont déjà reçu des courriers de leurs fournisseurs pour leur rappeler leurs obligations… L’étau qui se resserre chaque jour risque de nous être définitivement fatal.” Parmi les autres mesures avancées par les décolleteurs, il y a “l’assurance-cré- dit qui doit être moins pénalisante.” Il pense aussi la compétitivité des entre- prises doit enfin être libérée. “Compa- rons simplement notre situation et cel-

Lionel Baud a voulu alerter le chef de l’État avant que ce dernier présente son plan de relance pour l’économie.

BESANÇON Un élargissement des missions La Sedd anticipe sur la crise La Société d’équipement du Doubs célèbre ses 50 ans d’existence. Elle choisit d’élargir ses missions et son champ d’intervention géographique.

L a conjoncture du marché de l’immobilier ne favorise guère cette nouvelle stratégie justifiée par la nouvelle donne régle- mentaire des S.E.M. (Société d’économie mix- te) aujourd’hui soumises à concurrence pour l’ensemble de leurs projets. La Sedd entend désormais se conforter sur son cœur de métier en s’investissant davantage dans les opéra- tions urbaines, la maîtrise d’ouvrage déléguée pour le Département et la Région et l’aménagement de zones économiques (Temis Besançon, Technoland à Montbéliard…). Elle souhaite également agir sur l’ensemble du territoire départemental et s’impliquer dans le développement de modes d’intervention pri- vés comme ce fut le cas pour la Z.A.C. de la Mouillère à Besançon. Comme ses missions supposent d’apporter de solides garanties financières, le doublement du capital vient d’être entériné le 5 décembre, passant de 1,8 à 3,8 millions d’euros. Deux raisons expliquaient cette mesure. La crois- sance de la Sedd tout d’abord qui a doublé son chiffre d’affaires en 6 ans (4 millions d’euros d’honoraires perçus en 2007). Et l’évolution des systèmes d’intervention. “On est mainte- nant soumis à des consultations. Les contrats de concession établis avec les collectivités com- portent plus de risques qu’auparavant” , évoque Bernard Bletton. Le directeur reconnaît que la situation actuelle imposera d’ajuster ce plan de développement au fur et à mesure des événements. Avec la crise de la construction, les promo- teurs se concentrent sur la vente des immeubles qu’ils déstockent. “Cela provoque un sérieux ralentissement sur les opérations d’habitat. Seul le volet consacré à la vente de lots indi- viduels tire encore son épingle du jeu.” Les col- lectivités territoriales ou locales ont des moyens financiers de plus en plus limités. Renché- rissement du coût des crédits, baisse des dota-

tions d’État expliquent cette réduction des marges de manœuvre. Conséquences : soit elles s’orientent sur des opérations qui s’équilibrent, soit elles ralentissent leurs inves- tissements à l’exemple du Conseil général vis- à-vis des collèges. Inversement, grâce à la crise, la Sedd peut bénéficier du retrait de la scène régionale des grands groupes nationaux qui se recentrent sur les grandes agglomérations. “C’est une chance. À nous aujourd’hui d’occuper la pla- ce libérée par ces opérateurs privés. On est là pour tenir ce cap. L’arrivée sur le marché concur- rentiel n’a pas que des inconvénients dans le sens ou elle permet aussi à la Sedd de se posi- tionner sur des opérations auxquelles elle n’avait pas accès auparavant” conclut Ber- nard Bletton assez optimiste. F.C.

PONTAULT COMBAULT

PONTAULT COMBAULT

AS ST MAURICE PFAFSTATT

6 décembre 2008

6 décembre 2008

7 décembre 2008

Seule ou en partenariat avec les collectivités, la Sedd intervient dans le cadre d’opérations immobilières. Exemple avec la Z.A.C. de la Mouillère.

Made with FlippingBook - Online catalogs