La Presse Bisontine 94 - Décembre 2008

DOSSIER

La Presse Bisontine n° 94 — Décembre 2008

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QUI SONT LES NOUVEAUX PAUVRES BISONTINS ?

Ils n’ont pas attendu la crise financière mondiale pour découvrir les affres de la récession. À Besançon et en Franche- Comté, une personne sur dix vit en dessous du seuil de pauvreté. Mais avoir un emploi ne signi- fie pas pour autant être épargné par la crise. Les salariés pauvres sont plus nombreux que l’on pense. Parfois, le dénue- ment s’apparente à la misère du quotidien et l’on est obligé de faire appel aux associations et organismes caritatifs locaux dont le public reçu couvre désormais un assez large éventail, de l’étudiant au retraité. Tour d’horizon des vraies victimes de la crise.

SOCIÉTÉ

Les écarts se creusent Un Franc-Comtois sur dix vit sous le seuil de pauvreté

10 % de la population franc-comtoise vivent avec moins de 800 euros par mois, soit moins de 9 500 euros par an. Et un tiers du revenu de ces personnes pauvres est constitué de prestations sociales. Alarmant.

Les familles nombreuses monoparen- tales sont très touchées par la pau- vreté.

L e constat dressé par l’I.N.S.E.E. Besançon dans un tout récent rapport est édifiant : la moitié des habitants de notre région vit dans des ménages disposant d’un revenu inférieur à 15 500 euros par an, soit moins de 1 300 euros par mois. D’un extrême à l’autre, 10 % des habitants ont un revenu qui dépasse 26 000 euros tandis que 10 % disposent de moins de 9 400 euros. Le constat le plus alarmant de cette étude révè- le que 10,4 % des Franc-Comtois, soit 116 400 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, c’est- à-dire avec moins de 9 500 euros par an. Même si ces chiffres ne sont pas aussi dramatiques que la moyenne nationale, la moitié de cette popula- tion pauvre franc-comtoise vit avec moins de 7 900 euros par an. “Certains types de ménages sont plus exposés que d’autres à la pauvreté, expli- quent les experts bisontins de l’I.N.S.E.E. Les famillesmonoparentales sont plus souvent confron- tées à des situations de précarité. 20 % d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté.” Mais la pauvreté s’accroît aussi avec le nombre d’enfants. “Les familles nombreuses ont plus souvent de faibles niveaux de vie” confirme l’I.N.S.E.E. Et la pauvreté concerne également davantage les per- sonnes seules : en Franche-Comté, 13,7 % des personnes seules disposent demoins de 9 500 euros annuels pour vivre. Aussi un grand nombre de ces personnes isolées perçoivent des minima sociaux comme le R.M.I., le minimum vieillesse, l’allocation pour adultes handicapés… Près de 60 % des allocataires du R.M.I. sont d’ailleurs

des personnes seules. De plus, le taux de pau- vreté des femmes seules est supérieur à celui des hommes seuls. Les enfants, naturellement, pâtissent de cet envi- ronnement. Dans notre région, 14,5 % des enfants demoins de 18 ans vivent dans unménage pauvre.

de la France de province. Le travail frontalier pour les deux départements comtois et alsaciens, et les revenus issus de la viticulture pour la Côte- d’Or et la Marne peuvent expliquer partiellement ce haut niveau de vie médian” analysent les experts de l’I.N.S.E.E. Cependant, l’effet fronta- lier n’est pas le même partout. Ainsi, pour les départements frontaliers des Ardennes, de la Meuse, de la Moselle et de la Meurthe-et-Mosel- le, les niveaux de vie médians sont parmi les plus faibles du Grand Est, voire de France. À noter que le département du Doubs fait excep- tion sur un point. “En France, la pauvreté touche plus la population des espaces ruraux que les habitants des villes. Sauf dans le Doubs où la pauvreté monétaire est d’abord un phénomène urbain” ajoute Véronique Riveron de l’I.N.S.E.E. Besançon. J.-F.H.

Parmi les quatre départements franc-comtois, c’est la Haute-Saô- ne qui détient la palme du niveau de vie le plus bas (14 900 euros annuels en moyenne) tandis que les Belfortains disposent du reve- nu le plus élevé (16 000 euros). “Au sein du Grand Est, le Doubs et le Territoire-de-Belfort se classent, avec les deux départements d’Alsace, la Côte-d’Or et laMarne, parmi les départements ayant des niveaux de vie médians supérieurs à celui

14,5% des enfants vivent dans un ménage pauvre.

Les plus hauts niveaux de vie médians sont concentrés en région parisienne et en Hau- te-Savoie.

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