La Presse Bisontine 89 - Juin 2008

La Presse Bisontine n°89 - Juin 2008

16

SECOND DEGRÉ Pour la retraite aussi Les lycéens toujours dans la danse Au-delà du personnel enseignant, ce sont les élèves qui donnent de la voix. Les débordements récents - notamment l’agression du proviseur de Victor Hugo - ne remettent pas en cause leurs prétentions.

RETRAITES Journée du 22 mai Les retraités montent aussi au front Le 22 mai, c’était au tour des retraites d’être à la une des revendications. Mais plus que les retraites, ce sont aussi les conditions de départ en retraite et le travail des seniors qui préoccupent.

P rès de 40%des personnels ensei- gnants, d’éducation et d’orientation étaient en grève le 15 mai. D’après le S.N.E.S. (syndi- cat national des enseignements du second degré), “près de 60 % en collè- ge, un peu plus d’un sur deux en lycée, un taux supérieur à celui de la précé- dente grève nationale du 18mars déjà largement suivie. Malgré les difficul- tés que pose àde nombreux enseignants la fin d’année scolaire et après les jour- nées de mobilisation qui ont marqué les mois de mars et d’avril, ce résul- tat montre la détermination de toute la profession à se battre pour la réus- site des jeunes, le respect et la recon- naissance de leur métier” commente Denis Baron au nom du S.N.E.S. Et à côté des enseignants, ce sont les lycéens qui poursuivent leur mou- vement entamé dès la fin de l’année dernière. ÀBesançon comme ailleurs, l’U.N.L. continue à faire entendre sa voix. Réunies en congrès national les 17 et 18 mai, les instances de l’organisation a réaffirmé sa déter- mination. “L’U.N.L. réaffirme sa déter- mination à obtenir satisfaction sur les revendications centrales des lycéens et sera en conséquence présente dans l’action lors de la journée de mobili- sation du samedi 24 mai. Les pre- mières victoires obtenues grâce au rapport de force issu du mouvement lycéen ne doivent pas faire oublier l’insuffisance des moyens alloués à l’Éducation Nationale et les consé-

Autre date qui était inscrite au calendrier des lycéens : le 24 mai.

S elon Jean-Louis Larue, le res- ponsable de l’union locale des retraités C.F.D.T. de Besançon, “nous suivons intégralement le mou- vement des actifs.” La question des retraites, pour eux, c’est d’abord cel- le des actifs, et notamment des seniors. Pourtant, la C.F.D.T. avait bien don- né son accord au passage à 41 ans de cotisations lors des discussions avec le gouvernement en 2003. Mais selon, les mesures dévoilées le 28 avril der- nier ne sont pas à la hauteur des enjeux liés à la pérennité des régimes de retraite, à la réduction des inégalités et à la dégradation des taux des pen- sions.” “Oui, nous avions donné notre accord sur les 41 ans, mais c’était sous conditions, précise Gérard Thibord, secrétaire général de la C.F.D.T. loca- le. Sous condition notamment de l’amélioration de l’emploi des seniors. Et ces conditions ne sont vraiment pas remplies” pense-t-il, en citant l’âge de départ en retraite des seniors. “Pour que le passage à 41 ans soit acceptable, il faudrait d’abord que la moyenne des départs en retraite dans le privé et dans le public soit à 60 ans. C’est loin d’être le cas. On se situe actuellement plutôt à 57 ou 58 ans. ” Les revendi- cations des retraités concernent aus- si “l’augmentation des basses retraites.

Notre exigence est qu’aucune retraite à taux plein ne soit inférieure au S.M.I.C.” Mais pour les syndicats, l’emploi des seniors, c’est aussi leurs conditions de travail. “Il faut une réflexion globale sur l’organisation de leur temps de travail, sur la mise en place d’un vrai tutorat pour leur rem- placement par des jeunes, sur la trans- mission du savoir. C’est un vaste chan- tier” poursuit la C.F.D.T. Les désaccords des syndicats avec le gouvernement sont accord nombreux : le gouvernement ne propose rien pour revaloriser les retraites en faisant remonter leur niveau par rapport au salaire, afin de mettre un coup d’arrêt à une degradation continue. Les syn- dicats déplorent aussi de nombreux “oublis”. Selon eux, le gouvernement fait totalement l’impasse sur la situa- tion des poly-pensionnés pénalisés dans le calcul de leur retraite, le sort des salariés aux carrières accidentés, la pénibilité, le financement du fonds de réserve des retraites ou encore l’amélioration du régime additionnel de la fonction publique. De son côté, la C.G.T. estime que “les réformes de 1993 et de 2003 ont conduit à une baisse relative des pensions de retraite de 30%par rapport aux salaires d’activité. C’est inacceptable.”

mois, c’est bien que leur mouvement touche à des “enjeux essentiels pour l’avenir du service public d’éducation.” Au-delà des 11 200 postes en moins à la rentrée 2008, “ce sont les 80 000 suppressions prévues pour les trois années à venir, s’ajoutant aux 25 300 postes supprimés depuis 2003, qui inquiètent la communauté éducati- ve” argumentent les représentants lycéens.

quences dramatiques qu’aurait la poursuite de cette politique éducati- ve fondée sur des suppressions mas- sives de postes.” Par ailleurs, les lycéens apportent leur “plein soutien” à la mobilisation du jeudi 22 mai sur les retraites. Pour eux, la retraite, c’est finalement aussi “une affaire de jeunes.” À les entendre, si les lycéens des- cendent dans la rue depuis deux

DÉCHETS

Grand Besançon

1 150 euros pour ramasser les poubelles La soixantaine de chauffeurs et de rippers salariés de la communauté d’agglomération du Grand Besançon réclame une augmentation de 200 euros bruts par mois. Le mouvement s’est durci mi-mai.

