La Presse Bisontine 94 - Décembre 2008

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 94 — Décembre 2008

47

BESANÇON

Chronique d’un mélomane très jazzy

Un auteur qui a du swing Paul-Aimé Baudier vient de publier “Le siècle du Jazz”. Un livre dans lequel l’auteur raconte l’histoire de cette musique qui le passionne depuis qu’il a eu entre les mains un disque de Sydney Bechet. C’était en 1957 en Algérie.

Paul-Aimé Baudier a été administra- teur du centre polyphonique de Franche- Comté. Il a également animé une émission de jazz sur Radio Bip.

C’ est un appartement modes- te de la rue de Bourgogne à Planoise, propret et soi- gneusement rangé. Les a priori étaient donc infondés. Il faut dire qu’en partant à la rencontre d’un fin connaisseur de l’histoire du jazz, on peut s’attendre à découvrir un éru- dit immergé dans un joyeux fatras de bouquins, de vinyles éparpillés aux quatre coins d’une pièce dont les murs seraient couverts de photos de jazz- men. Eh bien non, il n’y a pas d’images placardées de Miles Davis, Louis Arm- strong, Stan Getz ou de Joséphine Baker, pas plus qu’il n’y a de piano sur lequel fumerait encore une cigarette à demi écrasée au fond d’un cendrier. Rien. Rien qui puisse annoncer au visi- teur qu’une fois passée la porte, il est ici chez un spécialiste dont l’installation hi-fi devrait cracher un swing puis- sant à longueur de journée. Paul-Aimé Baudier n’est pas d’une pas- sion démonstrative qui exhiberait d’une manière ou d’une autre les monstres sacrés du jazz. En même temps, s’il devait épingler une photo de tous les musiciens qui ont écrit l’histoire de cette musique depuis son origine, et auxquels il fait référence dans son livre, sûr que les murs de son logement ne suffiraient pas.

puristes. Ce passionné rend l’histoire vivante et nous conduit du quartier chaud de Storyville à la Nouvelle Orléans, “le creuset du jazz” au début du siècle der- nier, à une rencontre, dans les années soixante-dix avec Herbie Hancock, Kei- th Jarrett et Ckick Coréa,“les enfants” de Miles Davis. C’est à cette même époque que naît Weather Report, l’un des plus influents groupes de Jazz- rock fusion. Le claviériste Joe Zawi- nul et sa bande font partie de ces musi- ciens dont la créativité a donné au jazz de nouvelles couleurs sonores. L’évolution de cette musique est syn- copée. Il en est ainsi depuis cent ans d’une histoire jalonnée de musiciens talentueux aux destins souvent tra- giques et chaotiques, comme celui de Chet Baker, trompettiste qui sombre dans la drogue avant de disparaître en 1988. La vie d’Art Pepper est aus- si mouvementée puisqu’il fut condam- né à deux ans de prison pour cause de stupéfiants. “Ce saxophoniste alto est un contemporain de Charlie Parker. C’est un type tourmenté qui à mon sens n’a pas eu la carrière qu’il méritait. Pour moi, c’est un des meilleurs.” Page après page, le lecteur vagabon- de avec Paul-Aimé Baudier qui ne s’annonce pas comme un “des grands

Pourtant, son appartement de la rue de Bourgogne est bien l’antre d’un mélomane avant d’être celle d’unmusi- cien, même si celui-ci s’est essayé au piano. Ce Bisontin est une fine bouche qui se délecte de jazz comme on dégus- te un bon vin, toujours prêt à se lais- ser surprendre par une mesure, un souffle, un personnage, une anecdote. Les arômes de cette musique sont rare- ment consensuels, c’est d’ailleurs pour cela qu’elle est si surprenante, et tra- verse le temps de façon impétueuse. À travers “Le siècle du jazz” (ouvrage paru aux éditions Pascal Magnin), Paul-Aimé Baudier s’attache à nous

jazz sont apparues, des musiques libres que l’on apprécie à condition d’être curieux ou connaisseur. Mais la base reste la même. “Au départ, c’est l’expression du peuple noir déplacé d’Afrique enAmérique. Le jazz est deve- nu un langage mondial universel. Je dirais même qu’il est à l’origine de toutes nos musiques actuelles.” Le jazz n’a plus l’audience qu’il a pu avoir. Il se cantonne dans les clubs, ressurgit dans les festivals mais l’euphorie de l’après-guerre s’est étio- lée. “J’aurais aimé avoir 20 ans dans le Paris des années cinquante pour aller écouter Bud Powell” , un pianiste d’exception dans une époque très Saint- Germain-des-Prés.

spécialistes de la question. D’abord qui peut le prétendre ! Je me suis bien docu- menté et j’ai eu le culot de poursuivre l’aventure en cherchant à me faire publier” sourit-il. Pari gagné ! Son aventure avec le jazz a débuté en 1957 dans une Algérie en guerre. Il avait une quinzaine d’années lorsqu’il écoute le disque “Sydney Bechet à l’Olympia” enregistré en 1955. Sa ren- contre auditive avec l’auteur de “Peti- te Fleur” est la première d’une longue série d’infidélités qu’il fera à d’autres courants musicaux comme le rock’n’roll - dont il suivra toutefois de près l’évolution. “Le jazz était très populai- re à l’époque. C’était une musique inno- vante qui allait au plus grand nombre. Elle était moins élitiste qu’aujourd’hui.” Par truchement, d’autres formes de

faire goûter du bout des lèvres le sel de “la plus grande épopée musica- le du XX ème siècle” lit-on en couverture de l’ouvrage. Sur 200 pages, l’auteur s’est attelé à retracer l’histoire du jazz. Vas- te sujet que le sexagé- naire n’a pas résumé en une pâle chronolo- gie insipide et encore moins en une encyclo- pédie pompeuse et indi- geste qui ne s’adresserait qu’aux

“Avoir 20 ans dans le Paris des années cinquante.”

T.C.

Votre cinéma au cœur de la ville BEAUX ARTS

CINÉMA

AGATHE CLERY À partir du 3 décembre

BURN AFTER READING À partir du 10 décembre

LE TRANSPORTEUR 3 À partir du 26 novembre

MESRINE L’ENNEMI PUBLIC N°1 À partir du 19 novembre

MADAGASCAR 2 À partir du 3 décembre

ECRANS GÉANTS. SON NUMÉRIQUE. PARKING 1000 PLACES. MARCHE BEAUX ARTS- BESANÇON - Répondeur programme : 0892 696 696 (0,34e TTC/min) www.cinemaspathe.com

BEAUX ARTS

Made with FlippingBook Annual report