La Presse Bisontine 94 - Décembre 2008

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Réaction Michel Dieudonné : “Les entreprises gèlent leurs projets” Président de la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie, Michel Dieudonné se fait le relais des entreprises franc-comtoises notamment confrontées à la frilosité de leurs banques.

Stratégie La C.C.I. joue les

médiateurs financiers Les entrepreneurs qui ont des difficultés à décrocher des crédits auprès d’un établissement bancaire peu- vent contacter la cellule “Info Urgence Entreprise” qui est là pour les appuyer dans leur démarche. L a Chambre de Commerce et de l’Industrie du Doubs a élaboré un plan d’action à destination de 15 000 entreprises pour les aider à passer la crise. L’objectif principal de cette opération est de les épauler dans leurs démarches auprès des organismes bancaires qui serrent la vanne des cré- dits jusqu’à mettre en péril des entreprises. Pour cela, la C.C.I. a mis en pla- ce un numéro spécial (03 81 25 26 26) qui est celui de la cellule “Info Urgen- ce Entreprise.”Elle est ouverte à tous les responsables de société “qui ont des soucis sur le plan bancaire” précise François Mazière, directeur de la C.C.I. Les entrepreneurs sont accueillis à la Chambre qui dresse avec eux un dia- gnostic de leur situation avant d’envisager des solutions.En fonction du bilan, la C.C.I. du Doubs est prête à intervenir directement auprès des établisse- ments bancaires si elle estime qu’ils font preuve d’une précaution excessive par rapport au responsable. “Nous pouvons appeler la direction de la banque en question, leTrésorier-Payeur Général et laBanque de France.Nous sommes prêts à actionner plusieurs leviers pour trouver une solution au problème” poursuit François Mazière. Par cette démarche, la C.C.I. veut que les organismes prêteurs facilitent à nouveau l’accès aux crédits à court terme et permettent des autorisations de découvert aux sociétés afin qu’elles puissent passer la crise. Sans l’apport en oxygène des banques, c’est tout le tissu industriel et commercial qui risque l’asphyxie comme c’est déjà le cas dans des secteurs comme l’automobile. La conjoncture se dégrade de façon inégale suivant les domaines (plus rapi- dement dans le B.T.P. que dans l’industrie du luxe). Pour mesurer l’impact de la crise, la C.C.I. a donc lancé par mail une enquê- te auprès de 1 000 entreprises du Doubs. Six questions leur sont posées sur l’évolution de leur carnet de commandes et de leur chiffre d’affaires, la situa- tion de leur trésorerie, si elles ont ou non recours à des reports volontaires d’investissement ou au chômage partiel. Les résultats de cette enquête seront communiqués aux pouvoirs publics afin d’affiner la stratégie d’accompagnement qui est mise en place.

L a Presse Bisontine :Le spectre de la cri- seest-ilpalpableauprèsdesentreprises franc-comtoises ? Michel Dieudonné : De la crise finan- cière, oui. Dans mon département, le Jura,nous avons lancé début novembre une “enquête flash” auprès de 150 de nos ressortissants en leur demandant simplement si la crise financière avait une influence sur leur entreprise. Je n’ai jamais eu un tel retour, en 48 heures, plus de 50 % des entre- prises avaient déjà répondu. Lamême enquête a été engagée le 6 novembre dans le Doubs. L.P.B. : Et qu’ont-elles répondu ? M.D. : Le principal message, c’est que leurs banques ne répondent pas à leurs demandes ou alors qu’elles rédui- sent leurs en-cours ou leurs autori- sations de découvert. 80 % d’entre elles nous ont dit que leurs projets d’investissements étaient gelés. Dans les industries, on arrête le recours aux intérimaires, et les C.D.D. ris- quent de ne pas être renouvelés.Toutes les entreprises ou quasiment toutes confirment leurs soucis quant au per- sonnel. L’inquiétude des chefs d’entreprises concerne la baisse de

l’activité, c’est surtout vrai dans le commerce, le bâtiment, le transport, l’équipement de la maison. Alors si les banques ne suivent plus, ce sera une catastrophe. L.P.B. :LesC.C.I.nesont-elles pasimpuissantes face à ces turbulences actuelles ? M.D. : Il faut réagir à notre échelle. Cela s’est traduit notamment par la mise en place d’une plate-forme télé- phonique “Info crise” dans le Jura, avec un numéro vert. La même cho- se a été faite dans le Doubs avec le n° 03 81 25 26 26 (voir plus loin). L’idée étant que si un chef d’entreprise appelle, un professionnel de la C.C.I. joue le rôle d’intermédiaire entre lui

Michel Dieudonné pré- side aussi la Chambre de Commerce et d’Industrie du Jura depuis 14 ans.

et sa banque, une sor- te de médiateur. Ce sera du travail de four- mi et de terrain : trou- ver les bonnes portes d’entrée pour régler les problèmes actuels posés aux chefs d’entreprise de cette région.

“Les C.D.D. risquent de ne pas être renouvelés.”

Au sein du groupe Simonin, on attend que l’orage passe. La crise plane.

Propos recueillis par J.-F.H.

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