La Presse Bisontine 89 - Juin 2008

DOSSIER

La Presse Bisontine n°89 - Juin 2008

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HÔPITAL

Privatisation de services

Le service public, c’est aussi celui de la santé. Là aussi, les revendica- tions vont bon train à Besançon. Le récent rapport Larcher prônant un regroupement des établissements augmente encore les inquiétudes. La santé ne peut pas se négocier

S elon les sources syndicales, la situation financière de l’hôpital de Besançon serait à nouveau préoccupante. Il y a trois ans, la communauté hos- pitalière et les instances poli- tiques locales s’étaient mobili- sées pour “sauver le C.H.U. de Besançon” gravement menacé par une situation financière catastrophique. Plombé alors par un déficit de 21 millions d’euros, l’établissement de soins avait alors reçu une bouffée d’oxygène de 10 millions d’euros de l’État suite à cette mobili- sation massive. Trois ans plus tard, il semble que le C.H.U. ait replongé dans le gouffre. “Officiellement, l’hôpital de Besançon accuse- rait vette année un déficit de 11,7 millions. Selon nos calculs,

les établissements locaux. Pour les cas pointus et graves, le patient devra s’adresser à l’hôpital référent (bénéficiant d’un plateau technique impor- tant), les structures périphé- riques se chargeant des consul- tations et des soins palliatifs. “Nous avons de sérieuses craintes pour certains établissements, poursuit Pascale Letombe. Ornans par exemple, ou Mor- teau dont l’hôpital risque selon nous d’être transformé en mai- son de retraite.” Certaines réformes récentes

et notamment en incluant le per- sonnel dont on aurait besoin, ce déficit serait plutôt chiffré à 20 millions. On est à nouveau retombé dans une situation de crise” commente Pascale Letom- be, secrétaire de la C.G.T. au sein de l’hôpital. “On craint désormais l’extension de la pri- vatisation de certains services au sein de l’hôpital. À terme, on va clairement vers une privati- sation de la santé. Certains hôpi- taux locaux n’assurent déjà plus les urgences.” Plus généralement, les reven- dications actuelles concernent les conséquences de la réforme souhaitée par le gouvernement, dont les grandes lignes ont été dessinées en avril par le conte- nu du rapport Larcher. Le rapport propose, sur le modè- le des communautés de com- munes et d’agglomérations, de créer des “communautés hos- pitalières de territoires” (C.H.T.). Les hôpitaux seraient ainsi inci- tés àmettre en commun, au sein d’un même territoire, leurs moyens et fonctionneront sous la houlette d’un hôpital réfé- rent. Cet établissement public de santé, au statut nouveau, travaillera en coopération avec I Is sont entrés dans la danse le 30 avril. Depuis, ils ne bais- sent pas les bras. Eux, ce sont les jeunes en formation de tra- vailleur social à l’I.R.T.S. de Franche-Comté à Besançon. Cause de leur ire, la loi du 31 mars 2006 sur l’égalité des chances qui s’applique désor- mais aux travailleurs sociaux. Et plus particulièrement les décrets d’application de cette loi, notamment le décret du 31 janvier 2008 qui prévoit pour ces étudiants une gratification lors des périodes de stages de plus de trois mois. “Si nous pou- vons nous réjouir de l’attention ainsi portée à la précarité des étudiants, l’application de ce décret pose problème, la majo- rité des structures refusant désormais d’accueillir des sta- giaires. De ce fait, nos forma- tions basées sur l’alternance sont entravées, l’obtention de nos diplômes compromise et les structures orphelines de sta- giaires” commente le collectif des travailleurs sociaux en for- mation. On pouvait croire cette mesu- re applaudie, eh bien non. “L’État renvoie la balle au Conseil général qui doit dis- cuter avec chaque structure SOCIAL

prises au nom de l’amélioration des soins laissent son- geurs les syndi- cats. Comme la régionalisation du numéro d’appel 15. “Pour un appel d’urgence àMorez, on a envoyé l’hélicoptère àMor- bier. Une fois de plus, on annonce une amélioration du service mais on assiste à une inquiétante dégra- dation.” J.-F.H.

Crainte de fermeture de certains établisse- ments.

Pascale Letombe, syndicaliste au C.H.U. de Besançon : “Le déficit de l’hôpital serait de 20 millions d’euros.”

I.R.T.S.

Les travailleurs sociaux en formation s’y mettent aussi Ils veulent devenir assistants sociaux, éducateurs ou moniteurs spécialisés. Mais un décret de janvier dernier oblige les structures qui les accueillent en stage de les rémunérer. Ce qu’elles refusent.

d’accueil. Notre priorité à nous, c’est qu’on puisse partir en sta- ge” note Pierre Cannard, étu- diant à l’I.R.T.S. Les étudiants ont alerté le préfet qui, dans une longue lettre envoyée en guise de réponse “n’apporte aucune réponse concrète” selon ces étudiants. Les revendications des tra- vailleurs sociaux en formation qu’ils ont fait entendre une pre- mière fois le 30 avril, sont les suivantes : “Application du décret au secteur public com- me au secteur privé, élargisse- ment du décret à tous les diplômes et ce, quel que soit leur niveau, application du décret à tous les travailleurs sociaux en formation quel que soit leur statut et déblocage d’une enve- loppe nationale spécifique à la gratification des travailleurs sociaux en formation, versée par le biais d’un organisme tiers.” Actuellement, la gratification prévue est de 80 euros pour un temps plein à 35 heures. une somme jugée “indispensable” par ces travailleurs en forma- tion mais qui pose le problème à certaines structures inca- pables de payer cette somme à leurs stagiaires.

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