LA POSTE

Incitations à la mobilité

Bougez avec la Poste Les P.T.T. sont eux aussi mobilisés. Dans le Doubs, c’est l’absence de dialogue social qui est pointée du doigt. Nouveauté : les conseillers financiers lancent leur mouvement de grogne.

L es agents de la collecte des déchets ont démarré leur mou- vement de contestation durant le week-end du 8 mai. Le 9 mai, plu- sieurs communes et secteurs de la ville étaient couchés. Deux semaines plus tard, certains quartiers de Besançon, notamment les rues où sont installés des restaurants, voyaient s’amonceler les sacs pou- belles hors des conteneurs. On est encore loin de la situation napoli- taine mais cette grève des éboueurs a vite provoqué des gênes. Le motif de ces arrêts de travail, renouvelés vendredi 16mai et annon-

cés à nouveau pour le 23 mai, c’est la réclamation d’une revalorisation salariale. Les syndicats dénoncent la situation actuelle selon laquelle un ripper (celui qui décharge les poubelles dans les camions) gagne- rait à peine plus de 1 000 euros par mois. “Avec un 13 ème mois à 950 euros, on arrive à peine à 1 150 euros par mois pour un agent qui a déjà 6 ans de présence” rectifie Patrice Dufour, secrétaire syndical C.F.D.T. à la C.A.G.B. La C.A.G.B. fait un autre calcul : “Si on fait une moyenne annuelle avec le 13 ème mois et les primes, on arrive à 1 256 euros nets par mois en début de carrière et 1 695 euros en fin de carrière” commente la C.A.G.B. “Le dialogue n’est pas rompu, les dis- cussions sont en cours et on est bien conscients de leurs revendications. Le prochain conseil de communau- té aura lieu fin juin, c’est à cemoment- là que des réponses plus précises pourront être apportées.” Les dernières propositions de la C.A.G.B. faisaient état d’une aug- mentation de 300 euros par an pour les rippers et 150 euros pour les chauffeurs. “Cette proposition a été jugée comme une provocation. C’est ce qui a déclenché la poursuite du mouvement. Ce qu’on met en avant, c’est surtout la pénibilité de ce métier” poursuit Patrice Dufour. J.-F.H.

J eudi 24 avril, 31 conseillers financiers de la Poste du Doubs, soit 80 % des effectifs titulaires en activité, ont cessé le travail. En cause, la dégradation de leurs conditions de travail. “Les conseillers en ont marre de leurs conditions de travail, résume le syndicat Sud-P.T.T. : stress important dû à une pres- sion commerciale de plus en plus pesante. Déclinée depuis le niveau national, cette pres- sion “retombe” intégralement sur les conseillers. Le com-

missionnement des conseillers se réduit d’année en année. Au final, les conseillers financiers travaillent plus souvent 40 heures par semaine que 35. Travailler plus, gagner moins” résume le syndicat. Cinq syn- dicats avaient appelé à ces arrêts de travail : Sud, C.G.T., F.O., C.F.D.T. et C.F.T.C. Ils dénoncent là encore une vraie dérive vers les procédés du pri- vé. “Les objectifs fixés sont de plus en plus inattaignables. Alors que la Poste ne prône que les produits à forte valeur ajou-

tée, les conseillers financiers souhaitent avant tout donner des réponses adaptées à la réa- lisation des projets de leur clien- tèle.” Un mois après ce mouvement d’humeur, les revendications des conseillers n’avaient tou- jours pas été entendues. “Ils sont toujours dans l’attente d’une autre réunion avec la direction. Si au 23 mai, ils n’ont aucune nouvelle, ils lan- ceront un nouveau préavis” ajoute le syndicat Sud. Plus largement, c’est tout le service postal qui a peur de l’avenir. “Il y a une absence de dialogue social, on n’écoute pas les agents. Les réorganisations qui se font actuellement pous- sent les agents à la mobilité. L’objectif, naturellement, est de réduire les effectifs. Pour l’instant, ça se fait déjà en ne remplaçant pas les départs en retraite.” Les postiers ajoutent à leurs craintes la généralisation en milieu rural des points-contacts de la Poste, tenus par des com- merçants. J.-F.H.

Le personnel de la collecte payé par la C.A.G.B. s’élève à une soixantaine de personnes. Cela concerne Besançon, une dizaine de communes autour de Saône et les deux Auxon.

La fermeture des bureaux de Poste est toujours dans l’actualité.

Made with FlippingBook flipbook maker