La Presse Bisontine 91 - Septembre 2008

DOSSIER

La Presse Bisontine n°91 - Septembre 2008

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BESANÇON À L’UNESCO : ET APRÈS ? La victoire est indéniable pour l’ensemble du réseau Vau- ban et pour Besançon, tête du réseau, en particulier. La fierté se lisait d’ailleurs sur le visage des Bisontins à l’évocation du sujet au cours de l’été. De ces groupes de touristes étrangers et notamment asiatiques croisés en juillet-août, on pouvait pressentir les premières retombées immédiates du label Unesco. Deux mois après l’obtention de ce classement au patrimoine mondial de l’humanité, il est naturellement prématuré de tirer un bilan. Car pour Besançon, c’est un autre challenge qui démarre. La capitale franc-comtoise doit désormais se hisser au rang d’une capitale touristique. Elle en possède les atouts, mais le chantier est encore immense. Pour la ville, le label Unesco n’est pas un aboutissement, c’est là que tout commence…

LABEL

Un dossier au long cours

Six années d’effort récompensées

Billet L’opposition, entre satisfecit et surenchère Le dossier Vauban à l’Unesco est aussi pour le maire de Besançon une victoire politique. Dans le concert de louanges, l’opposition municipale a tenté de faire entendre sa voix. Par- fois maladroitement. À lʼannonce de lʼobtention du label Unesco, tout le petit monde politique bisontin y est allé de son communiqué, se réjouissant de cette reconnaissance internationale. La plupart des réactions étaient sobres et sincères, notam- ment celle des deux députés U.M.P. bisontins. Dʼautres ont voulu se démarquer en tentant dʼapporter leur petite pierre à lʼédifice. Cʼest notamment le cas du conseiller municipal Pas- cal Bonnet qui pense à deux personnages oubliés : Granvelle et Charles Quint pour ne pas “laisser amputée la part pré-française” de la ville… Pascal Bonnet suggère même de créer “un réseau Renaissance en lien avec châteaux de la Loire et Italie” ! La tentative de récupération politique la plus manifeste est sans doute lʼœuvre de Jean Ros- selot qui, loin de se satisfaire du label attribué à lʼœuvre de Vauban, veut créer une “asso- ciation Séré de Rivières” (mais lui lʼécrit “Ser- ré de Rivière”, avec deux fautes…). Il sʼagirait selon le leader de lʼopposition municipale, de reconnaître lʼœuvre de celui que M. Rosselot qualifie de “Vauban du XIXème siècle.” Le lieu- tenant-colonel Séré de Rivières a inspiré la construction de 23 ouvrages fortifiés en cein- ture de Besançon, comme par exemple le fort de Fontain, le fort de la Dame-Blanche ou le fort Tousey… Jean Rosselot suggère de “sʼunir dans une association qui puisse exercer une influence auprès des décideurs.” Commençons dʼabord par faire fructifier intel- ligemment les retombées attendues de Vau- ban. Ensuite, on verra…

La génèse de ce projet d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco remonte au début de l’année 2002. Pour mettre toutes les chances du côté de sa candidature, la ville de Besançon a su fédérer tout un réseau autour d’elle.

plancher les services de la ville et de l’agence d’urbanisme du Grand Besançon sur le sujet. Seule, Besançon ne pouvait pas prétendre au label. Le réseau des sites majeurs Vau- ban est alors né. Le dossierVauban a d’abord dû passer la bar- rière nationale. Retenu par le gouvernement, il est ensuite passé entre lesmains des experts internationaux de l’Unesco.On connaît la sui- te. Six ans et demi après le lancement de ce projet fou, la récompense tombe. Après des mois d’efforts, des milliers de pages d’argumentaire et un extraordinaire travail de documentations et de persuasion. Mais l’heure des réjouissances est déjà pas- sée à Besançon. Place aujourd’hui à l’après- Vauban ou comment faire fructifier dans la capitale comtoise la prestigieuse étiquette. J.-F.H. Besançon, Briançon, même combat, même reconnaissance et même bon- heur pour les maires des deux villes respectives, pourtant opposés politi- quement (photo réseau Vauban). À Québec, la décision vient de tomber, les premiers coups de fil tombent (photo réseau Vauban).

L es remparts de Besançon barrent une double page dans Libération en ce début juillet. Dans le même temps, les radios, les journaux de 20 heures des principales chaînes de télévision y vont de leur repor- tage. Sur le portable du maire de Besançon, les dizaines de S.M.S. s’empilent aux mes- sages vocaux, les e-mails pleuvent dans la chambre d’hôtel de Jean-Louis Fousseret à Québec. Le 7 juillet 2008 aura pour le maire de Besan- çon la saveur de ces journées où tout sourit. Sa ville et onze autres sites du réseau Vau- ban entrent dans le mythique cercle des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Les remparts de la Citadelle tutoient la muraille de Chine ou le Taj Mahal. Et il n’y a pas qu’à Besançon que l’on réagit à la bonne nouvelle : 5 000 personnes mani-

festent leur joie dans la minuscule commu- ne de Mont-Dauphin (Hautes-Alpes), les cloches de la collégiale de Briançon reten- tissent le jour de la nouvelle…Le génie mili- taire de Vauban est reconnu internationa- lement. Dans ce dossier, les sceptiques ne donnaient pas cher des chances de Besan-

çon d’intégrer le si presti- gieux label Unesco. La Pres- se Bisontine avait, dès février 2002, révélé les inten- tions bisontines. L’idée, lan- cée à la volée par la dépu- tée d’alors Paulette Guinchard-Kunstler, a rapi- dement mûri. Le maire de Besançon, pour le coup visionnaire, s’en est immé- diatement emparé et a fait

Seule, Besançon ne pouvait pas prétendre au label.

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