La Presse Bisontine 91 - Septembre 2008

POLITIQUE

La Presse Bisontine n°91 - Septembre 2008

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ÉLECTIONS Dimanche 21 septembre Sénatoriales : la gauche vise une place sur le podium Déclaré département “à risque” par les instances nationales de l’U.M.P., le Doubs pourrait connaître un changement le 21 septembre où la droite pourrait perdre au moins un des trois fauteuils de sénateurs.

L e jeu est ouvert pour la succession de Jean- François Humbert, Louis Souvet et Georges Gruillot au Sénat. Le premier est à nou- veau candidat, le deuxième n’a pas obte- nu l’investiture de son parti et le troisième a sagement décidé de raccrocher. Deux nouvelles places à prendre sur les trois sièges renouve- lables, de quoi aiguiser l’appétit des prétendants. Dans les rangs socialistes, le scénario est clair depuis longtemps. Le P.S. a investi un trio com- posé de Claude Jeannerot, l’actuel président du Conseil général du Doubs, Danièle Nevers, conseillère générale du canton de Rougemont et Martial Bourquin, le maire d’Audincourt. L’évolution des rapports de force politique depuis les dernières sénatoriales de 1998 est nette dans les collectivités locales : Conseils général et régio- nal ont basculé à gauche en 2004 ainsi que la deuxième grande ville du département, Mont- béliard cette année. Mais cela ne signifie pas que la gauche a un boulevard devant elle pour ce scrutin sénatorial du 21 septembre. Le mode de scrutin, majoritaire, favorise dans le Doubs

l’ordre établi. Sur les 1 514 grands électeurs qui choisiront les trois nouveaux sénateurs du Doubs, plus de la moitié (51 %) appartiennent à des communes de moins de 1 500 habitants, com- munes rurales connues pour être beaucoup plus ancrées à droite. Il n’empêche, l’élection d’au moins un candidat de gauche est très probable. À droite, les choses sont un peu plus compli- quées : outre les trois candidats officiellement désignés par l’U.M.P. - le sortant Jean-François Humbert, le maire d’Ornans Jean-François Lon-

Christine Bouquin, bien que non investie par l’U.M.P., se présente en candidate indépendante de droite. Elle compte sur son aura de présidente de l’association

geot et le maire de MorteauAnnie Genevard -, une autre candidate de droite, Christine Bouquin, mai- re de Charquemont et aussi pré- sidente de l’association des maires du Doubs, complique la donne. Son travail au sein de l’association qu’elle préside depuis 2001 et ses convictions inébranlables peuvent lui donner un avantage malgré sa récente démission de l’U.M.P. J.-F.H.

Un peu plus compliqué à droite.

Trois questions à… Claude Jeannerot : “Le Sénat est plus que jamais nécessaire”

des maires du Doubs.

Clin d’œil

Le président du Conseil général du Doubs ne voit aucune incon- gruité, au contraire, à briguer un mandat de sénateur alors qu’il préside déjà le Conseil général du Doubs.

La semaine harassante d’un ministre Mais que fait un secrétaire d’État à la coopération et à la francophonie de ses journées ? Morceau - choisi… d’une semaine de travail d’Alain Joyandet, notre régional de l’étape, tiré de son agenda officiel. Vendredi 11 juillet 2008 Déplacement en Guinée Équatoriale - Réunion A.S.E.C.N.A. Dimanche 13 juillet 2008 12 h 30, déjeuner offert par Bernard Kouchner (Sommet de lʼUnion pour la Méditerranée) 17 h 30, réception offerte par Hervé Morin dans les jardins de lʼHôtel de Brienne 18 heures, réception offerte par le Président de la République, Michèle Alliot-Marie et Yves Jego à lʼoccasion de la fête nationale, dans les jar- dins de lʼHôtel de Montmorin 20 heures, dîner offert par le Président de la République (Sommet de lʼUnion pour la Médi- terranée) Lundi 14 juillet 2008 10 h 20, défilé militaire 12 heures, garden-party à lʼÉlysée 12 h 45, déjeuner à lʼoccasion de la Fête Natio- nale à lʼHôtel Marigny Mardi 15 juillet 2008 Déplacement à Bruxelles 11 heures, présentation des priorités de la P.F.U.E. devant la commission développement

