La Presse Bisontine 95 - Janvier 2009

La Presse Bisontine n°95 - Janvier 2009

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CONJONCTURE 130 millions d’investissement La crise bouscule l’économie locale Bâtiment, industrie, travaux publics, artisanat, tous les secteurs sont touchés par le ralentissement économique sévère. Dans ce contexte de récession, les collecti- vités publiques veulent jouer l’acteur “anti-crise.”

U ne crise. Le mot était encore tabou il y a quelques semaines dans la bouche des leaders poli- tiques qui lui préféraient “ralen- tissement économique” pour qualifier la dégradation de la conjoncture. Pas- sé l’effet sémantique, tous se sont réso- lus à admettre que nous avons désor- mais au moins un pied dans la crise pour ne pas les dire les deux à en juger par la situation de certaines entre- prises du bâtiment, des travaux publics mais aussi de l’industrie. La défaillance des firmes de l’automobile comme P.S.A. ou General Motors affai- blit en cascade tout le réseau des sous- traitants. Inodip à Saône dont l’activité est à en partie tournée vers ce mar- ché est en difficulté. La décadence de Peugeot qui a mis ses salariés en chô- mage partiel jusqu’au mois de janvier, fragilise tout le tissu industriel du Pays de Montbéliard. Dans le domaine du bâtiment, plu- sieurs entreprises portent à leur tour les symptômes du marasme écono- mique qui touche la profession du B.T.P. Elle est en redressement judiciaire depuis novembre.ÀValdahon, la socié- té Val T.P. fait aussi l’objet d’une pro- cédure de redressement judiciaire depuis le mois d’août. Le secteur des travaux publics, qui emploie 5 800 personnes en Franche- Comté, dont on pensait qu’il serait

épargné par le ralentissement conjonc- turel est au contraire directement concerné. “L’activité dans lesT.P. dépend aux 3/4 de la commande publique. 50 % sont liés à des projets portés par les collectivités locales. Nous savons qu’il y a toujours une baisse d’activité lorsque nous sommes dans une année électorale. Les municipales étant pas- sées, on pensait que l’activité allait repartir. Or, on constate qu’il n’y a pas eu de reprise des appels d’offres. En 2009, la baisse de l’activité devrait être de l’ordre de 10 à 12 %” s’inquiète la

té dans ce dossier, et annonce qu’il entend être “un acteur anti-crise.” Il se dit disposé à apporter son “soutien aux secteurs du T.P. et du bâtiment.” Le Conseil général qui réduit pourtant ses dépenses d’investissement (elles passent de 156 millions d’euros à 130 millions d’euros) maintient ses chantiers de rénovation de collège, d’aménagement routier ou d’aide à la pierre pour la construction d’établissements pour personnes âgées. Le président confirme que le Dépar- tement continuera de subventionner “fortement les communes et commu- nautés de communes dans leurs pro- jets. Nous allons adopter une stratégie d’équilibre.” Ces propos sont de natu- re à rassurer les sociétés de T.P. et du bâtiment, un secteur où la rareté des marchés publics exacerbe la concur- rence et la guerre des prix. Pour ce qui est de l’industrie et de l’artisanat, il faudra attendre les plans de relance annoncés par le gouverne- ment. Sur le terrain, les acteurs éco- nomiques veulent des signes forts pour que lesmarchés retrouvent leur confian- ce. Car pour l’instant, les entreprises sont sceptiques quant à leur avenir. Pour la plupart d’entre elles, les indi- cateurs ne sont pas très réjouissants. La Chambre des Métiers a lancé une enquête auprès de 7 091 entreprises pour dresser un diagnostic de la situa-

La majorité des entreprises déclarent enregistrer une baisse des commandes.

Fédération Régionale des Travaux Publics. Il est possible que des sala- riés des T.P. viennent grossir les chiffres du chômage. La F.R.T.P. attend donc des collectivités qu’elles soient moins frileuses et confirment des projets “qu’elles ont dans les car- tons. Elles ont des besoins.” Cet organisme attend aussi beaucoup du Département qui est un des plus important donneur d’ordres pour les travaux publics. Clau- de Jeannerot, le prési- dent du Conseil général, mesure sa responsabili-

“Nous allons adopter une stratégie d’équilibre.”

tion. Il apparaît que “la crise est res- sentie de façon différente suivant les secteurs.” Mais 71 % des répondants à l’enquête “déclarent enregistrer une baisse du nombre de commandes. Ceci est flagrant dans le domaine du bâti- ment où les demandes de devis chutent brutalement. Il en est de même dans le secteur de la sous-traitance où les don- neurs d’ordre limitent les commandes

et les quantités d’outils et/ou de pièces.” Toutes estiment qu’elles ont une lisi- bilité qui ne dépasse plus les quelques semaines voire les quelques jours dans le pire des cas. À ce rythme, la rentrée 2009 ne s’annonce pas sous lesmeilleurs auspices. T.C.

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