La Presse Bisontine 90 - Juillet-Août 2008

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n°90 - Juillet-août 2008

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TRANSPORT Crise des transporteurs Le carburant n’est pas le seul coupable La grogne actuelle des transporteurs est due à une conjonction de facteurs qui sont en train d’étrangler la profession. L’avis d’un expert.

T ransports Bonfils à Baume-les- Dames : une centaine de sala- riés menacés par un redresse- ment judiciaire. Transports Buffa dans le Territoire-de-Belfort, un des majors du transport franc- comtois avec près de 900 salariés : obligé de se séparer de ses voitures de société et de vendre ses bâtiments au Conseil général pour se reconsti- tuer de la trésorerie. Comme pour ces deux entreprises, la période actuel- le n’est pas rose pour les quelque 36 000 entreprises de transports réparties sur le territoire national. En France, trois dépôts de bilan sont enregistrés tous les jours en ce moment. Organisateur de transport installé

à École-Valentin, la société Transco travaille avec une centaine de trans- porteurs français, dont la plupart des entreprises franc-comtoises. Chaque année,Transco réalise environ 10 000 opérations de transport pour le comp- te de clients qui sont pour l’essentiel des P.M.E. et P.M.I. régionales. C’est dire si la société est au cœur de la problématique transport et suit, au jour le jour, la situation actuelle. Pour Hervé Gindre, son dirigeant, la ques- tion du prix du gasoil n’est qu’un des éléments qui expliquent la crise du transport. Le gasoil ne fait pas tout. D’ailleurs, depuis cemois-ci, les trans- porteurs auront l’obligation de réper- cuter à leurs clients en bas de fac- ture, un supplément gasoil. Comme

c’est le cas pour les compagnies aériennes. “Les transporteurs pren- nent aussi de plein fouet l’augmentation du coût des péages, très forte depuis la privatisation de la plupart des autoroutes. Ensuite, ils subissent la forte augmentation du prix du matériel” , poursuit Her- vé Gindre. Le prix des camions aurait quasiment doublé en cinq ans et du fait de l’émergence des pays de l’Est ces dernières années, le délai d’attente pour obtenir un camion neuf atteint aujourd’hui un an.Une demande plus forte que l’offre et cela suffit pour fai- re exploser les tarifs. “Puis il y a une pénurie de chauffeurs, on n’en trou- ve plus” constate M. Gindre. Pour- tant, la profession est plutôt bien

r é m u n é r é e : 2 300 euros nets pour un débutant. “Le pro- blème, c’est que le per- mis poids lourds et la formation qui va avec sont devenus très chers. Avant, les transpor- teurs n’avaient pas ce problème : ils embau- chaient tous les jeunes qui sortaient de l’armée et qui y avaient passé leur permis poids lourds. La disparition du service militaire a porté un coup dur au transport” argumente

Hervé Gindre est responsable de l’agence Transco en Franche-Comté.

L’entreprise Trans- co travaille avec plus de 100 trans- porteurs régio- naux, dont la plu- part des entreprises installées dans le Grand Besançon. Elle a réuni tous ses partenaires le 20 juin dernier.

le spécialiste. La concurrence accrue des trans- porteurs étrangers, qui peuvent fai- re du cabotage en France (c’est-à- dire profiter d’un transport international pour faire des livrai- sons locales), n’arrange pas les affaires du transport français. Hervé Gindre y ajoute une surcapacité du trans- port français. “Il y a eu de belles années au cours desquelles les transporteurs ont beaucoup investi dans du maté- riel et aujourd’hui, la conjoncture est morose. La situation est devenue si tendue que des patrons d’entreprises

gagnent moins que leurs chauffeurs, voire ne se versent même plus de salai- re.” À court terme, la plupart des entre- prises de transports réclament un allégement de charges pour passer cette tempête. Une ultime bouée de secours indispensable, “sinon, à Noël, beaucoup d’entreprises de transport ne seront plus là” prédit Hervé Gindre. La marge dégagée par la plupart des entreprises de transport en fin d’année ne dépasse pas les 2 %.

J.-F.H.

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