L a Presse Bisontine : La question du cumul des mandats, si décriée, ne vous pose aucun problème ? Claude Jeannerot : La Constitution est claire sur ce point : le Sénat a vocation à représenter les préoc- cupations des collectivités locales. Le président du Conseil général, premier partenaire des collectivi- tés (mairies…) est à mes yeux un candidat tout à fait naturel pour porter les préoccupations de tout le territoire qu’il a sous sa respon- sabilité. Il y a au contraire une vraie complémentarité entre les deux fonctions. Ce n’est pas un hasard si un tiers des présidents de conseils généraux sont enmême temps séna- teurs. Il n’y a qu’à voir l’action d’Yves

Krattinger, président du Conseil général de la Haute-Saône, elle s’en trouve démultipliée par le fait qu’il soit aussi sénateur. Les fonctions de sénateur et de président de Conseil général se renforcent mutuellement. L.P.B. : Un agenda de président de Conseil général laisse donc du temps pour un mandat national ? C.J. : En même temps que la prési- dence du Conseil général, j’ai pris en 2004 des responsabilités péri- phériques en tant que président de certains syndicats mixtes, du ser- vice départemental d’incendie et de secours, etc…Tout celame prend environ deux jours par semaine. Si

demain je suis élu sénateur, j’abandonnerai ces fonctions sup- plémentaires pour être pleinement sénateur, c’est-à-dire deux jours par semaine à Paris. L.P.B. : Au fait, à quoi sert un sénateur selon vous ? C.J. : Quand De Gaulle demandait la suppression du Sénat, la ques- tion pouvait paraître légitime. Mais aujourd’hui, avec le niveau qu’a atteint la décentralisation et toutes les questions qui se posent autour de l’avenir des services publics, plus que jamais le Sénat est nécessaire pour porter et relayer les préoccu- pations des territoires. Propos recueillis par J.-F.H .

L’éternelle question du cumul des mandats ne dis- suade pas Claude Jeannerot de briguer un mandat de sénateur.

Zooms Les principes de l’élection sénatoriale dans le Doubs S elon lʼarticle 24 de la Constitution, le Sénat “assure la repré- sentation des collectivités territoriales de la République. Les Fran- çais e tablis hors de France sont représentés au Sénat.” Les sénateurs sont élus au suffrage universel indirect par un collège composé de “grands électeurs”. Le Doubs totalisera 1 514 grands élec- teurs, répartis ainsi : 1 455 issus des conseils municipaux des 594 com- munes du Doubs, les 5 députés du Doubs, les 19 conseillers régionaux du Doubs et les 35 conseillers généraux. Le mandat sénatorial est de six ans et lʼâge minimum requis pour être élu est de trente ans. Les conditions dʼéligibilité́ et les inéligibilité́ s sont les mêmes que pour lʼélection des députés. Jusquʼau renouvellement de 2008 inclus, le Sénat est renouvelable par tiers tous les trois ans. À partir de 2011, compte tenu de la réduction de neuf à six ans de la durée du mandat, il sera renouvelable par moitié tous les trois ans. Il comprendra 348 sénateurs.

Réaction La gauche dénonce le mode de scrutin D éfaitiste la gauche départe- mentale ? En tout cas, avant même le résultat du scrutin proportionnelle aux départements qui compte trois sénateurs, com- me le Doubs. Avec la proportion- nelle, la gauche aurait eu plus de facilités à gagner au moins un des trois sièges de sénateurs dans le Doubs.

du 21 septembre, la fédération P.S. du Doubs, par la voix de son secrétaire fédéral délégué Pierre Rueff, dénonce ce “défi à la démo- cratie” (reprenant le mot de Robert Badinter) que représente à ses yeux le Sénat. Dans une réaction qu’il résume par la formule “Touche pas à mon Sénat”, la gauche dépar- tementale déplore le fait que la droite ait supprimé la disposition votée sous le gouvernement Jos- pin qui imposait un scrutin à la

Grâce au scrutin majoritaire, dans le Doubs “l’U.M.P. monopolise les trois sièges de sénateurs alors que la gauche dispose d’une repré- sentativité indiscutable dans les collectivités, qu’il s’agisse des com- munes, du Conseil général, de Conseil régional” argumente Pier- re Rueff.

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