La Presse Bisontine 91 - Septembre 2008

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n°91 - Septembre 2008

28

BANQUES

Témoignage Viens à la Maison Une devanture rouge et jaune, une grande ardoise affichant formules et plats du jour, un coffret de Barbara et des peintures aux murs, bienvenue à la Maison, restaurant ouvert le 1 er février 2007 par Jean-Luc Ber- nabé rue Charles Nodier. Ancien chef de cui- sine, il était au chômage depuis deux ans quand il s’est lancé, avec l’aide de A.D.I.E. “J’ai aimé leur réactivité. En une semaine tout était réglé” se souvient-il. Il trouve un local, retrousse ses manches et transforme le lieu. Entre copains et système D, “je me suis débrouillé.” À la Maison, le chef propose “au moins un poisson et deux plats cuisinés par jour” et des assiettes. Des formules à moins de 10 euros encore trop chères pour Jean-Luc, qui doit composer entre envie,convictions poli- tiques et réalités économiques. “Je regrette de

Le développement du microcrédit Rmistes ou chômeurs, des créateurs d’entreprise comme les autres

Exclus du système, certains décident de se lancer, de créer leur propre entreprise. Le microcrédit est alors une réponse et le début d’une nouvelle vie.

A.D.I.E. Besançon 0800 800 566 - www.adie.org

de 5 500 euros, le microcrédit ouvre aussi à un prêt d’honneur complémentaire plafonné à 5 000 euros. Le système, connu et reconnu, comp- te de plus en plus de bénéficiaires. De 71 en 2006, ils sont passés à 145 en 2007 et étaient déjà 110 à la fin du premier semestre 2008. Pour Sébas- tien Morel, “le microcrédit est un sas d’entrée dans le système bancaire.” A.B.

I mportateur de bière allemandes en Haute- Saône, coiffeuse à domicile dans le Jura, exploi- tant forestier dans le Territoire-de-Belfort ou restaurateur à Besançon, ces chefs d’entreprises là ont un point commun : ils n’avaient pas accès aux prêts bancaires et ont bénéficié de l’aide de l’A.D.I.E. (Association pour le droit à l’initiative économique) pour mener à bien leur projet. En Franche-Comté, plus de 500 personnes ont ainsi reçu le soutien de l’A.D.I.E. depuis sa créa- tion en 2002. “Nous sommes une association reconnue d’utilité publique. L’objectif, c’est de don- ner la possibilité à des gens qui ont projet de pou- voir se lancer, d’être accompagné, de devenir des acteurs économiques comme les autres” explique Sébastien Morel, responsable de la structure franc-comtoise. Rmiste, chômeur, indemnisé ou non, bénéficiai- re de l’A.R.E. (aide au retour à l’emploi), les por- teurs de projet soutenus par l’A.D.I.E. partici- pent à des ateliers thématiques sur le fonctionnement d’une entreprise et bénéficient des conseils avisés d’experts bénévoles avant de démarrer. “Notre cible, ce sont ceux qui ont un vrai dynamisme, une vraie motivation, des capa- cités de débrouillardise” souligne SébastienMorel. En Franche-Comté, trois conseillers et une dizai- ne de bénévoles accompagnent ceux qui le sou- haitent, de la définition du projet à son étude de viabilité en passant par le montage financier et même le prêt de matériel pour limiter

l’endettement. Dans la région, le taux de péren- nité des entreprises est de 64 % après 2 ans et de 54 % après 3 ans. Quant au taux d’insertion (personnes sorties des dispositifs d’aide sociale), il est de 75 %. “Certains retournent à un emploi salarié, 10 à 15 % arrêtent mais pour tous, c’est valorisant sur un C.V.” D’un montant maximum

ne pas avoir une clientèle plus popu- laire. Ici, c’est un lieu ouvert avec des peintures et un peudemusique, un endroit de vie où les gens pas- sent un bon moment.” Un an et demi après l’ouverture et sans un jour de vacances, il a le sentiment que “la mayonnaise commence à prendre mais c’est long.” Il faut dire que faute de moyens, le bouche-à-oreille l’emporte sur la publicité.L’A.D.I.E. reste présente par le biais d’un bénévole qui assure le suivi admi- nistratif du restaurant, “un concours précieux.” La Maison requiert encore beaucoup d’attention et d’abnégation. “J’y mets toute mon expérience, tout mon temps.” L’envie et la motiva- tion de Jean-Luc, qui ont séduit l’A.D.I.E. au départ, sont toujours bel et bien là.

Restaurant La Maison 31, rue Charles Nodier 06 37 15 37 63

Made with FlippingBook Annual report