La Presse Bisontine 89 - Juin 2008

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n°89 - Juin 2008

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BESANÇON

La vieillesse, une cause nationale Par amour de l’humain Parce que la société ne met rien en place, parce que le déni de la mort dans lequel nous vivons la révolte, parce qu’aucune réponse valable n’est apportée à la question sur la fin de vie, Laure Hubidos a décidé d’agir. Le chantier de sa vie à elle se nomme “Maison de vie Carpe Diem”.

H eureuse de vivre, joyeuse et croquant la vie de ses belles dents blanches, Laure Hubi- dos n’a qu’une idée en tête depuis quatre ans : ouvrir à Besançon sa “Maison de vie”, un centre de soins de suite à orientation palliative pour des personnes ne nécessitant pas de soins médicaux lourds. “J’aime prendre soin des autres. La mort de mon père en 2001 a été un déclic.” Bien que très accaparée à l’époque par son job d’attachée de presse au Conseil régional de Franche-Comté, la jeune maman de deux enfants (un troisième est arrivé depuis) décide de devenir bénévole au sein d’une association accompagnant les personnes en fin de vie. Après une formation d’un an, elle intervient d’abord dans un centre de long séjour bisontin puis franchit la porte de l’unité de soins palliatifs du C.H.U. de Besançon, dirigée par Régis Aubry également président du comi- té national de suivi du développement des soins palliatifs. Patrick* occupe l’un des six lits du ser- vice et leur rencontre va être décisi- ve. “Je me suis rendue compte qu’il y avait un vrai problème lors du retour à la maison. L’angoisse, la solitude, la famille qui ne peut plus gérer.” L’homme

rentre chez lui dans une détresse tota- le, et Laure Hubidos décide de s’en occuper jusqu’au bout, mettant un ter- me à ses visites à l’hôpital. Pendant deux ans et demi, elle va l’avoir chaque jour au téléphone et lui rendre visite deux fois par semaine. “On a eu une phase d’apprivoisement puis il allait de mieux en mieux. Je l’emmenais se balader. Là, on est à l’essentiel de ce qui fait un être humain. Mon seul moteur, c’est l’amour de l’autre.” Puis

tout de suite adhéré.” Il faut ensuite le présenter aux diverses institutions (Direction Régionale des Affaires Sani- taires et Sociales, Agence Régionale d’Hospitalisation, Conseil général). Toutes sont enthousiastes, soulignent le caractère innovant du concept mais aussi sa complexité car au croisement du sanitaire et du social, deux mondes qui n’ont pas franchement l’habitude de travailler ensemble. Qu’importe ! Laure Hubidos y croit et poursuit sa route, malgré les aléas de la vie pas toujours propices à un tel investisse- ment. “Ça relève un peu de la vocation. Même quand j’étais au plus bas, je me disais, “ non tu ne peux pas lâcher, tu dois aller au bout de ce projet.” Et elle a réussi. Un toit en verre au-dessus d’une gran- de pièce à vivre, 20 chambres indivi- duelles avec jardin, un salon, une ter- rasse, une cuisine, les plans de lamaison de vie sont aujourd’hui bouclés. Son implantation reste à définir mais elle sera proche du centre-ville “pour que les gens soient dans la ville et dans la vie.” Les soins médicaux seront assu- rés par des auxiliaires de vie et des aides-soignantes, en lien avec les méde- cins traitants, le tout supervisé par un médecin coordinateur de l’unité des

Patrick est mort et Lau- re a décidé d’aller plus loin, de combler ce vide entre l’hôpital et le domi- cile pour les patients en fin de vie. “Je me revois encore. J’étais en train de déjeu- ner avec une copine et je lui ai dit : “Un jour j’ouvrirai une maison de vie, genremaison d’hôtes où les gens seraient vrai- ment chez eux.” L’idée, lancée en 2003 est sui- vie un an après par la création de l’association “Carpe Diem” pour por- ter le projet. “J’en ai par- lé à Régis Aubry qui a

Les malades,

des vivants avant tout.

Remarquée dès 2005 par Marie de Hennezel dans son rapport sur “La France palliative”, la maison de vie Carpe Diem de Laure Hubidos est l’un des deux projets pilote du “Plan soins palliatifs” de Nicolas Sarkozy.

soins des palliatifs. “J’aimerais qu’il y ait des expos, du cinéma mais aussi la venue d’une esthéticienne. C’est un lieu de répit, pas un mouroir.” La future directrice de l’établissement pour l’heure chargée de mission auprès du directeur général du Conseil régio- nal peaufine maintenant le plan de fonctionnement (1 million d’euros par an) avant le début des travaux, fin 2008. La Maison de vie Carpe Diem

ouvrira en 2010. Après cinq ans d’expérimentation, une ouverture est prévue dans les autres départements franc-comtois avant un développement à l’échelle nationale. “Je suis heureu- se de ce que j’ai fait de ma vie, je suis en paix avec moi-même” déclare celle qui aura tout juste 40 ans en 2010.

A.B.

*Le prénom a été changé

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