La Presse Bisontine 94 - Décembre 2008

ÉCONOMIE

36

La Presse Bisontine n° 94 — Décembre 2008

INDUSTRIE

Une fin d’année difficile Les sous-traitants font le dos rond

Elles étaient près de 45 entreprises franc-comtoises à avoir fait le déplacement au Midest de Paris-Nord Villepinte, le principal salon mondial de sous-traitance industrielle. Les industriels du Grand Besançon étaient présents. P rès de 50 000 m 2 de surface d’exposition, plus de 1 800 exposants, Midest est le plus grand salon mon- dial exclusivement consacré à la sous- traitance industrielle et aux rencontres en face à face. Cette année, du 4 au 7 novembre, les allées du Midest étaient cer- tainement aussi fournies que les années précé- dentes, mais unmot revenait souvent à l’approche des stands :“la crise”. Cependant, selon les expo- sants, ce mot n’avait pas la même résonance. Certains reconnaissent qu’il y a “beaucoup moins de monde cette année dans les allées” , d’autres estiment au contraire que “le salon a toujours la même affluence.” Question de moral sans dou- te. Mais de manière générale, à quelques excep- tions près, ce n’est pas l’euphorie au Midest cet- te année. Ambiance. J.-F.H. École-Valentin Cicafil : “Tout le monde demande du low-cost”

Beure Groupe Simonin : “Les décideurs font tout pour que les entreprises délocalisent”

L e spécialiste du ressort et du découpage de pièces métalliques - 550 salariés, dont 250 à Besançon -, vient tous les ans sur le Midest. “Par habitude et parce que nos clients peuvent nous voir ici très faci- lement” commente Bertrand Simonin, le directeur général. Le groupe Simonin travaille pour l’automobile, l’électroménager, le bâtiment. Si M. Simonin estime que l’affluence est identique à celle des années précédentes, “on sent la baisse” reconnaît-il néan- moins. “On avance un peu dans le brouillard, il faut s’adapter. Pourvu qu’il n’y ait pas de ver- glas” illustre le responsable. Travaillant pour des donneurs d’ordres de dimension interna- tionale, le groupe Simonin est forcément confronté à une concurrence mondialisée, du

Maghreb, de l’Inde, de Chine. Alors lamême question revient aussi : “Faites-vous des prix low- cost ?” Sachant que d’ici 2010, 90à100%des donneurs d’ordres exigeront de leurs fournisseurs des tarifs low-cost ,Simonin,com- me les autres, doit s’adapter. La création d’un site d’assemblage des pièces au Maroc il y a deux ans n’est pas le fait du hasard. Et ce sont des problèmes beau- coup plus locaux qui risquent selonM. Simonin d’aggraver la situation de l’emploi : “ÀBesan- çon, les décideurs font tout pour que les entreprises délocalisent. Est-ce normal de nous augmenter le “versement transport” (N.D.L.R. : la taxe qui paiera le futur transport en commun en site propre) en ce moment ? Ils savent bien que nous ne pouvons pas répercuter ces augmenta- tions de charges dans nos prix.

On nous oblige à délocaliser !” s’emporte Bertrand Simonin. Le groupe Simonin vient de se séparer de sa trentaine d’intérimaires, brutalement, en àpeine deux semaines.Enatten- dant que l’orage passe… Ou alors avant de prendre des mesures plus radicales si le brouillard devient verglas.

L’ entreprise basée àValen- tin est spécialisée dans l’usinage pour des sec- teurs aussi divers que l’énergie, l’horlogerie ou le médical. Cica- fil emploie 27 salariés. Pour Frédéric Chanut, chargé d’affaires de l’entreprise basée à l’espaceValentin-Nord et pré- sidée depuis 2007 par Hervé Bozec, cette édition 2008 du Midest “est relativement cal- me.” Pas d’euphorie,pas de sinis- trose non plus,mais une expres- sion qui revient systématiquement dans la bouche des visiteurs :“low-cost” (bas prix). “Faites-vous du low- cost ?” , sous-entendu, “Avez- vous délocalisé vos sites de pro- duction ?” , c’est la question que Frédéric Chanut a entendue le plus sur ce salon. “Il y a des visiteurs qui ne viennent que pour ça, pour chercher des entre- prises qui font du low-cost ” confirme le chargé d’affaires. “Mais nous, nous ne courons pas après ces clients, nous cher-

chons d’ailleurs plus des par- tenaires que de simples clients” poursuit-il. C’est la diversité des secteurs d’activités pour lesquels tra- vaille Cicafil qui assure une certaine sérénité à l’entreprise de Valentin. “Certains secteurs dégringolent, c’est le cas de l’automobile, d’autres se por-

tent encore bien, comme le médi- cal et l’horlogerie haut de gam- me pour laquelle nous tra- vaillons beaucoup.” La crise, on n’en parle pas enco- re. “Jusqu’à la fin de l’année, les perspectives sont bonnes car on a engrangé pas mal de com- mandes à la rentrée de sep- tembre. Après,on ne sait pas…”

Frédéric Chanut, de l’entreprise Cicafil : “Après décembre, on ne sait pas…”

Thise D.S.M. Industrie : “On est optimiste”

D. S.M. Industrie est née du rachat en 2006 d’une petite société de Thise en difficulté. Éric Pozzoli l’a remise sur les rails et com- plété l’activité originelle de découpage avec d’autres spécialités comme lemicrobillage, le sablage, le gre- naillage, l’ébavurage… “On a apporté des solutions techniques à toutes les demandes des clients” résu- me le gérant. En deux ans,D.S.M. Industrie est pas- sée de 1 à 8 salariés. La première année d’activité a vu le chiffre d’affaires augmenter de 117 %. Cet- te année, l’entreprise affichera un + 60 % d’activité. “On est en progression” se contente de dire modes- tement Éric Pozzoli. Pour sa première participation au Midest, D.S.M. Industrie affiche un discret sourire. “Venir ici, c’est montrer que dans le traitement de matières, on peut le partenaire de n’importe quel client européen. On est optimiste parce qu’on sait qu’aujourd’hui, on peut apporter des solutions industrielles à toutes les demandes.” Le chiffre d’affaires de l’entreprise thi- sienne frôlera cette année le million d’euros, il doit atteindre “3 à 4millions d’ici deux ou trois ans.” Huit nouvelles embauches sont programmées dans le cou- rant de l’année 2009. L’entreprise vient d’engager un commercial. Elle est en passe d’obtenir l’exigeante norme environnementale I.S.O. 14 001, rarissime pour une telle activité. “Notre philosophie est de prendre notre métier et le tirer vers le haut” résume M. Pozzoli. Le mot “crise” ne fait pas partie du voca- bulaire de D.S.M. Industrie.

Éric Pozzoli, gérant de D.S.M. Industrie à Thise.

Made with FlippingBook Annual report