La Presse Bisontine 89 - Juin 2008

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n°89 - Juin 2008

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CHEVIGNEY-SUR-L’OGNON 110 m 2 au soleil Une maison sans système de chauffage, ça existe ! L’enveloppe extérieure de la maison aux formes cubiques et au bardage en tuile attire le regard des passants. La construction de Jean-Marc Boisson surprend autant par son aspect archi- tectural que par sa faible consommation en énergie.

Jean-Marc Boisson : “Je n’ai pas voulu faire une maison qui soit une maison d’ingénieur. Les matériaux utilisés sont standards : laine de verre, bois, verre, tuiles, plâtre. Mais ce qui change, c’est la façon d’assembler ces éléments et de positionner la maison sur le terrain.” Toutefois, le prix de cette construction est environ 15 % plus élevé qu’un pavillon traditionnel.

nécessaire de s’intéresser à l’isolation de l’enveloppe. Jean-Marc Boisson n’a pas mégoté sur la mar- chandise. “Il y a dans cette maison l’équivalent d’un semi-remorque d’isolant” sourit-il. L’épaisseur de l’isolation est de 27 cm contre les murs, 40 cm sur le toit (c’est là que les déperditions de cha- leur sont les plus importantes) et 24 cm en sous- dalle. Les isolants utilisés sont de la laine de ver- re et du polystyrène,n’en déplaisent aux détracteurs de ces produits. Lui s’est intéressé aux matériaux dits sains, mais pour une question de coût, il s’est ravisé. “Le problème, c’est que le prix dissuasif a un impact sur le choix de l’isolant.” L’isolation, c’est aussi une membrane d’étanchéité à l’air qui ferme l’enveloppe. La structure même de la maison ossature bois est conçue pour accumuler naturellement l’énergie solaire. De larges baies vitrées en triple vitrage ont donc été placées en façade Sud pour tirer un maximum du bénéfice du soleil. À l’intérieur du bâtiment, les matériaux de construction lourde apportent l’inertie thermique nécessaire à la sta- bilisation des températures. “J’obtiens cette iner- tie par une dalle totalement enveloppée dans le volume chauffé. Ainsi la maison ne chauffe pas trop vite et se refroidit lentement.” En hiver, le soleil rasant lui fournit la chaleur. Enfin, pour

naturel, Jean-Marc Boisson compte sur le rayon- nement des appareils électroménagers qui génè- rent de la chaleur lorsqu’ils fonctionnent. “Au pire, s’il fait froid, en cas de besoin, j’ai toujours la possibilité d’installer un chauffage électrique” confie le propriétaire. Mais ce n’est pas le but de l’opération. Si l’on perçoit tout l’intérêt de ces grandes baies vitrées en hiver, on imagine à l’inverse qu’en été elles contribuent à transformer l’habitation en un véritable four. L’ingénieur a tout prévu. “Les surfaces vitrées sont équipées de stores. Il y aura également une pergola végétalisée qui apportera de l’ombre.” Le toit sera aussi végétalisé “car ça protège l’étanchéité de la toiture, ça réduit le bruit à l’intérieur de lamaison et ça impacte sur l’isolation générale du bâtiment.” Un puits canadien relié à un système de double ventilation garantit les échanges d’air avec l’extérieur. Là encore, afin d’éviter les écarts trop importants de température, l’air capté à l’extérieur passe par un tuyau de 20 cm de diamètre enter- ré à 3 m de profondeur. “Tous les calculs ther- miques ont été réalisés par un cabinet d’étude.” Rien d’étonnant à ce que cette maison qui a pas- sé avec succès les tests d’étanchéité à l’air ait été lauréate du concours des maisons basse énergie en Franche-Comté. T.C.

À l’arrière du bâtiment se situe une annexe en bois dont le toit sera couvert de panneaux photovoltaïques. Cette maison sera alors à énergie positive dans le sens où elle produira plus d’énergie qu’elle n’en consommera. L’électricité produite par les panneaux sera acquise par E.D.F.

J ean-Marc Boisson prend le pari de vivre sans chauffage. La manière dont il a conçu sonhabitation avec un cabinet d’architecture bisontin devrait lui permettre de relever ce défi. Pour y parvenir, il s’est donc lancé dans la construction d’une maison bioclimatique. Les travaux touchent à leur fin à Chevigney-sur- l’Ognon, la commune où a élu domicile ce garçon de 35 ans diplômé d’unmaster en énergies renou- velables. Les rives de l’Ognon sont certes plus douces en hiver que les berges glacées du Doubs dans la région de Mouthe, il n’empêche que peu d’entre nous seraient prêts à sauter le pas pour une mai-

son dépourvue de tout système de chauffage. Jean-Marc Boisson ne redoute pas de frissonner. L’architecture de l’habitation, les matériaux uti- lisés doivent lui permettre de tirer le meilleur de l’énergie solaire pour chauffer le bâtiment de 110 m 2 aux formes cubiques. Au départ de sa réflexion, il y a des questions de bon sens. “Les pièces à vivre sont orientées plein Sud et les pièces techniques sont au Nord et à l’Est” explique-t-il. La réussite du projet dépend aussi de l’isolation parfaite de la construction. Tous les spécialistes du bâtiment le concèdent aujourd’hui, avant d’investir dans un système de chauffage, il est

compléter ce systè- me de chauffage

Le bardage de la maison est en tuile pour des raisons esthétiques. Sur le toit, des panneaux solaires font fonctionner le chauffe-eau. Une citerne permet de récupérer les eaux de pluie.

Jean-Marc Boisson travaille dans l’entreprise Koramic à Franois où il développe une tuile solaire avec des capteurs photovoltaïques intégrés.

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